Dans les Hauts de Rueil (Hauts-de-Seine), les 26 ha de la ZAC naguère occupée par Renault et l’Otan sont en plein aménagement.
Depuis le 21 octobre 2019, les habitants des Hauts de Rueil disposent d’un nouvel espace vert : la première partie du parc traversant de l’écoquartier de l’Arsenal est désormais accessible au public. La bande de verdure agrémentée de jeux pour enfants et de bancs en bois et métal ne fait encore que quelques dizaines de mètres de long. Mais à terme, elle traversera la totalité du futur quartier du nord au sud, croisant, en son centre, un mail piéton de 500 m de long orienté est-ouest. Mais pour l’heure, cette future artère est le terrain de jeux de multiples camions, grues et engins de chantier.
Car les travaux battent leur plein dans cette ZAC de 26 ha. Naguère, l’espace était occupé par des ateliers de construction militaire – chars, puis missiles – et par un centre technique de Renault.
Un passé militaire et automobile
Totalement désaffecté depuis 2010, l’Arsenal ne garde aujourd’hui comme souvenir de son passé industriel que la grande Halle et les pavillons de l’Otan. Halle gourmande ? Lieu culturel ? Après une rénovation indispensable, ces constructions pourraient s’ériger en tiers-lieu du nouveau quartier.
A terme, l’Arsenal accueillera en effet quelque 2 100 logements neufs, de nombreux commerces, un vaste complexe sportif, 35 000 m2 de bureaux et, d’ici à 2030, une gare du Grand Paris express. D’ores et déjà, les colonnes impressionnantes du futur centre aquatique et sportif – qui devrait ouvrir fin 2020 – se dressent à l’entrée du quartier. Sur son toit, d’où l’on aperçoit La Défense et le Mont Valérien, seront installés un stade d’athlétisme et trois terrains multisports.
Dès le premier trimestre 2020, deux premiers bâtiments d’habitation, représentant plus de 200 logements, seront inaugurés : l’un, construit par Emerige, sera en accession, l’autre, par Logirep, offrira des logements sociaux. Les futurs habitants pourront scolariser leurs enfants dans l’école Robespierre voisine, récemment agrandie. Mais huit autres lots – correspondant aux deux premières phases d’aménagement – sont déjà en travaux ou le seront d’une façon imminente. Avec pour promoteurs : Pitch promotion, Vinci, Icade, Adim, Woodeum, Sogeprom, Verrecchia, et à la clé, la construction d’environ 1 400 logements livrés entre 2020 et 2023. « Avec un prix de sortie d’environ 7 000 euros le m2, la commercialisation fonctionne très bien, et plus de la moitié des achats sont le fait de Rueillois », assure Fatima Abdelkader, directrice générale de Rueil aménagement, la SPL (société publique locale) en charge du projet.
Trois secteurs d’aménagement restent à commercialiser, dans les parties nord et est du quartier : « les dernières, majoritairement destinées à l’activité, sont programmées pour 2027, préalablement à l’ouverture de la gare située à leur pied », poursuit Fatima Abdelkader.
Un bâtiment iconique
Sur la place centrale s’érigeront les trois bâtiments du projet High Garden de Pitch immobilier, lauréat de la deuxième édition d’« Inventons la métropole du Grand Paris ». Le premier prendra la forme d’un belvédère aménagé sur pilotis. « Cela permettra la transparence entre la place centrale et le parc traversant », explique Fatima Abdelkader. Sa structure métallique soutiendra un socle sur lequel s’installeront des restaurants et bars panoramiques donnant sur le Mont Valérien et La Défense. Des ballons, mesurant la qualité de l’air, s’éclaireront le soir venu pour laisser voir ce bâtiment qui se veut iconique.
