Des récits pédagogiques pour un nouvel humanisme circulaire

L’ouvrage de Florence Presson et Michaella Nicolino entend mettre à la portée de tous les principes de l’économie circulaire. Avec un humanisme ardent et la foi chevillée au corps dans la possibillité d’un autre monde, plus sobre et convivial à la fois.

« Circulez… Il y a rien tout à voir ! », à travers la voix de l’agent positif Superflown, l’ouvrage, sorte de CQFD de l’économie circulaire publié dans le cadre d’une démarche participative (*), veut convaincre : que l’économie circulaire n’est pas seulement une nouvelle façon de produire et de consommer, mais une philosophie, « pas seulement un changement de ressources mais bien un autre mode de vie et d’usage », écrivent ses deux autrices.

« Circulez y a tout à voir » de Florence Presson et Michaella Nicolino. © DR

Florence Presson, adjointe au maire de Sceaux déléguée aux transitions et à l’économie circulaire et solidaire et coordinatrice du Parcours de rénovation énergétique performante (PREP) à Grand Paris Grand Est, est une militante infatigable de l’économie circulaire. Le livre, co-écrit avec Michaella Nicolino, directrice de projet – les deux complices se sont rencontrées à l’Institut des futurs souhaitables –, rend compte de soirées de débats animés entre amis pour mieux faire passer ses messages.

L’ouvrage porte la conviction que, si « nous ne sommes pas responsables de ce qui est à l’origine de l’état de la planète, de son système et des traumas induits, nous avons la responsabilité de briser ce cercle infernal ». En l’occurrence le cercle du : « J’extrais, je fabrique, je consomme et je jette ». « Si l’on connait la valeur de ce que l’on achète, on ignore la valeur et le trésor de ce que l’on jette », est-il rappelé en préambule.

Rien ne se perd, tout se transforme

Dès les premières pages, on apprend. Par exemple à distinguer circuits courts (ne comptant qu’un intermédiaire) et locaux (mesurant la distance kilométrique entre le producteur et l’acquéreur). Le premier récit se déroule dans un restaurant d’entreprise, ou plutôt une « cantine partagée » revue au goût du jour, lieu d’échanges autant de recettes de cuisine que de connaissances sur cette nouvelle économie du partage, de la frugalité et de la libération face aux désirs artificiels.

« Superflown », la fée de ces contes foisonnants et gentiment décalés, apparaît dès le second récit, pour souffler à l’un des personnages qui vient de tomber par hasard sur du mobilier de jardin abandonné dans une rue l’idée de créer une ressourcerie. Superflown vient du futur, de 2035, alors que l’humanité s’est enfin sortie de l’ornière productiviste et carbonée en adoptant les principes de l’économie circulaire.

Rien ne se perd, tout se transforme. L’adage d’Antoine Lavoisier (Traité élémentaire de chimie, 1789) vaut ici pour le social, la réinsertion. Il s’étend au chrono-urbanisme ou à la ville du ¼ d’heure et à l’intensification des usages des bâtiments, publics ou privés, pour leur donner des vies nouvelles en dehors de leur destination première.

Le récit se veut résolument décalé dans la forme. Il emprunte au langage parlé, actuel, mêlant maïeutique philosophique, définition de concepts et conseils pratiques. On passe ainsi, dans le même chapitre, des méfaits du plastique à la description du fonctionnement d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), de l’éloge du vrac et celui de la consommation des fruits de saison.

Eco-conception, écodesign, écosystémie

L’encouragement à la déconnexion, à la décélération, on pense souvent à Pierre Rabhi, ponctue ce livre, qui est aussi un abécédaire : éco-conception, écodesign, écosystémie, sur-cyclage, écologie industrielle territoriale (EIT), biométhanisation…. Ces concepts sont expliqués par l’exemple. Est « biosourcé » ce qui est au-dessus de la terre, partiellement ou totalement issu de la biomasse, chanvre, miscanthus, paille, liège, laine de mouton ; est « géosourcé », ce qui est d’origine souterraine, la terre crue ou l’argile, apprend-on. Parfois brouillon, l’ouvrage séduit par son enthousiasme communicatif, sa foi vibrante dans la possibilité d’une transition heureuse, conjuguant le sauvetage de la planète avec un art de vivre ensemble retrouvé.

Dans une « bibliographie du réel » conclusive, les entreprises qui ont servi de sources d’inspiration aux autrices sont listées, de l’agence Grand public (accompagnement vidéo de démarche de concertation et de démocratie participative) à Aquafil (textile circulaire) et Cycle terre (fabrique de brique à partir de terres excavées du Grand Paris express), en passant par Arcelor Mittal (pour son acier bas-carbone), Paprec (valorisation des déchets) ou Blue nove (intelligence collective et civic tech).

 

Circulez y a rien tout à voir, de Florence Presson & Michaella Nicolino sur le site d’Ulule 

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