S. Gay-Torrente (SMCL) : « Il faut saisir cette opportunité de se réinventer »

Nouveaux secteurs, nouveaux espaces de rencontres, d’échange, d’« expérientiel » ou de « labs », le Salon des maires et des collectivités locales (SMCL) fait entièrement peau neuve sous la férule de Stéphanie Gay-Torrente. La nouvelle directrice du pôle salons « collectivités et Immobilier » d’Infopro digital décrit également comment la crise sanitaire renforce la valeur des relations humaines.

– Quelle impulsion avez-vous souhaité donner au Salon des maires et des collectivités locales ?

J’ai pris la direction du Salon des maires et des collectivités locales en septembre dernier. Dès mon arrivée, j’ai pris conscience de la richesse incroyable de l’événement constitué à la fois par le Salon et le Congrès des maires de France.

Stéphanie Gay-Torrente. ©DR

Tandis que le congrès traite des enjeux politiques, le salon rassemble l’ensemble des acteurs économiques en lien avec le développement et la transition des territoires, de la multinationale à la start-up, ce qui est assez incroyable et unique au monde. Quand on dispose d’une telle matière, il faut la mettre en valeur ! Nous nous sommes donc attelés à travailler à accroître la lisibilité de l’ensemble, et de faire en sorte que ce salon accompagne le mieux possible les acteurs territoriaux et économiques dans les interactions qui leur sont utiles dans la mise en œuvre de projets, au bénéfice des habitants. Il s’agit de traiter chaque question au regard de son atterrissage sur le territoire.

– Le salon prendra désormais en compte le cycle électoral ? 

Nous avons souhaité, en effet, prendre en compte la temporalité de l’action des élus locaux. Nous serons, en 2020, sur l’année 1 des investissements de la mandature. Le salon ne répondra pas aux mêmes enjeux en année 2, 3 ou 4. Par ailleurs, les territoires sont en phase de transition, depuis plusieurs années, énergétique, environnementale. Ils font face à des infrastructures vieillissantes, sont confrontés à des enjeux de mobilité active, alternative, en évolution constante, à des enjeux de sécurité, sanitaires, bien avant le Covid-19, à des enjeux d’inclusion, de vivre ensemble… Toute la question consiste à faire en sorte que le salon apporte des réponses utiles aux élus et aux territoires réunis en congrès, dans leur capacité d’agir. Avec toujours le service aux habitants comme objectif final. Le salon doit traiter à la fois des enjeux immédiats et des défis de plus long terme.

– Comment cet objectif se traduit-il concrètement ?

Nous avons réorganisé le salon en neuf grands secteurs, thématisé davantage la programmation, afin de réunir les communautés professionnelles dans des enceintes dédiées. Et nous avons créé des espaces dévolus à l’expérientiel, des espaces de démonstration. Le secteur « construction et aménagement » va, par exemple, rassembler tous les acteurs qui présentent des solutions au bénéfice de projets d’aménagement des territoires. Cela nous permet d’aborder des thématiques que nous ne traitions pas jusqu’à présent. En matière de végétalisation, par exemple, le salon n’accueillait jusqu’à présent que quelques équipementiers de la gestion des espaces verts. Désormais, il intègre des acteurs du génie écologique, du monde paysagé, ceux de l’agriculture urbaine et périurbaine.

De même, nous passons d’un secteur « transport et véhicules » à un secteur « transport au service de la mobilité ». Le premier rassemblait essentiellement des acteurs proposant des véhicules aux services publics. Désormais, nous traitons des enjeux de mobilité au sens large, couvrant les sujets qui vont de l’infrastructure et la voirie, et donc des aménagements de voirie jusqu’aux services à la mobilité, mais aussi les sujets d’accessibilité ou de logistique du dernier kilomètre.

– Cela vous offre la possibilité d’aller chercher de nouveaux acteurs ?

En effet. Je pense notamment des PME, TPE et start-up qui ne travaillaient pas forcément jusqu’à présent avec les collectivités. Pour nous, il est aussi essentiel que cette ouverture permette à l’ensemble de ces acteurs d’utiliser le salon comme une porte d’entrée pour appréhender les marchés publics, rencontrer les acteurs et de positionner là où ils ne l’auraient sans doute pas fait jusqu’à présent. Les neuf secteurs sont organisés selon cette logique, « environnement et cadre de vie », « énergie et climat », avec les sujets de l’autonomie énergétique des territoires, la précarité énergétique, sécurité et protection, qu’il s’agisse des services publics mais aussi privés, utilisés par la collectivité.

