Avec son Central Park à la française, la Seine-Saint-Denis pourrait entrer de plain pied dans le Grand Paris. Le projet d’aménagement des franges du Parc Georges Valbon imaginé par l’architecte Roland Castro semble, après des dizaines d’années de gestation, à même de voir le jour.
C’est un projet vieux de presque 30 ans qui pourrait se dresser, dans les années à venir, autour du parc Georges Valbon de La Courneuve. En 1989, déjà, l’architecte Roland Castro présentait son plan à François Mitterrand qui l’inscrivait alors dans le programme « Banlieue 89 ». L’idée ne verra pas le jour mais l’architecte n’a pas pour autant abandonné son projet, emblématique d’un Grand Paris qui se dessinait dans sa tête. Pour Roland Castro, il s’agissait et il s’agit toujours, de désenclaver la banlieue et de favoriser le lien social.
En 2007, Nicolas Sarkozy appelle de ses voeux un Grand Paris à l’image des grandes métropoles mondiales comme Londres. Fin janvier, Manuel Valls dénonce l’existence d’un « apartheid territorial, social et ethnique ». Roland Castro, homme politique à ses heures, aurait donc vu juste.
Faire entrer le parc dans la ville
Marc Rozenblat, directeur général de Constructions et développements urbains (CDU), rappelle combien il fut complexe de donner corps à l’idée de son confrère, mais «compliqué n’est rien d’autre qu’une variante du possible […] il ne s’agissait plus simplement d’un rêve de citadin, mais d’un devoir de citoyen ». Un des principaux obstacles qu’est le caractère « Natura 2000 » du parc Georges Valbon est ainsi contourné grâce à des friches alentours appartenant à l’Etat, « ce qui se verrait mangé en espaces verts se verrait restitué au double: le territoire le permet. Ce qui favorise la biodiversité serait préservé et développé », explique Marc Rozenblat.
20 000 logements et 100 000 emplois à la clef
Plus de 20 000 logements (locatifs, sociaux et en accession) avec tous les équipements nécessaires, une recette de plus de 5 milliards d’euros dégagée par le projet pour la puissance publique et 100 000 emplois durables créés, les ambitions affichées ne peuvent qu’attirer le soutien de l’Etat.
Le Central Park à la française, qui se veut écologiquement, économiquement et socialement irréprochable, pourrait ainsi être inclus dans l’Opération d’intérêt nationale multi-sites annoncée par Manuel Valls.
Mais si le projet ne semble pas rencontrer d’opposition réelle sur le fond, les maires concernés et plus largement les maires d’Ile-de-France voyaient d’un mauvais oeil le fait d’en être écartés par l’intermédiaire d’une OIN. Qu’ils soient rassurés, le Premier ministre a reporté à septembre la désignation des sites concernés par la future opération d’intérêt national. Nul doute que le Central Park du Grand Paris y figurera, les mots de Manuel Valls allant en ce sens, mais c’est dans la concertation qu’il pourra voir le jour, a affirmé le Premier ministre.
L’aménagement du parc Georges Valbon est ainsi tout à l’image du Grand Paris, si son utilité ne fait pas de doutes, il doit se faire avec le concours de tous les acteurs concernés, dans le dialogue et la coopération. Au risque de gripper la machine.