Pendant deux jours, jeudi 29 février et vendredi 1er mars 2024, le premier Paris-Saclay summit : choose science va réunir sur le site d’EDF Lab à Palaiseau (Essonne) plus de 80 scientifiques et experts des cinq continents. Grégoire de Lasteyrie, président de l’agglomération Paris-saclay et maire de Palaiseau, à l’initiative de cet événement organisé en partenariat avec la région Ile-de-France et le magazine Le Point, ainsi que le concours du département de l’Essonne, nous en présente les objectifs.
Comment est née l’idée ce « Paris-Saclay summit : choose science » ?
De deux constats. D’abord nous sommes sur un territoire assez unique en matière de recherche et d’innovation : Paris-Saclay, c’est 15 à 20 % de la recherche publique et privée française, c’est la première université européenne au classement de Shangaï, l’un des huit plus grands pôles d’innovation du monde selon le MIT… J’avais donc dans l’idée que ce territoire devait parler au monde, être un lieu d’échanges et de débats.
Le deuxième constat, c’est que la parole scientifique dans notre société est paradoxalement de moins en moins crédible. On s’en est rendu compte pendant la crise Covid. Dans les années 1970, les 18-24 ans étaient 55 % à penser que la science apportait plus de positif que de négatif à la société, alors qu’aujourd’hui ils sont à peine un tiers. Toujours chez les 18-24 ans, une étude Ifop de 2023 montre qu’un jeune sur six en France croit que la terre est plate…
Ces deux faits mis côte à côte, la parole scientifique de plus en plus contestée et le fait que Paris-Saclay est un territoire d’exception, je m’étais dit en 2020 qu’il fallait qu’on ait un moment de débat lors duquel des scientifiques français et internationaux, des dirigeants, des responsables politiques viennent à Paris-Saclay pour débattre sur ce qu’est la science, en quoi répond-elle aux grands enjeux de notre planète et pour mettre en avant ceux que j’appelle les militants de la science. Paris-Saclay est une arme d’innovation massive pour la France. Et il faut qu’on la considère comme l’arme stratégique qu’elle est dans la bataille internationale des connaissances et de l’innovation.
Quels seront les thèmes abordés ?
Volontairement, nous avons voulu quelque chose d’universaliste dans l’approche, de parler de sujets transverses qui sont essentiels comme la place des femmes dans la science. Dans l’intelligence artificielle (IA), un ingénieur sur cinq est une femme. Et ce chiffre n’a pas la même nature que dans le nucléaire par exemple : si on n’a que des hommes dans le nucléaire, ce n’est pas forcément une bonne chose mais cela ne change pas fondamentalement l’usage que l’on va avoir de l’énergie au quotidien. En revanche, si les IA sont majoritairement pensées par des hommes, pour les utilisateurs finaux, ça change quelque chose, parce que cela introduit des biais. Cette question de la place des femmes dans la science avec le développement des IA va être posée de manière encore plus cruciale et urgente.
Quels seront les temps forts de cette première édition ?
C’est compliqué de donner un ou deux temps forts car, objectivement, nous avons vraiment des conférences de grand niveau tout du long. Déjà, nous avons souhaité qu’il n’y ait qu’une ou deux personnes, maximum trois, au même moment sur scène, pour ne pas avoir des grandes tables rondes où chacun parle cinq minutes mais au cours desquelles il n’y a pas de débat. On va par exemple avoir un grand entretien avec le Prix Nobel de physique Pierre Agostini, le philosophe Peter Sloterdijk viendra parler du fait de savoir si la science doit se réinventer à l’aune de la crise climatique, on aura évidemment la question des énergies au programme, de l’intelligence artificielle avec un chercheur qui travaille au Google deep mind, on parlera aussi de la 6G, de l’hydrogène, de lutte contre le cancer, mais aussi d’alimentation avec le chef Thierry Marx. Thierry Breton viendra lui raconter son expérience en tant que commissaire européen sur la place de l’Europe pour développer la science. On souhaitait vraiment avoir cette multiplicité des sujets et des intervenants, dont un quart vient de l’international.
Plus d’infos sur le programme du Paris-Saclay summit dans notre rubrique agenda.