Une quinzaine de millions d’euros. Tel sera le montant du « budget propre » de la métropole du Grand Paris pour 2016.
C’est Marylise Lebranchu elle-même qui a dévoilé ce chiffre vertigineusement faible, lors de l’examen en séance publique des dispositions de la loi NOTRe relatives à la métropole du Grand Paris. Ça calme, pourrait-on dire trivialement. Certes, le budget global de la métropole s’élèvera à 2,5 milliards d’euros. Mais compte tenu de l’extrême faiblesse du poids des compétences qu’elle exercera réellement, autres que programmatiques, la quasi-totalité de cette manne redescendra au niveau des communes et des territoires, par le biais de canaux que l’on ne se risquera pas, ici, de décrire.
Marylise Lebranchu a fait un autre aveu, lors de l’examen de l’article 17 septdecies par les députés. « Pendant quatre ans, on ne touche pas à la fiscalité, donc aux inégalités. Nous l’avons accepté même s’il y a des poches de pauvreté sises à côté de poches de non-pauvreté, pour ne pas dire de richesses », a indiqué la ministre de la Décentralisation. Autant dire que si l’on analyse les perspectives métropolitaines par le seul prisme financier, l’on peut légitimement, comme l’ont fait certains parlementaires, parler d’une « métropole croupion ».
On s’efforce, dans ces colonnes, de ne pas céder à la facilité du déclinisme. De même, « l’élu-bashing » n’est pas notre tasse de thé. Mais franchement, les parlementaires, pris collectivement, ne nous aident pas. Pourtant tout le monde semble d’accord sur l’objectif visé. « La recherche d’une meilleure attractivité de la région est le fait générateur de la création de la MGP », a déclaré la ministre de la Décentralisation, répondant à Patrick Devedjian qui rappelait, une nouvelle fois, que la MGP doit avoir pour première vocation de lutter contre la concurrence de Londres. « Je vous conseille de lire le rapport de l’OCDE, qui soulignait à quel point la métropole parisienne constitue un gisement de croissance », poursuivait la ministre. Dès lors, comment expliquer que la nécessité absolue d’alléger les procédures pour accélérer les projets d’aménagement du Grand Paris soit si cruellement absente des débats parlementaires ? Comment expliquer que les députés, censés incarner l’élite de la nation, affichent une telle constance dans leur aversion au changement ?