Une édition 100 % virtuelle pour Laval virtual

Pour sa 22e édition, l’événement dédié aux technologies de virtualisation s’est déroulé dans un monde numérique virtuel construit pour l’occasion. Laurent Chrétien, directeur général de Laval virtual, espère capitaliser sur cette expérience.

Les quelque 6 600 participants de la 22e édition de Laval virtual, qui s’est tenue du 22 au 24 avril 2020, n’ont pas eu besoin, cette année, de réserver billet de train et hôtel. Pour visiter le Salon, il leur suffisait de télécharger une application leur donnant l’entrée dans le « Laval virtual world ». Un espace de congrès 100 % virtuel développé en moins d’un mois par l’équipe de Laurent Chrétien, directeur général de l’association Laval virtual, sur la plateforme logicielle nord-américaine VirBela. « Nous n’étions pas totalement vierges sur le sujet car nous réfléchissions, depuis déjà quelques années, à donner à notre évènement une partie virtuelle, explique-t-il. C’est pourquoi nous n’avons pas hésité lorsque la décision a été prise à annuler l’évènement. »

Des espaces de convivialité

Grâce à ses partenaires internationaux mais aussi à sa cellule interne de veille, l’association a évalué une quarantaine de solutions de virtualisation. Finalement, le choix s’est porté sur une plateforme ne nécessitant pas l’utilisation d’un casque de réalité virtuelle et suffisamment stable pour soutenir le trafic d’un salon.

#LavalVirtualWorld 2020. © DR

Il a ensuite fallu personnaliser cet espace de congrès virtuel : il devait être capable d’héberger six cycles parallèles de conférences, des espaces dédiés aux sponsors de cette édition. Mais aussi des salles de réunion pour organiser des rendez-vous en one-to-one – il y en a eu environ 2 000 – et des espaces de networking : la plage et le terrain de foot ont été, assure Laurent Chrétien, particulièrement fréquentés, notamment le soir. « Laval virtual est réputée pour ses moments de convivialité. Nous n’avons pas cette année dérogé à la règle : tous les soirs, un DJ animait un dancing sur le terrain de foot et nous tirions un feu d’artifice », raconte-t-il. Et l’événement a, comme d’habitude, organisé sa soirée des « awards ».

Une session de pitch de jeunes pousses a également eu lieu : celle-ci a cependant pris place dans un lieu distinct, une plateforme Engage, qui suppose l’utilisation de casques de réalité virtuelle. Impossible en revanche de consacrer un véritable espace à la trentaine d’exposants qui, habituellement, constituent le cœur de Laval virtual : « il reste difficile de montrer des produits, de se les passer de main en main de manière virtuelle », constate Laurent Chrétien.

6 600 avatars créés

Pour les visiteurs, l’entrée au Salon était totalement gratuite. Il suffisait à chacun de choisir, puis de personnaliser un avatar, d’apprendre grossièrement à le déplacer et d’ouvrir grand ses yeux, ses oreilles et son micro : dans ce centre d’exposition, de nombreux post-it permettaient d’être informé en permanence de la suite du programme. En s’approchant de groupes de personnes, il était du reste possible de les entendre converser et de se joindre, selon l’envie, à leur dialogue.

« Nous ne nous attendions pas à une telle fréquentation », s’exclame Laurent Chrétien. 11 200 personnes se sont inscrites, 6 600 ont créé un avatar, 4 500 ont fréquenté le Salon pendant la première journée et 3 500 pendant les deux autres. « En pointe, nous avons reçu jusqu’à 1 250-1 300 personnes en simultané », assure le directeur général. Bien entendu, ces chiffres restent modestes en comparaison de la fréquentation habituelle : 9 500 visiteurs professionnels sur les trois journées pro, et 10 000 personnes lors des journées grand public. Mais les conférences et tables rondes, animées par 153 conférenciers, ont fait le plein avec souvent de 200 à 300 participants contre, d’habitude, quelques maigres dizaines. De quoi inciter Laurent Chrétien à capitaliser sur ce succès.

Un modèle économique à développer

Financièrement, « cette édition virtuelle va nous occasionner une perte nette d’environ 350 000 euros », reconnaît le directeur général. Un trou cependant inférieur de quelques dizaines de milliers d’euros à ce qu’aurait provoqué une annulation pure et simple : l’investissement constitué par la création du Laval virtual word (environ 100 000 euros) a été un peu plus que compensé par l’aide des sponsors.

Quelles conclusions en tirer pour l’avenir ? « Ces univers n’ont pas vocation à recevoir des évènements complets. En revanche, ils augmentent l’expérience d’un Salon », commente Laurent Chrétien. Certaines fonctionnalités sont encore à améliorer, mais « il existe un vrai business model », veut croire l’organisateur. « Cela aurait été déplacé et prématuré cette année puisque nous étions en test, mais nous pourrions vendre des billets. » Catherine Bernard

Sur le même sujet

Top