Juste en face sera construit un immeuble d’habitation. « Nous avons souhaité ici respecter l’architecture rueilloise classique, caractérisée par un fort tissu pavillonnaire et des immeubles d’une hauteur en général limitée à R+6 ou +7, tout en apportant une approche contemporaine », explique la DG de Rueil aménagement. L’immeuble pourrait donc atteindre 10, 11 voire 12 niveaux. Du moins par endroits : l’architecture de l’immeuble travaille un certain dégradé, avec un étagement des hauteurs et de larges balcons. Le dernier bâtiment, situé en face, reprendra – mais de façon plus modeste – la même forme ondulée. Des commerces seront situés en pied d’immeuble pour contribuer à l’animation de la place centrale.
Les matériaux biosourcés seront largement utilisés, notamment des parois intérieures en brique de terre crue dans l’un des immeubles. Des panneaux solaires et un peu d’agriculture urbaine pourraient s’inviter sur les immeubles d’habitation. Les discussions techniques ont commencé et le projet devrait être stabilisé à la fin du premier trimestre 2020. « Nous souhaitons également intervenir sur la qualité d’usage des logements pour favoriser des logements traversants, et travailler sur leur exposition », détaille Fatima Abdelkader.
Economie circulaire et environnement
Au milieu du site, des tas de briques et béton concassé s’amoncellent. Souvenir des bâtiments de Renault démolis en 2018 et 2019, ces matériaux vont connaître in situ une nouvelle vie. « Ils sont notamment utilisés pour les structures des nouvelles voies à aménager », explique Olivia Bellanger, chef de projet à Rueil aménagement. Les allées du parc traversant sont en stabilisé, pour laisser à l’eau pluviale la possibilité de s’infiltrer. « Les pelouses des jardins en creux sont également incurvées dans le même objectif », poursuit Olivia Bellanger.
Ce parc va s’insérer dans une trame verte longue de 4 km, qui permettra, à terme, de relier le Mont Valérien au bois de Saint-Cucufa. Labellisé écoquartier étape 2 (phase de chantier), l’Arsenal sera également doté d’un réseau de chaleur utilisant au moins 60 % d’énergies renouvelables. Lesquelles ? Les études sont encore en cours.
« L’Arsenal sera l’emblème de la ville de demain »
Le quartier de l’Arsenal se construit rapidement. Comment est né ce projet ? Après le départ de l’Otan puis de Renault, nous nous retrouvions avec une friche d’une vingtaine d’hectares qu’il n’était pas imaginable de laisser en état. Lorsque le projet du Grand Paris express a émergé, j’étais ministre et je me suis battu pour qu’une gare arrive dans le quartier et desserve la ville : le seul mode de transport lourd qui la dessert aujourd’hui est le RER, situé près de Chatou et donc excentré.
Comment ce quartier va-t-il s’insérer dans la ville existante ?
39 000 nouveaux logements doivent être construits dans le périmètre de la métropole, et ce quartier va y contribuer à hauteur d’environ 2 200. Et ce, tout en nous permettant de garder 1/3 de notre territoire en espaces verts, 1/3 constitué d’habitat individuel, et 1/3 d’habitat collectif. Ce quartier sera l’emblème de la ville de demain : ce sera un écoquartier mais aussi un véritable quartier de ville, avec de nombreux commerces, des activités culturelles et gourmandes, et des services publics déjà construits ou en passe de l’être, comme le complexe sportif. Le parc traversant de l’écoquartier constituera en outre une maille d’une future trame verte d’environ 4,5 km reliant le mont Valérien à la forêt de Saint-Cucufa.
Où en sont les discussions avec la ville de Suresnes pour la construction d’un réseau de géothermie qui desservirait l’écoquartier ?
La ville de Suresnes a récemment décidé de ne pas donner suite au projet. Nous allons cependant étudier la possibilité d’utiliser cette énergie en prolongeant le réseau vers le bas de la ville : il nous faut desservir 12 000 équivalents-ménages pour qu’un tel investissement soit rentable. La décision définitive sera prise par la prochaine équipe municipale.