Sylvie Retailleau – Madame Paris-Saclay

La nouvelle présidente de la Comue a jusqu’au 31 décembre 2019 pour faire émerger le grand pôle universitaire de Paris-Saclay. Sans Polytechnique et ses alliés, mais avec un enthousiasme sans faille.

Ecole universitaire, nouveaux bâtiments de recherche, ambitions internationales : interrompre Sylvie Retailleau lorsqu’elle parle de ses sujets favoris est parfois malaisé. Non que la nouvelle présidente de la Comue (communauté d’universités et d’établissements) Paris-Saclay cherche à monopoliser la parole. « C’est une personne de dialogue et qui ne prend pas ses décisions toute seule », assure Gilles Bloch, son prédécesseur, désormais PDG de l’Inserm.

Elle se laisse tout simplement emporter par son enthousiasme. Car Sylvie Retailleau croit dur comme fer à son projet : créer une grande université de recherche de rayonnement international. Une vision qu’elle porte avec détermination, passion, et un grand naturel. Rien d’apprêté en effet chez cette physicienne qui fêtera bientôt son 54e anniversaire. La voix claire, les yeux pétillants, le sourire facile, « c’est une personne avec laquelle il est agréable d’interagir », poursuit Gilles Bloch.

Sylvie Retailleau. © JGP

Une qualité précieuse à Saclay où envisager la fusion, à terme, de l’université Paris-Sud et de la plupart des nombreuses écoles du plateau pouvait encore sembler, il y a quelques années, un doux rêve. Si l’excellence n’a jamais fait défaut dans le polygone formé par le CEA à l’ouest, Polytechnique à l’est, Paris-Sud au sud et HEC au nord-ouest, le souci de chacun de préserver son autonomie – et son prestige – a longtemps prévalu sur la nécessité d’intensifier les collaborations multilatérales.

D’abord doyenne, puis présidente de Paris-Sud, elle a participé à toutes les péripéties du projet. Et assumé des virages stratégiques structurants : « au printemps 2017, lors des discussions sur l’université cible, nous avons été confrontés à un constat de désaccord », raconte Gilles Bloch. « C’est alors que Sylvie a décidé de continuer la transformation, du moins pour son université, et invité ceux qui le souhaitaient à s’associer. Si cette prise de position a été vécue par certains comme une prise de pouvoir, elle a aussi produit un électrochoc. La marche arrière n’était plus possible. » Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron entérinera la scission entre deux pôles, Paris-Sud et ses alliés d’un côté, Polytechnique et les siens de l’autre.

Passer à l’action

Sylvie Retailleau, pour autant, ne semble pas rechercher le pouvoir. « Lorsque l’on croit à un projet, on a envie à un certain moment de passer à l’action », justifie-t-elle. Elle n’hésite du reste jamais à mettre la main à la pâte. « Je l’ai vue à l’œuvre à Paris-Sud, elle a organisé des amphithéâtres pour faire la pédagogie du projet, elle n’a pas peur d’aller au contact », raconte Gilles Bloch. Un exercice qu’elle devra répéter dans les mois à venir : auprès des personnels académiques, des industriels, des décideurs politiques, sans oublier les partenaires académiques étrangers auxquels elle rend régulièrement visite pour nouer de nouvelles alliance  « Pour construire, explique-t-elle, il faut comprendre les besoins du terrain. Et même si l’on a une vision de long terme, il faut être prêt à changer de chemin pour y arriver. » Elle a jusqu’au 31 décembre pour atteindre son premier objectif : la création de l’université expérimentale de Paris-Saclay.

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