Les grandes manœuvres ont commencé et s’accélèrent en vue de l’élection du président de la métropole du Grand Paris, qui aura lieu le 22 janvier prochain au Palais d’Iéna.
La volonté des Républicains d’organiser des primaires pour désigner le candidat de la droite et du centre à la présidence de la métropole du Grand Paris a donné un coup d’accélérateur au sujet. Retour sur une semaine agitée. Mardi 17 novembre, le bureau politique des Républicains adopte à l’unanimité moins trois voix (Patrick Ollier, Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie), le principe de ces primaires.
Il s’agit d’éviter les désordres qui ont prévalu lors de la désignation du candidat de la droite à la présidence de la métropole d’Aix-Marseille, indique-t-on dans l’entourage de l’ancien président de la République. Et d’éviter aussi que la gauche, minoritaire au sein de l’exécutif métropolitain, soit en position de jouer les arbitres.
L’esprit de Paris métropole
Mais cette initiative est vivement désapprouvée du côté de Paris métropole. En réalité, toute la question consiste, dès lors, à savoir la forme que prendront ces primaires. Quelle est l’alternative ? Soit le collège électoral est le parti lui-même, et NKM a toutes les chances d’être désignée. Soit – comme le demandent par exemple le maire de Nogent-sur-Marne et vice-président de Paris métropole, Jacques JP Martin ou le centriste Philippe Laurent – seuls les élus métropolitains de la droite et du centre participent au vote, et NKM a de fortes chances de ne pas être désignée.
Car c’est un autre débat qui se joue en filigrane : la métropole du Grand Paris doit-elle respecter et reproduire la culture du consensus, qui prévaut à Paris métropole et dans la plupart des intercommunalités françaises, et, par conséquent, désigner à sa tête un président modéré et socialo-compatible et un bureau pluriel ? Ou bien le fait majoritaire doit-il conduire à une gouvernance uniforme et à des vice-présidents choisis dans leur totalité dans l’opposition parlementaire ?
Un pacte Santini-Hidalgo ?
Patrick Braouezec réagit aussitôt : « Il ne m’appartient pas de commenter la décision de la droite d’organiser des primaires pour la désignation du candidat à la présidence de la future métropole mais dans tous les cas, j’ai eu l’occasion de rappeler à de nombreuses reprises qu’il me semblait indispensable que la question de la gouvernance de la future métropole soit posée au sein de la droite et débattue dès aujourd’hui au sein de la mission de préfiguration », déclare-t-il.
Pour le président de Plaine-commune, vice-président de Paris métropole, « il n’est pas envisageable, sous peine de paralysie que la gouvernance de la MGP ne soit pas partagée et pluripartisane notamment au sein du bureau. Celui-ci ne peut pas être composé comme dans les régions ou départements uniquement de vice-présidents de la majorité politique de la métropole. J’ai constaté lors du dernier bureau de Paris métropole avec satisfaction que Patrick Devedjian s’était engagé à ce que cette question soit au cœur du débat », ajoute-t-il.
Pendant ce temps, on dit que la rencontre qui se déroule entre André Santini et Anne Hidalgo, officiellement pour préparer une prochaine conférence métropolitaine de l’eau, porte essentiellement sur l’éventualité d’une candidature du maire d’Issy-les-Moulineaux à la métropole du Grand Paris, et du soutien que pourrait lui apporter la maire de Paris, pour faire pièce à la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet… En tout cas, André Santini et Jean-Christophe Lagarde ont rapidement fait savoir que l’UDI refuserait de participer aux primaires que souhaitent organiser les Républicains.
« Il n’est pas question que NKM devienne présidente de la métropole du Grand Paris », déclare de son côté Pierre Mansat, dans son vaste bureau de l’hôtel de ville. Ce proche d’Anne Hidalgo, responsable de la mission Grand Paris de la Capitale, précise que cela n’est en rien lié à la personne de Nathalie Kosciusko-Morizet. « Mais on n’a jamais vu, dans aucune intercommunalité, le principal opposant du maire de la ville centre devenir président. »
Dans ce contexte, à l’instar de Jacques JP Martin (LR) et Philippe Laurent (UDI), plusieurs élus métropolitains préparent une charte de gouvernance pour la future institution. Pour beaucoup de maires franciliens, la pluralité du bureau de la métropole constitue un prérequis. « Comment imaginer que le maire de Paris n’y figure pas », interroge Jacques JP Martin. « Ce n’est vraiment pas le moment, fulmine enfin Daniel Guiraud, à propos de ce débat. Le maire (PS) des Lilas, ancien président de Paris métropole, estime qu’un tel sujet n’avait pas droit de cité alors que tout le pays est en deuil et que les élus sont à la manoeuvre pour assurer la sécurité de leurs concitoyens.