A. Dublanche : « On s’est senti abandonné par l’Etat »

Invitée du « Grand Paris live » du Club des entreprises du Grand Paris le lundi 8 juin 2020, la vice-présidente du conseil régional est revenue sur l’action de la Région pendant la crise et a longuement dénoncé les carences de l’Etat. Ce dernier doit notamment, selon Alexandra Dublanche, combler les pertes de recettes des collectivités qui ne vont plus pouvoir assurer leurs rôles.

« L’Etat ne peut pas abandonner les Régions sur un sujet aussi important que le transport du quotidien qui va jouer un rôle majeur en termes de transition écologique », c’est en somme le message qu’a voulu faire passer Alexandra Dublanche, vice-présidente du conseil régional chargée du développement économique et de l’attractivité, de l’agriculture et de la ruralité lors du webinaire du Club des entreprises du Grand Paris, le lundi 8 juin. « Sévère », sur la gestion budgétaire de l’Etat, l’adjointe au maire de Sartrouville (Yvelines) n’en démord pas sur le rôle principal que ce dernier doit tenir au moment de régler l’addition.

Alexandra Dublanche

« L’Etat ne peut pas abandonner les régions sur un sujet aussi important que le transport du quotidien qui va aussi jouer un rôle majeur en termes de transition écologique », estime Alexandra Dublanche, vice-présidente de la Région Ile-de-France chargée du développement économique. © DR

La Région estime à 2,6 milliards d’euros le manque à gagner sur les transports et à 630 millions les pertes de recettes. Des chiffres qui vont « s’aggraver l’année prochaine » et qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques : « Il y a eu un cri d’alerte de la présidente [Valérie Pécresse] pour que l’Etat vienne en aide aux transports publics du quotidien, sinon nous serons obligés de les arrêter, faute de pouvoir payer nos opérateurs, la RATP et la SNCF ». Si la Région ne « baissera pas d’un centime » son plan d’investissement de 24 milliards d’euros en faveur des transports, « l’Etat doit être au rendez-vous pour couvrir la perte des recettes », sinon Alexandra Dublanche prévient : « nous ne pourrons pas combler les pertes ».

Un Etat absent durant la crise

Plus généralement, l’élue a reproché à l’Etat son absence pendant la crise, « nous n’avons pas été aidés », a-t-elle dénoncée. Louant toutefois un préfet de région, Michel Cadot, « très à l’écoute », et félicitant la mise en place du chômage partiel et les milliards d’euros qui vont être injectés dans l’industrie automobile ou aéronautique, elle a pour autant souligné l’abandon des collectivités par l’Etat. « Sur les masques et actuellement sur les tests, nous n’avons pas de son, pas d’image, a indiqué la vice-présidente. Cela explique les raisons pour lesquelles les régions et les départements ont été si bien vus, parce qu’ils ont aidé les communes ».

Michel Cadot, préfet de l’Ile-de-France. ©Jgp

Le gouvernement a notamment été fustigé pour ses annonces parfois sans lendemain. « Vous avez souvent beaucoup d’affichage et peu de moyens », a fait valoir l’édile. Elle a notamment pris en exemple le fonds de solidarité et les annonces concernant l’événementiel et l’hôtellerie restauration qui n’ont toujours pas été concrétisés « dans le moindre décret », a affirmé Alexandra Dublanche. Elle s’est aussi appuyée sur l’action Cœur de ville, dont Sartrouville est bénéficiaire, et pour laquelle « quelques dizaines de milliers d’euros ont été engagés sur des études mais ça s’arrête là ».

CPER : « N’en parlons même pas »  

Les questions se sont aussi orientées vers l’impact de la crise sur les politiques publiques. « Les élus locaux vont devoir revoir tous les programmes à l’aune de la crise », a fait valoir la conseillère régionale prenant l’exemple d’un skate park qui devait être construit à Sartrouville. « Il n’est plus prioritaire contrairement aux aides aux commerces. Donc nous allons devoir faire des choix et les projets qui nous paraissent moins essentiels dans l’absolu vont être remis en cause. Là aussi nous ne pouvons pas être laissés seuls face à cette baisse de nos moyens », a répété l’adjointe au maire de Sartrouville, qui en appelle à l’Etat.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, et Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France, réunis pour l’inauguration du centre d’essai de l’Utac-Ceram en juin 2019. © Utac-Ceram

Cette dernière craint particulièrement l’effet d’entraînement. Aucune entreprise ne sera sollicitée pour réaliser le skate park et plus généralement la commande publique pourrait se retrouver amoindrie. Il a également été question du contrat de plan Etat-Region (CPER) qui devrait être prochainement renouvelé. Mais avec la crise du Covid-19, il ne semble plus être une priorité. « L’Etat nous doit déjà de l’argent sur l’ancien CPER, puisque la Région a dû lui avancer de mémoire 400 millions d’euros, donc le prochain, n’en parlons même pas », a-t-elle commenté.

Economies et simplification : première étape vers l’efficacité

Afin de relancer l’économie, la région Ile-de-France a annoncé la semaine dernière un plan de relance d’1,3 milliard d’euros. Une première étape qui sera suivie d’une deuxième vague d’annonces en septembre. La relocalisation industrielle sera notamment une des priorités du conseil régional pour la relance économique. Au-delà des aides financières, l’élue des Yvelines a également appelé à une simplification des processus administratifs, « première étape vers une meilleure efficacité » et à des économies. « Nous avons rééquilibré l’investissement versus le fonctionnement et nous sommes aujourd’hui en capacité de faire ce plan de relance », explique Alexandra Dublanche. Alexandra Dublanche, Valérie Pécresse et Michel Cadot. © Préfecture IDF

Avant d’enfoncer le clou : « la première source d’économie serait que l’Etat évite les doublons. […] S’il avait seulement fait la moitié de ce qu’on a fait, il aurait beaucoup plus de marges de manœuvre aujourd’hui », a conclu la vice-présidente du conseil régional. Cette dernière est aussi revenue sur les différentes aides octroyées par la Région depuis le début de l’épidémie. Au total, 2 700 prêts rebond à taux zéro, d’une somme moyenne de 40 000 euros, ont été accordés pour un montant total de 110 millions d’euros sur un objectif final de 250 millions d’euros.

Sur le même sujet

Top