Au Pavillon de l’Arsenal, une exposition explore les liens entre architecture et énergie

L’exposition « Energies légères », présentée depuis le 9 novembre au Pavillon de l’Arsenal et conçue par l’architecte et ingénieur Raphaël Ménard, explore les liens entre l’architecture et l’énergie. Elle présente notamment six paysages franciliens post-carbone permettant d’ouvrir la réflexion sur ce à quoi pourrait ressembler demain notre quotidien sans énergie fossile, misant le plus possible sur des énergies renouvelables produites localement.

Les liens entre énergie et architecture étaient l’objet de la thèse de Raphaël Ménard, le président d’Arep (« Energie, matière, architecture », 2018). C’est désormais une exposition présentée depuis le 9 novembre 2023 et jusqu’au 17 mars 2024 au Pavillon de l’Arsenal, que l’architecte et ingénieur a conçue et qui revêt « un caractère scientifique important », a souligné Marion Waller, lors d’une visite le 8 novembre. « Pour nous, en tant qu’institution, il est important de dire que ce sujet de l’énergie est aussi un sujet architectural, un sujet paysager, spatial », a poursuivi la directrice générale du Pavillon de l’Arsenal.

Raphaël Ménard et Marion Waller. © Jgp

L’énergie est par ailleurs « au cœur du débat public, avec ce sujet central de sortir des énergies fossiles », a témoigné pour sa part Raphaël Ménard. Avant de décrypter le titre de l’exposition, « Energies légères » : « c’est l’énergie de la matière, c’est aussi l’idée de voir les correspondances entre l’énergie et les ressources, qu’est-ce que pèse un objet qui convertit l’énergie, qui en produit, qui en consomme. Energies légères enfin parce que c’est aussi un sujet esthétique et d’acceptation publique, raison pour laquelle l’exposition traite des questions de forme, d’acceptabilité, d’empowerment des architectes, des paysagistes, des designers, des écologues… » Avec une part de l’électricité amenée à s’intensifier dans le mix énergétique, la question des infrastructures (éoliennes, installations photovoltaïques, centrales nucléaires…) et de leur intégration paysagère apparaît en effet centrale.

© Jgp

Généalogie des formes de l’énergie

Maquette d’éolienne conçue par l’architecte Renzo Piano. © Jgp

Avec une scénographie qui se veut elle aussi la plus légère possible, très ouverte, l’exposition est organisée en trois parties, la première étant consacrée à la « généalogie des formes de l’énergie ». « On y décrit depuis la nuit des temps jusqu’à aujourd’hui la façon dont l’humain s’est accaparé les formes terrestres de l’énergie à travers le monde et à travers l’histoire », précise Raphaël Ménard. Sept grandes familles d’énergies sont répertoriées : énergies du vivant, hydrauliques, éoliennes, solaires, géothermiques, fossiles et nucléaires.

La deuxième partie, la plus technique, à laquelle ont contribué les équipes d’Arep, consiste en un « atlas des architectures de l’énergie ». « Nous nous sommes concentrés sur la France et avons essayé de cartographier différentes architectures assez usuelles », précise Raphaël Ménard. « 12 situations, objets architecturaux (ou sujets vivants) en lien avec l’énergie sont étudiés, détaille l’argumentaire de l’exposition : centrale nucléaire, centrale à charbon, centrale hydroélectrique, éolienne terrestre, éolienne en mer, centrale solaire, photovoltaïque en toiture, cheval de trait, pompe à chaleur, chaudière à gaz, fenêtre, isolant. Ces architectures contemporaines sont “pesées” sur les plans de l’énergie et de la matière et étudiées du point de vue de leur impact spatial et environnemental ».

Enfin, la troisième partie, qui a « une dimension prospective », selon l’architecte, présente six paysages post-carbone en Ile-de-France pour décrire à quoi pourrait ressembler un monde sans énergie fossile. Sur des vidéos en plan fixe de six lieux représentatifs de la région Capitale (une rue pavillonnaire, des toits parisiens, deux plaines agricoles, la Seine, un intérieur en ville), des effets sont ajoutés afin d’intégrer de discrètes modifications : une éolienne, du mobilier climatique, des activités industrielles soutenables, des formes de mobilité légère, etc.

La dernière partie présente six paysages post-carbone en Ile-de-France. © Jgp

Ainsi, « chaque scène illustre un changement des usages et décrit des capacités productives jusque-là peu explorées, signe d’une convergence entre une demande énergétique de plus en plus tournée vers l’électricité et une production locale et décarbonée », détaille le cartel. « C’est aussi une exposition pour ouvrir le débat public », pointe Raphaël Ménard. Ainsi, sur l’exemple des toits parisiens, on aperçoit du linge qui sèche à une fenêtre, une pratique interdite dans la Capitale mais qui a cependant des vertus rafraichissantes, grâce à l’humidité qui se dégage des tissus. On y voit également un toit peint en blanc afin de jouer sur l’effet albédo, cher au président d’Arep. Autrement dit l’adaptation au changement climatique doit est aussi un « sujet d’adaptation esthétique », relève l’architecte.

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