– Vous créez également un secteur intitulé « développement territorial et attractivité » ?

Oui. Y sont invités les acteurs plus généralistes qui accompagnent les territoires dans leur développement économique, mais aussi tous les acteurs de l’innovation territoriale, pôle de compétitivité, clusters, qui créent des dynamiques d’innovation dans les territoires, notamment dans des projets de collaboration entre les services publics et privés. Les tiers-lieux, l’économie sociale et solidaire, font également leur entrée sur le Salon des maires et des collectivités locales, avec un large panel d’acteurs rassemblés.

Hommage à Jacques Chirac, lors du dernier congrès des maires. © Jgp

– Vous renouvelez également les espaces dédiés aux conférences ?

Nous avons créé ce que l’on appelle les « Atmosphères », au nombre de six. L’une d’elle est par exemple dédiée à la transition énergétique, au cœur du secteur « énergie et climat », une autre traitera de la transition environnementale, au sein du secteur de l’environnement, une autre de la transition agricole et alimentaire, ou comment nourrir les villes, dont on voit bien l’importance dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, qu’il s’agisse de relocalisation, de circuit court, de nouvelles relations entre territoires urbains et ruraux.

Une autre atmosphère sera dédiée aux enjeux d’infrastructures et de mobilité, qui doivent évidemment être traités ensemble. On voit comment des villes créent en quelques jours ou semaines des pistes cyclables face au Covid-19… Une atmosphère sera consacrée au sujet de « gouvernance et technologie », ou comment les technologies sont au service des gouvernances et pas le contraire, avec, par exemple, le sujet des low-techs, et enfin, nous ouvrons un espace où seront traités les sujets de société, loisirs et mode de vie, qui abordera la question du vivre ensemble au travers de la culture ou du sport, ainsi qu’un certain nombre d’autres sujets territoriaux.

– Vous créez également des labs ?

C’est encore une autre approche, en effet, complémentaire aux atmosphères, sur les thèmes des territoires bas-carbone, résilients, inclusifs : on est là sur des approches participatives, où les collectivités peuvent également se retrouver pour échanger sur leurs sujets communs, leurs angles morts, sur lesquels on a souvent besoin de partager ou d’interpeler ses différents  partenaires. Des acteurs tels que le collectif Ouishare, The Shift project, ou Make sense y seront présents, de même que les partenaires des filières, je pense à l’Association française de l’éclairage (AFE) pour l’éclairage, le Comité national olympique (CNO) pour le sport, etc. qui seront invités à interagir avec les visiteurs au sein de ces labs, qui sont des espaces d’exploration et d’échange.

– Le salon accueillera également des espaces de démonstration ?

En effet, huit espaces de démonstration constituent une des autres innovations de la prochaine édition du salon. Nous créons un marché, on a même le projet d’installer un terrain de pétanque, pour aller au bout de l’exercice… Il s’agira là de traiter des enjeux d’animation des centres-villes face à la désertification d’un certain nombre d’espaces ruraux. Un espace dédié à la mobilité permettra de tester des mobilités actives. Nous créons avec l’Institut national de l’économie circulaire une école circulaire, au sein du secteur santé-social et vivre ensemble. Ce qui permet de faire converger beaucoup d’acteurs qui travaillent avec les collectivités dans les secteurs de l’environnement, de la logistique, du transport, etc.

– Des tiers-lieu font également leur apparition ?

Absolument. Un tiers-lieu, de même qu’un espace pour les pitchs de start-up, en partenariat avec JCDecaux, sera développé à l’entrée de l’espace « développement territorial », ainsi qu’un espace sur l’art urbain, qui nous tient à cœur parce qu’une part de l’investissement des collectivités y est consacré. Des artistes, de la rénovation du patrimoine au street art en passant par l’art vivant seront invités à venir présenter leur savoir-faire et leurs œuvres. Les exposants sont également invités à exposer un artiste ou une œuvre, et nous proposerons aux visiteurs un parcours à travers le salon.

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