BART, le nouvel acronyme de la blockchain francilienne

Faire de la blockchain un véritable outil technologique opérationnel : telle est l’ambition de BART, l’initiative lancée le 6 mars 2018 par quatre grands acteurs saclaysiens de la recherche dans le numérique.

«  Vous avez l’impression d’être à Paris, mais nous sommes déjà à Saclay » !  Si Yves Poilane, directeur de Télécom ParisTech, avait invité ses trois partenaires – System X, l’Inria Saclay, Telecom SudParis – dans les locaux actuels de son école dans le 13e arrondissement de Paris, c’est bien à Saclay – qui hébergera bientôt tous ces acteurs – que sera ancrée BART, leur coopération commune. Bart, pour Blockchain Advanced  Research &Technologies, est une initiative lancée pour six ans, avec un but précis : lever les verrous scientifiques de la blockchain.

©methodchop.com

Parce qu’elle permet d’effectuer des transactions sans tiers de confiance, tout en sécurisant leur historique, la blockchain fait rêver de nombreux acteurs : les fintechs bien entendu, qui espèrent élargir à d’autres applications financières le succès du bitcoin, la volatile cryptomonnaie qui, la première, a utilisé cette technologie.

Mais la blockchain fait aussi rêver les industriels, les partisans de l’économie circulaire, les énergéticiens, les concepteurs de bâtiments, les assureurs, entre autres : avec la blockchain, il devient envisageable de stocker de façon sécure toutes les opérations successives qu’a connu un produit, un projet, un service, ou même un flux (comme un flux énergétique par exemple). Et ainsi de savoir, pêle-mêle, qui est intervenu sur un produit, si le contrat d’assurance a bien été respecté, ou de comptabiliser les consommations et productions de tous les participants d’un smart grid énergétique.

Gérer les incohérences transitoires

Mais si la technologie passionne, elle reste pour l’instant peu pratique : les transactions sur le bitcoin, par exemple, sont assez lentes – 10 min pour valider chaque bloc -, et nécessitent des puissances de calcul si importantes que le coût en électricité était déjà évalué, il y a deux ans, à 16 dollars par bloc traité. L’impact environnemental des « fermes d’ordinateurs » impliquées dans la blockchain est également désormais connu. Mais d’autres problématiques existent : comment gérer des incohérences transitoires de la chaîne (lorsque deux blocs sont créés simultanément par exemple), ou encore la « double attaque » d’un acheteur qui tente d’effectuer deux transactions au même moment ?

Séduire les industriels

Pour améliorer la technologie, une trentaine de chercheurs des quatre institutions vont donc collaborer sur six axes : les modèles théoriques, le passage à l’échelle et les outils de monitoring, la sécurité, les architectures, la confidentialité des données et les modèles économiques/la régulation. Au moins quatre thèses seront réalisées, mais les partenaires espèrent séduire des industriels et ainsi accroître le nombre de doctorants.

L’initiative vient de l’IRT SystemX, qui regroupe chercheurs, grands groupes et petites entreprises sur des programmes de recherche ayant tous trait au numérique : véhicule autonome, énergie, etc. Un IRT qui s’est récemment géographiquement étendu (en s’installant à Lyon et à Singapour) mais souhaite également accentuer la présence de la recherche académique dans ses programmes. BART en est l’une des premières applications.

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