Avec 7 circonscriptions sur 13 remportées en 2017 par LREM et 2 par le Modem, l’enjeu pour la majorité présidentielle dans les Hauts-de-Seine va consister à préserver ses positions. Mais face aux nouvelles forces en présence tant à gauche, avec des candidats Nupes dans chaque circonscription dont 4 font figure de favoris, qu’à droite, qui espère regagner des positions, des triangulaires pourraient bien sortir du 1er tour.
Avec 80,4 % des suffrages, Emmanuelle Macron a fait au second tour de la présidentielle son 2e meilleur score dans les Hauts-de-Seine, après Paris. Il faut désormais « donner la majorité à LREM à l’Assemblée nationale », convient Baï-Audrey Achidi, coordinatrice départementale du mouvement. Après avoir laminé la droite en remportant 7 circonscriptions sur 13 en 2017, LREM va-t-elle réussir à conserver ses positions ? Le parti de la majorité présidentielle est également conforté par deux circonscriptions du Modem bien ancrées, la 12e (Châtillon, Clamart et Le Plessis-Robinson) avec comme sortant Jean-Louis Bourlanges, et la 4e (Nanterre-Suresnes) où la sortante Isabelle Florennes se représente.
Si Adrien Taquet a jeté l’éponge dans la 2e circonscription (Asnières-Colombes sud), l’autre ministre élu dans les Hauts-de-Seine poursuivra l’aventure, à savoir Gabriel Attal, député de la 10e circonscription (Boulogne-Billancourt sud, Vanves, Issy-les-Moulineaux est et ouest). Tout comme Thierry Solère, conseiller à l’Elysée et élu dans la 9e (Boulogne-Billancourt). Les autres sortants LREM aussi seraient prêts à reconquérir un nouveau mandat, à savoir Céline Calvez (5e), Jacques Marilossian (7e), Jacques Maire (8e) et Lauriane Rossi (11e). En revanche Christine Hennion dans 3e (Bois-Colombes, Courbevoie-nord et sud, La Garenne-Colombes) aurait été écartée.
« Il y a une évolution dans les Hauts-de-Seine »
Si la prime au sortant offre souvent un ticket gagnant, le nouveau paysage politique pourrait changer la donne, même dans les Hauts-de-Seine. L’union des partis de la gauche peut être favorable à cette dernière dans « ce territoire compliqué pour celle-ci », reconnait Brice Gaillard, premier secrétaire fédéral du Parti socialiste des Hauts-de-Seine qui souhaite que « la coalition incarne une alternative crédible pour les habitants ». De plus, « les partis de gauches ont réalisé l’un de leurs meilleurs scores au second tour de la présidentiel », souligne Brice Gaillard.
En 2017, le PS avait présenté 7 candidats sur les 13 circonscriptions. Cette année, dans le cadre de la Nouvelle union populaire et écologique et sociale (Nupes), ils n’en auront que deux à leur nom, la 10e avec comme candidate Cécile Soubelet, responsable du PS à Issy-les-Moulineaux et la 13e (Antony, Bourg-la-Reine, Châtenay, Sceaux) attribuée à Brice Gaillard. Le Pôle écologiste présentera de son côté trois candidats du parti EELV dans les 2e, 4e et 9e circonscriptions. A ce stade, seule Pauline Rapilly-Ferniot, conseillère municipale d’opposition à Boulogne-Billancourt, a été investie dans la 9e, les autres sont en discussion. « C’est une circonscription difficilement gagnable, mais Pauline Rapilly-Ferniot, jeune et dynamique, fera très certainement une bonne campagne et un bon score », anticipe Roderic Aarse, secrétaire régional EELV Ile-de-France.
Cependant, la campagne ne devrait pas être un long fleuve tranquille avec sur le terrain des candidats qui étaient par le passé opposés, notamment le PC et LFI. Mais la gauche veut croire à ses chances après avoir reconquis deux villes aux municipales de 2020, Châtillon (Nadège Azzaz – PS) et Colombes (Patrick Chaimovitch – EELV), et fait élire 5 conseillers départementaux en 2021. « Il y a une évolution dans les Hauts-de-Seine », assure Roderic Aarse, mettant en avant un « département qui vote » et anticipant de probables triangulaires.
Les 2e, 4e et 11e pourraient basculer à gauche
Avec deux députées de sensibilité de gauche, à savoir Elsa Faucillon (DGR) dans la 1re (Colombes, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne) qui se représente, et Frédérique Dumas (EELV) dans la 13e qui jette l’époque, la gauche se met à rêver d’en ravir trois autres. D’autant que Jean-Luc Mélenchon a fait des scores honorables dans les Hauts-de-Seine, avec le plus faible (13,83 %) dans la 9e circonscription.
Parmi celles qui pourraient basculer, figurent : la 2e (Asnières-Colombes sud), la 4e (Nanterre-Suresnes) et la 11e (Bagneux-Malakoff-Montrouge). Dans la 2e, Elsa Faucillon a de fortes chances de conserver son siège. Dans la 4e le jeu sera peut-être plus serré entre la sortante Modem, Isabelle Florennes, Julie Barbaux (LFI), Pierre Chassat pour le LR et Mélina Bravo pour le RN. La Nupes aurait en revanche toutes ses chances dans la 11e circonscription (Bagneux-Malakoff-Montrouge) avec deux villes communistes dont les maires, Jacqueline Belhomme à Malakoff et Marie-Hélène Amiable à Bagneux, soutenaient ardemment la candidature de Yasmine Boudjenah (PC). Mais la 1re adjointe du maire de Bagneux a dû s’incliner devant le candidat LFI Aurélien Saintoul. En 2017, ce dernier était le suppléant de Yasmine Boudjenah. Plutôt que de constituer un binôme avec l’ex-candidate, Aurélien Saintoul a choisi comme suppléante Claire Gabiache, conseillère municipale (Génération.s) de Bagneux. « La coalition laisse la possibilité à chaque candidat de faire comme il veut, mais l’idée est plutôt de constituer des binômes de même sensibilité », indique l’élu d’opposition à Montrouge. Face à lui, outre LREM et le RN représenté par Juliette Châtelain, pourrait venir une candidature de droite d’un élu de Montrouge.
