5e adjointe au maire déléguée à la ville numérique, au développement durable et à la transition énergétique à Sceaux (Hauts-de-Seine), Florence Presson milite pour la création d’une plateforme métropolitaine de la transition énergétique.
Pourquoi portez-vous ce projet de création d’une plateforme métropolitaine de la transition énergétique ?
Les impératifs de la transition énergétique nous obligent à réfléchir pour réduire nos dépenses dans ce domaine. Et il y a aussi un contexte financier : au sein du budget qu’un foyer consacre au logement, les factures énergétiques sont de plus en plus élevées. Une grande précarité se développe, avec des familles qui ne se chauffent plus. Il y a donc une urgence, notamment au sein des offices HLM, parce que le prix des charges et les impayés augmentent, créant également un problème pour les budgets publics.
La rénovation énergétique permet de combler les pertes, de 30 à 50 %, que ce soit en intervenant sur les murs, les toits, le sol, les fenêtres… Mais pour savoir où faire des rénovations, il faut disposer d’un diagnostic concret. Que j’habite dans une maison, dans un immeuble, dans une petite ou une très grande copropriété, c’est la première étape. Or aujourd’hui, certaines communes, certains territoires ont déjà mis en place des plateformes qui apportent ces services aux citoyens. D’autres ne l’ont pas fait, soit parce qu’elles ne le souhaitent pas, soit parce qu’elles n’en ont pas les moyens. Dès lors, n’y a-t-il pas intérêt à mutualiser les savoir-faire et les bonnes pratiques ? C’est ce à quoi pourrait servir une plateforme métropolitaine de la rénovation énergétique.
Concrètement, quelles prestations fournirait-elle à ses utilisateurs ?
Certaines de ces plateformes permettent de réaliser les premiers diagnostics, simples, qui portent sur la configuration de l’habitat et favorisent une première prise de conscience. D’autres sont axés sur les aspects financiers, et vont permettre de connaître, à partir du montant des revenus, de l’imposition du ménage concerné, le montant des aides auxquelles il aura droit s’ils réalisent des travaux de rénovation énergétique. Qu’il s’agisse d’aides locales, départementales, régionales ou nationales. La plateforme métropolitaine de rénovation énergétique pourra offrir à chaque citoyen, à chaque copropriété qui le souhaite un pré-diagnostic en ligne, réalisé en une quarantaine de minutes, à partir de la description des caractéristiques de son logement, l’épaisseur des murs, les matériaux utilisés, le nombre et le type de fenêtre, etc. Ce premier diagnostic, s’il est effectué par la métropole, peut faire gagner du temps aux Espaces-info-énergies mis en place dans de nombreuses communes, qui sont aujourd’hui débordés par le nombre croissant de demandes d’information d’habitants.
Cette plateforme pourrait également informer sur les dispositifs d’aides financières existantes pour réaliser ces travaux ?
L’Ademe a publié un document d’une vingtaine de pages qui décrit, au cas par cas, les différents types d’aides nationales, régionales, départementales existantes. Or ces aides ne varient pas d’une commune, d’un territoire à l’autre. Un outil de simulation financière pourrait donc utilement être intégré sur une plateforme métropolitaine. Cela peut aller jusqu’aux simulations de devis. Tel coût pour un toit végétalisé, des travaux d’isolation murale, etc. Cela permet d’obtenir une évaluation et un diagnostic complet. Si on veut aller plus loin, chaque commune, chaque territoire aurait la possibilité de fournir une liste des artisans compétents pour chaque type de travaux. Rien d’obligatoire en l’espèce, chaque commune décidant de s’approprier ou non cette plateforme métropolitaine. L’intérêt de cet outil peut également être de développer l’emploi local et le vivre ensemble, le lien social avec le citoyen. En mettant en relation des habitants ou des copropriétés intéressés par tel ou tel type de travaux avec ceux qui, à côté de chez eux, ou dans leur immeuble, les ont déjà menés.
L’enjeu est également de réduire les émissions de gaz à effet de serre ?
A partir du moment où je vais devoir moins chauffer mon logement je vais en effet réduire les émissions de gaz à effet de serre, dont 32 % proviennent du chauffage des logements. C’est aussi l’occasion de privilégier l’économie circulaire, en favorisant l’usage de matériaux biosourcés, par exemple en recyclant certains déchets pour en faire des isolants.
Grâce à cette plateforme, la métropole se construirait une image très positive, permettant à des territoires de régler des problèmes d’inégalité et donc de jouer son rôle de fédérateur tout en laissant la liberté à chaque maire de s’inscrire ou non dans cette démarche. C’est un sujet sur lequel j’ai pris contact avec un certain nombre de conseillers métropolitains.
J’ai reçu, en l’occurrence, un excellent accueil de Daniel Guiraud, Jacques JP Martin, Daniel Breuiller et Xavier Lemoine. Je dois présenter ce projet prochainement au président Ollier et ce sujet pourrait être, en outre, mis à l’ordre du jour du conseil de développement qui est en train d’émerger car c’est avec toutes les parties prenantes que nous pouvons gagner ce challenge pour le climat.