« Mix and the city », mixité fonctionnelle versus zoning by l’IAU

Quelles politiques d’intégration des zones d’activité au sein des villes ? Les chercheurs du laboratoire PACTE, Rachel Linossier, Gilles Novarina et Natacha Seigneuret ont répondu à cette question en comparant notamment les exemples italiens et français, lors du colloque « Mix and the city » organisé mardi 24 mars par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme et Plan urbanisme construction architecture (PUCA).

Spécialisation ou mixité ? Déspécialisation ou zoning ? Le débat est d’actualité. Après Pierre Veltz, président de l’Etablissement public de Paris-Saclay, qui en a fait le thème de son intervention lors de la dernière réunion du groupe de travail « Aménagement » de la mission de préfiguration de la métropole du Grand Paris, le sujet faisait l’objet d’un colloque organisé à l’IAU le 24 mars 2015. Une rencontre au cours de laquelle ont été présentés les principaux enseignements de cinq recherches lancées dans le cadre d’un programme du PUCA de 2011 à 2014, entre généalogie de cette tension (réelle ou supposée) et offre nouvelle de mixité « packagée », entre Paris, Milan, Hambourg ou Copenhague, entre l’échelle métropolitaine et celle du quartier d’habitat social, ce sont différentes déclinaisons de la place de la mixité fonctionnelle dans la production de l’urbain qui ont ainsi été examinées.

Benchmarking France-Italie

Les chercheurs du PACTE.

Les chercheurs du PACTE.

« Spécialisation et intégration des espaces économiques de la ville : histoire et comparaison France-Italie », tel a été l’intitulé de l’intervention des trois chercheurs du PACTE, dans le cadre de ce colloque. Le premier enseignement de cette comparaison est que l’intervention de la puissance publique, financière notamment, est nettement moindre en Italie qu’en France.

Rachel Linossier, du PACTE, distingue deux grandes périodes, en France, en la matière. Avant les années 1950, l’activité économique est consubstantielle de la ville. Les ateliers, les industries, sont dans les villes, insérés, mixés ou bien diffus, disséminés en dehors des cités.

« Depuis les années 1950, on constate une concentration spatiale de l’activité économique, afin d’organiser et de favoriser la croissance économique », a rappelé Rachel Linossier. Le « zoning », ou politique de spécialisation territoriale marquera les trente glorieuses, en périphérie des villes. C’est le temps des zones industrielles (ZI), et de leur pendant, les ZUP. Après la décentralisation, les collectivités locales au travers des zones d’aménagement concerté (ZAC), persisteront dans une politique de zonage et de spécialisation, même si des logements apparaissent. La puissance publique, via l’Etat, les collectivités, les SEM et autres EPA sont à l’ouvrage. « Aucune préoccupation esthétique chez les concepteurs de ces zones industrielles, qui ne prennent en compte que les besoins techniques des entreprises », remarque la chercheuse.

Puis vient le temps des technopoles et des Zones d’innovation et de recherche scientifique et technique (ZIRST). Dans les années 1980 et 1990 émergent de nouveaux acteurs : les promoteurs immobiliers et les problématiques liées aux fluctuations du marché immobilier et de coût du foncier.

Meylan vs Bologne

Les chercheurs ont présenté le plan guide de Meylan, élaboré par le cabinet Christian de Portzamparc, qui s’intègre au plan de composition urbaine de la presqu’Ile de Grenoble. Un vaste projet de requalification urbaine autour du site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), visant à y introduire du logement. Avec l’arrivée du tramway et quatre figures opératoires : une ville sobre, apaisée, nature et intégrative, c’est-à-dire visant une grande mixité fonctionnelle et d’usage, accueillant des logements étudiants et familiaux. Avec une double logique pour les investisseurs : disposer de terrains destinés à l’activité et profiter d’aménité urbaine dans un territoire qui n’en disposait pas.

Bologne, présentée également lors de cet exposé, comptait il y a peu encore 190 districts industriels éparpillés dans et hors la ville. 190 zones industrielles qu’un plan territorial de coordination de la province de Bologne a ramené à 14 zones. Les parcelles ne figurant pas dans la liste des 14 zones élues sont autorisées à se maintenir, mais pas à se développer. Un système de péréquation est mis en œuvre pour que les zones autorisées à se développer financent en partie les zones cantonnées…

Top