D’un côté, le verre à moitié plein : la marque « Grand Paris » fonctionne à l’étranger, et l’intérêt des investisseurs pour le territoire va croissant.
Le Grand Paris existe dans les esprits, alors que le terme était imprononçable hier. La loi NOTRe, aboutira à une recomposition inédite des périmètres de l’administration publique locale. La Société du Grand Paris avance, sereinement…
Mais il y aussi le verre à moitié vide. La construction métropolitaine, du côté institutionnel, est en passe d’échouer. Le récent « coup de gueule » de Pierre-Antoine Gailly traduit ce que l’on entend de toutes parts. Le fameux compromis de Paris métropole, revu et corrigé par la première lecture de la loi NOTRe au parlement ne satisfait personne. Car ce texte se caractérise par un entre-deux qui, en l’état, ne fonctionne pas. Le plus symptomatique de cette cote mal taillée réside dans l’absence de liens fonctionnels et organiques entre les futurs territoires et la métropole elle-même ; dans le non-choix sur la nature de ce que devront être les territoires : des périmètres stratégiques, mettant en œuvre les objectifs d’attractivité et de développement économique de la métropole, ou des territoires de gestion de proximité ? L’arbitrage financier, qui veut que les territoires bénéficient d’une autonomie fiscale provisoire déroute également. « On n’a jamais vu une collectivité se saborder d’elle-même », remarque le président de la chambre de commerce et d’industrie…
Ces symptômes étranges trouvent leur source dans le cancer qui ronge les relations entre les collectivités locales et l’Etat, mal dont le Grand Paris n’est que la victime et le reflet. Cette maladie est faite de défiance, de procès d’intention et de coups fourrés. Comment s’étonner que les maires, élus par des habitants majoritairement hostiles à la construction de logements sociaux, s’opposent à se voir dépossédés de leurs plans locaux d’urbanisme alors qu’ils découvrent par le biais de fuites et au hasard des blogs la carte des futures opérations d’intérêt national ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître à quelques mois de la naissance de la MGP, il semble indispensable de réunir d’urgence des états généraux du Grand Paris pour définir, dans la concertation, ce que doit être sa feuille de route.