Une fois le divorce avec l’Union européenne prononcé, les universités d’outre-Manche n’auront plus accès aux programmes européens d’échanges entre étudiants et de financement de la recherche. Du coup, elles cherchent à s’implanter dans les pays membres. L’université Paris-Seine et ses 15 membres tente de les attirer via un appel à manifestation d’intérêt.
Le monde académique britannique redoute l’impact de l’effet Brexit sur leurs activités. Les scientifiques tout d’abord craignent une complexification de leurs échanges avec les autres pays européens et les étudiants ensuite qui pourraient ne plus profiter du programme Erasmus.
Mais ce sont surtout les universités qui s’inquiètent de perdre leurs financements européens, notamment les projets de recherche largement subventionnés par l’Union européenne (un quart du financement de la recherche de Cambridge et un cinquième de celle d’Oxford, d’après le site Times Higher Education cité par Educpros).
2,2 milliards d’euros du programme Horizon 2020
Selon une étude de l’Association des universités européennes (EUA) en décembre 2016, le Royaume-Uni détient le plus grand nombre de publications et de participants au programme européen pour la recherche et l’innovation Horizon 2020 et supervise 20 % des projets du programme. « Le Royaume-Uni a déjà recueilli 2,2 milliards d’euros, soit 15 % du total des subventions allouées », ajoute Educpros. C’est dans ce cadre que la Communauté d’universités et d’établissements (Comue) université Paris-Seine a lancé en février un appel à manifestation d’intérêt (AMI) en direction des universités britanniques. Elle leur propose de venir s’installer sur le futur campus international de Cergy-Pontoise, « dans le cadre d’un partenariat académique et scientifique d’excellence », précise l’université Paris-Seine.
Les institutions d’enseignement supérieur et de recherche privées et publiques britanniques qui envisagent de s’implanter en France ont jusqu’à 14 juillet 2017 pour candidater à cet AMI. Pour ce faire, elles doivent faire des propositions de collaborations académiques et de recherche avec les membres de la Comue, et présenter un projet d’intégration à la stratégie de développement urbain du campus international de l’université Paris-Seine accompagné d’un modèle de financement. En effet, ce campus en cours de développement sur les bords de l’Oise pourrait accueillir dans ses locaux une université britannique, « nous sommes convaincus d’avoir un projet exceptionnel à proposer », assure Anne-Sophie Barthez.
Sélection des candidats en février 2018
La présidente de l’université Paris-Seine a rencontré fin 2016 les responsables de l’université de Warwick. Située à Coventry, cette dernière qui a réussi en dix ans à intégrer le classement de Shanghai viendra à son tour à Cergy-Pontoise en avril. « Les universités britanniques cherchent à préserver les relations construites avec leurs partenaires en Europe », argue Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’Essec business school, membre de la Comue université Paris-Seine, qui a de son côté été reçu à Oxford. « C’est pour cette raison que nous faisons le choix d’agir très concrètement afin de leur offrir la possibilité de poursuivre leur développement à nos côtés ». Les lauréats de l’AMI seront sélectionnés en février 2018.