Respirer : Anne Hidalgo revendique l’exercice de la compétence transport

Dans « Respirer », paru le 28 septembre 2018, la maire de Paris préconise « que la ville de Paris et la métropole aient la main sur les transports ». Elle revient également sur les crises d’Autolib’ et de Vélib’.

« Les pouvoirs du maire de Paris sont limités en ce qui concerne les transports en commun, gérés par Ile-de-France mobilités, donc par la Région ; c’est peut-être la plus grande frustration que je ressens dans cette fonction, écrit Anne Hidalgo dans « Respirer » (*). Pour faire naître l’attractivité de ce Grand Paris, il faut lutter contre la pollution et pour l’égalité au sein de ce territoire. C’est pourquoi je préconise que la ville de Paris et la métropole aient la main sur les transports », poursuit-elle.

Anne Hidalgo, lors de la présentation du dispositif Pollutrack, avec Enedis. © Jgp

A propos du Grand Paris, la vice-présidente de la métropole évoque « l’ambition de se donner un destin commun », qu’elle partage avec le président de l’institution, Patrick Ollier, et « les maires des 131 communes de la métropole [qui] travaillent ensemble dans une aventure démocratique qui nous lie et nous relie. Mais nous dépendons toujours des désirs et des ambitions présidentielles », ajoute-t-elle.

Briser la dernière barrière qui sépare Paris du Grand Paris

Anne Hidalgo indique également que « la prochaine étape sera de briser la dernière barrière qui sépare Paris du Grand Paris, ce périphérique hérité de l’âge de la voiture reine ». Elle évoque la rénovation entreprise de sept places, qui seront « réinventées » pour 2019 : Madeleine, Italie, Gambetta, Nation, Bastille, Le Panthéon et place des Fêtes.

Et la maire de Paris revient sur son engagement contre la pollution de l’air, le cœur de cet ouvrage, qui surprend par son ton, très direct, sans fioriture ni effet de manche. Le livre, relativement court, s’ouvre et se ferme à la Cour européenne de justice, à Luxembourg, où Anne Hidalgo entend dénoncer le « permis de polluer que la commission a accordé aux constructeurs automobiles après le dieselgate ». L’élue compare ce dossier au scandale de l’amiante et au « siècle de désinformation du lobby pour préserver son or blanc ». « La Commission européenne se préoccupe de la santé… du secteur industriel », déplore-t-elle, regrettant que les constructeurs aient, finalement, « obtenu une multiplication par plus de cinq du taux de particules fines que leurs véhicules peuvent émettre. »

Pollutrack

Elle insiste sur l’urgence à agir contre la pollution aux particules fines, décrivant Pollutrack, le dispositif de mesure mobile de la pollution à Paris, mis en œuvre en partenariat avec Enedis, qui aboutira d’ici à la fin de l’année à une carte de la pollution instantanée à Paris.

La présidente du C40 souligne au passage le poids des villes rassemblées face à celui des Etats. L’association, qui regroupe près de 100 métropoles engagées dans la transition énergétique, représente quelque 600 millions d’habitants, et presque autant de consommateurs. Elle dessine aussi sa méthode, qui mixe confrontation et concertation : « D’un côté, je leur tiens tête, indique-t-elle à propos des constructeurs automobiles, je les rappelle à leurs responsabilités. De l’autre nous travaillons ensemble à construire demain dans un conseil des mobilités que j’ai créé en avril 2018. »

Pardonner l’erreur du Vélib’

La première magistrate parisienne évoque un aparté avec un industriel de l’automobile, lui confiant « qu’ils se préparaient à l’après-diesel depuis longtemps, mais qu’ils attendaient que le politique leur indique ses choix parce que c’était sa responsabilité ».

« Je suis désolée. Je demande aux Parisiens de nous pardonner cette erreur », écrit Anne Hidalgo à propos de Vélib’. © Jgp

Elle raconte la crise récente d’Autolib’, affirmant que Bolloré porte une part importante de la responsabilité du déficit du service d’autopartage : bornes de recharge en maintenance, véhicules sales, réservations annulées au dernier moment, stations pleines ou stations vides, énumère-t-elle. A propos de Vélib’, l’élue cite le code des marchés publics qui a obligé la Ville, à la fois à renouveler le marché et à choisir le mieux-disant, notamment sur le plan économique. « Je suis désolée. Je demande aux Parisiens de nous pardonner cette erreur », ajoute-t-elle, à propos du choix d’un opérateur, la société Smoovengo, qui n’était pas prête.

Laudato Si

« Je ne sais pas si je suis croyante, mais l’encyclique Laudato Si du pape François a repris cette idée : l’écologie est un humanisme, poursuit-elle, une politique contre le réchauffement climatique, c’est aussi une politique du logement, […] nous nous sommes engagés à la rénovation énergétique de 27 000 logements sociaux d’ici à 2020 », indique encore la maire de Paris.

Toute la difficulté, souligne Anne Hidalgo, réside dans la nécessité pour les élus de tenir à la fois compte du long et du court terme, citant cette directrice d’une école Montessori dont elle s’attend à constater la satisfaction de voir débuter les travaux élargissant le trottoir, devant son établissement – demande formulée depuis longtemps pour le confort des parents d’élèves -, mais qui l’accueille, au contraire, en se plaignant des nuisances générées par le chantier.

 

* Ed. de l’Observatoire / Humensis, 89 p., septembre 2018.

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