Fortes tensions sur la 13e circonscription
Enfin, dans la 13e, le combat s’annonce rude pour l’ensemble des forces en présence. Faute d’avoir réussi à se présenter dans la 5e circonscription, Maud Bregeon (LREM) a atterri dans le sud du département où Philippe Laurent (UDI) a, dès début mars, annoncé sa candidature, ce qui n’arrange pas du tout les affaires de la droite.
Dans l’ancienne circonscription de Patrick Devedjian, donc plutôt LR, Henri de Beauregard qui avait été investi par LR, a renoncé à se présenter pour laisser la place au maire de Sceaux, figure politique tant locale que nationale. Pour autant, Les Républicains ne sont pas tout à fait d’accord pour renoncer à deux circonscriptions qu’ils contrôlaient, la 8e et la 13e, sans compensation en retour. Il est en effet prévu que les deux partis ne présentent qu’un candidat, soit LR, soit UDI.
En général, 9 à 10 circonscriptions reviennent à LR et 3 ou 4 à l’UDI (lire ci-dessous). Dans certaines d’entre elles, il n’y a même pas de débat. C’est le cas de la 6e (Puteaux, Neuilly, Courbevoie) où Constance Le Grip (LR) se représente et la 2e où l’investiture a été attribuée à Marie-Do Aeschlimann, secrétaire départementale LR et vice-présidente de la région Ile-de-France. Dans la 3e également, la candidature de Philippe Juvin a été validée par la commission d’investiture des LR même si le maire de La Garenne-Colombes n’a pas voté la motion décidée en comité stratégique qui refuse les alliances avec d’autres partis. Mais dans la 13e, les Républicains s’estiment plus légitimes que l’UDI avec deux villes importantes dirigées par certains de leurs membres, Châtenay-Malabry (Carl Segaud) et Antony (Jean-Yves Senant), ce qui n’est pas le cas dans la 8e. Des discussions sont toujours en cours avec notamment Georges Siffredi le président LR des Hauts-de-Seine. Le suspense reste entier.
Âpres négociations entre Républicains et UDI
LR a investi des candidats dans la plupart des 13 circonscriptions. Mais à ce jour, toutes les investitures ne sont pas encore calées du fait des négociations en cours avec l’UDI. Dans la 4e (Nanterre-Suresnes), où deux candidats sont en pourparlers, les discussions sont en cours avec le maire de Suresnes. Avec la ville de Nanterre, très marquée à gauche, cette circonscription est particulièrement compliquée pour la droite.
Dans la 5e non plus, la situation n’est pas simple, puisque si Pierre Chassat, adjoint au maire de Levallois-Perret, a été investi par LR, une candidature dissidente pourrait venir de Clichy, une élue LR souhaitant se présenter. Dans la 8e également, deux candidatures était en débat : Cécile Richez (LR) et Virginie Lanlo, adjointe au maire de Meudon (UDI). Mais la première, directrice générale adjointe des Républicains, a d’ores et déjà annoncé l’inauguration de sa permanence, levant le suspense. La candidature de Marie-Caroline Le Pen dans la 6e circonscription ne représente pas « une secousse » pour la droite traditionnelle, « dans les Hauts-de-Seine, un département plutôt modéré, plutôt acquis à Emmanuel Macron, le RN est peu présent », souligne Roger Karoutchi, vice-président de la commission d’investiture LR.
Dans la 10e, une circonscription traditionnellement UDI, Sandrine Bourg, adjointe au maire de Vanves, avait été investie par LR, mais elle avait accepté de se retirer au profit d’un candidat UDI qui tarde à être dévoilé. Idem dans la 11e, une circonscription « difficile » plutôt investie par l’UDI. Marie Colavita (LR), adjointe au maire de Montrouge, a finalement laissé la place au candidat UDI. Quant à la 12e, Jean-Didier Berger a été investi par LR, mais s’il est élu il devra choisir entre ses mandats de maire de Clamart et 1er vice-président de la région Ile-de-France, ce qui le ferait hésiter à se lancer sans la campagne des législatives.
Le RN présent dans les 13 circonscriptions
Dans les Hauts-de-Seine, le Rassemblement national a investi des candidats dans chacune des 13 circonscriptions avec comme tête d’affiche la sœur de Marine Le Pen, Marie-Caroline Le Pen qui est candidate dans la 6e circonscription. Mais c’est dans la 1re que le RN aurait, selon le référant du parti dans les Hauts-de-Seine, Christophe Versini, candidat dans la 7e circonscription, plus de chance sachant que tant Villeneuve-la-Garenne que Le Plessis-Robinson ont réalisé les meilleurs scores du département à la présidentielle. L’objectif du RN ? « Obtenir le meilleur score possible et surtout atteindre les fameux 5 % dans les 13 circonscription », indique cet ancien UMP, passé au RN en 2015, qui avait été candidat à Paris en 2011. En 2017, une seule y était arrivée.