Florence Presson – La vie en vert

Florence Presson se bat pour l’économie circulaire, à la ville de Sceaux comme auprès des élus métropolitains. Avec l’envie de changer le monde, une énergie infiniment renouvelable.

Redoutable. Derrière ses airs de sage institutrice, Florence Presson est, au risque d’un jeu de mots facile, une femme pressée. Déterminée. « J’ai voulu », « j’ai décidé », ponctue son débit rapide, flûté, enjoué et mélancolique à la fois. Son regard est doux, lui aussi. 20 minutes après le début de l’entretien, on comprend pourquoi l’adjointe au maire de Sceaux en charge du développement durable n’a pas de temps à perdre. « Il y a cinq ans, on m’a enlevé une tumeur au cerveau. Avec 50 % de chance que j’y reste, 25 % que je sorte handicapée de l’intervention, et 25 % que j’en survive (presqu’)indemne », raconte-t-elle simplement. Longtemps, Florence Presson a cru qu’elle ne dépasserait pas les 50 ans. Et depuis toujours, la conviction que le monde ne tournait pas rond l’a animée.

Dès la classe de 3e, elle s’implique, au sein de son village natal de Béthisy-Saint-Pierre, au cœur de l’Oise, dans des actions humanitaires. Son père, adjoint au maire, et sa mère, active pour diverses associations locales, lui ont transmis le goût de l’engagement citoyen. Sous sa férule, son lycée devient le plus gros pourvoyeur de sacs de riz à destination du Sahel. « Un truc énorme », se souvient-elle. A 17 ans, elle quitte le giron familial et part vivre sa vie. « Ma maladie poussait mes parents à me surprotéger. Je voulais vivre », dit-elle. Elle poursuit son engagement humanitaire au sein d’une petite association d’ingénieurs qui installe, en Afrique, des éoliennes issues de la récupération. Déjà.

Florence Presson.

Florence Presson. © JGP

L’économie circulaire est aujourd’hui son principal cheval de bataille, qu’elle promeut à Sceaux, aux côtés de Philippe Laurent, maire (UDI) de la ville. « J’ai choisi d’entrer en politique à ses côtés car il tient sa parole et sait dépasser les clivages partisans », résume cette élue sans étiquette. Mais non sans convictions.

« Human smart city »

La création d’une plateforme métropolitaine pour la rénovation énergétique constitue un autre de ses dadas. A Sceaux, elle a mis en place une société publique locale portant un pôle culinaire partagé avec Montrouge, didactique, ouvert aux écoliers. Un projet qu’elle souhaite étendre à Fontenay-aux-Roses et Bourg-La-Reine. « L’expérience n’a de sens que si elle est reproductible », dit cette ancienne informaticienne désormais formatrice à la smart city, ou plutôt à la « human smart city », corrige-t-elle, aux circuits de proximité, à la sobriété énergétique.

Si ses revenus ont été divisés par trois, elle ne regrette pas le temps où elle codirigeait une SSII. Elle y développa un progiciel de solutions de force de vente personnalisées destinées au commerciaux nomades. « Le nomadisme, c’est moi », résume Florence Presson. Une société dont elle a été remerciée à cause de son engagement d’élue, « qui demeure souvent mal vu et mal vécu par les hommes ». « Si cela fait chic d’être la femme d’un élu, c’est beaucoup moins vrai pour les hommes, qui n’apprécient pas toujours que l’on ne puisse pas traverser une rue sans être happée par des habitants », résume celle dont le couple en a fait les frais. Mais le virus de l’engagement est tenace et contagieux. Ses deux filles l’ont déjà contracté : la première, âgée de 19 ans, souhaite créer son parti politique tandis que la seconde, à 13 ans, a lancé une chaîne de formation à l’histoire sur Youtube, destinée aux élèves en difficulté. « Mes filles me disent que je suis à moitié allumée, conclut-elle, mais aussi que c’est pour cela qu’elles m’aiment. »

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