Portrait – Erwan Kezzar : « Silicon » Simplon

Il est l’un des fondateurs de Simplon.co. Une « école » qui fait des émules. Erwan Kezzar, 29 ans, expert en projets numériques passé maître ès innovation sociale.

« On en a pour longtemps ? », lance Erwan, les traits tirés, le cheveu en bataille mais le sourire convaincant de celui qui jongle au mieux avec un agenda que l’on devine un peu chargé. Faut dire que les choses se sont accélérées pour le trentenaire. « Je savais que ça marcherait mais pas aussi fort. Enfin pas aussi vite ». « Ça », c’est Simplon, une école, créée en 2013, qui forme à la programmation informatique. Ouverte à tous – notamment à ceux qui n’ont pas accès au monde numérique – et gratuite.Si les frères Grimm avait misé sur les contes de fées entrepreneuriaux, Simplon aurait eu son chapitre. Pourtant rien ne prédestinait Erwan à telle aventure. Quoique ! « J’ai toujours travaillé. Je savais gagner de l’argent. Alors à l’approche du bac, et même si j’étais bon élève, je voulais arrêter. Continuer ? Pour quoi faire ? Je savais qu’il y avait de grandes écoles mais je n’imaginais pas pouvoir y entrer », se souvient le Petrocorien. Périgueux, c’est là qu’il a grandi et qu’il a fini par intégrer une prépa. « Une enseignante m’a convaincu d’intégrer une classe prépa où je pouvais être boursier ». Des petits boulots, pas mal de débrouille et de bons résultats scolaires  lui permettent de gravir les échelons universitaires. Il sort diplômé du Celsa, une de ces grandes écoles qui lui semblaient si loin. Alors on s’étonnera à peine d’apprendre qu’il a rejoint les Entretiens de l’excellence, une association qui encourage et conseille les élèves « qui n’osent pas ou ne savent même pas qu’ils ont accès aux grandes écoles ».

 

©G.B.

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En accéléré

A l’origine, il avoue qu’il était plutôt « anti-technologie » puis un copain de promo lui montre toutes les possibilités offertes par le développement web pour valoriser du contenu. « Je m’y suis mis. En accéléré. » Des nuits entières à concevoir des projets sur le web avec son colocataire du côté de la très inspirante station de métro Simplon… A la sortie du Celsa, il fait un passage rapide dans une agence de com’ avant de monter sa boite avec deux comparses. Prestataires, ils réalisent sites web et applications mobiles. « Il y avait de la demande ! » Un secteur porteur en termes d’emplois, un apprentissage qui peut se faire rapidement… de quoi mûrir une idée. « On a commencé à regarder ce qui se faisait en la matière notamment du côté de la Silicon Valley ». Ils découvrent les Dev Boot Camps, des formations intensives pour devenir développeur web. « Les participants paient une fortune, précise Erwan. On s’est dit qu’ici, toute une frange de la population n’avait pas accès au numérique et c’est plutôt ça qui nous motivait. » Des fonds propres et un prêt bancaire plus tard, Simplon, SAS sociale et solidaire, voit le jour et pose ses ordinateurs à Montreuil (Seine-Saint-Denis). « On a même embarqué un ancien prof dans l’aventure et… « . Il s’excuse, se lève. Une délégation d’hommes cravatés entre. « Des élus de Tulle qui veulent importer Simplon ». Aussi jeune soit-elle, la société essaime. Dans Le Perche, en Roumanie, etc. Bientôt Marseille, Lille, la Tunisie…

© Simplon.co

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Pas peu fier, Erwan raconte la mise en place de cours pour les enfants, les partenaires et les mécènes, les récompenses. Et la centaine de personnes déjà formées, les retours à l’emploi pour certains et la création d’entreprises pour d’autres. Dans quelques mois, Simplon s’installera aussi à Paris pour développer de nouveaux projets. « Créer, fabriquer. C’est ce qui me plaît, raconte-t-il avouant un goût pour la performance, non pas économique mais scénique. J’ai fait de la musique, du spoken word. J’y reviendrai ! » En attendant, c’est sur le devant de la scène numérique qu’il perform, invité ici et là à raconter Simplon, la fabrique sociale qui fait bouger les lignes et pas seulement celles de codes…

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