350 œuvres d’art commandées, dont 300 déjà installées : c’est le bilan de la charte – et du club – « 1 immeuble, 1 œuvre », qui fait aujourd’hui l’objet d’un ouvrage préfacé par la ministre de la Culture, partenaire du projet avec la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
« En décembre 2015, 13 promoteurs et foncières décidaient de s’engager avec le ministère de la Culture et la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) pour soutenir publiquement les artistes et la création artistique en signant la charte « 1 immeuble, 1 œuvre », rappelle Roselyne Bachelot-Narquin, qui préface l’ouvrage. Résolus à acheter ou commander des œuvres pour leurs bâtiments, en respectant les bonnes pratiques professionnelles, ils signifiaient leur volonté de placer la création au cœur du vivre-ensemble », poursuit la ministre de la Culture.
Portée par Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), et Arthur Toscan du Plantier, directeur de la stratégie du groupe Emerige, en partenariat avec le ministère de la Culture, la charte « 1 immeuble 1 œuvre », qui rassemblait au départ 13 membres fondateurs, fédère aujourd’hui 50 signataires (voir ci-dessous), auxquels des bailleurs sociaux ont souhaité s’associer.
En 2019, la Fédération des promoteurs immobiliers a créé une plateforme Internet dédiée au projet, et une association, le Club « 1 immeuble, 1 œuvre », présidée par Arthur Toscan du Plantier, fondée sur une initiative des signataires de la charte, afin de valoriser le programme et leurs actions.
300 œuvres déjà installées
« Après cinq ans de travail et trois cents œuvres installées… Il nous est apparu important de saluer l’engagement des signataires de la charte et de concevoir un livre manifeste qui montre la façon dont les artistes et leurs œuvres peuvent investir l’espace public et privé, souligne Arthur Toscan du Plantier. Sous l’impulsion du Club « 1 immeuble, 1 œuvre », nous avons donné carte blanche à la journaliste et critique d’art Alexia Guggémos. Conjuguant une approche artistique et sociale, son travail donne naissance à cette anthologie qui permet de mieux appréhender la démarche des acteurs de l’immobilier, devenus au travers de leur soutien des acteurs de l’écosystème culturel », poursuit-il.
« C’est à̀ une véritable enquête dans tous les territoires que s’est livrée la photographe et architecte Emmanuelle Blanc. Ses photos sont empreintes d’humanisme et traduisent avec sensibilité la relation entre l’artiste, l’architecte et le promoteur immobilier », souligne Alexandra François-Cuxac.
« Depuis longtemps, les acteurs de l’immobilier font appel à la commande d’œuvres artistiques pour leurs immeubles, poursuit Arthur Toscan du Plantier. Laurent Dumas, président d’Emerige, collectionneur et mécène, a eu l’idée de fédérer ces acteurs autour d’un engagement collectif, celui d’installer systématiquement des œuvres d’art dans les immeubles qu’ils conçoivent. Cette initiative a tout de suite séduit Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture, qui a saisi la formidable opportunité que ce projet représentait pour le soutien à la création française et la diffusion de l’art dans l’espace public et privé », ajoute-t-il.
L’ouvrage, composé de 5 grandes sections : Innover / dialoguer / honorer / scénariser / surprendre, fait la part belle à l’Ile-de-France, et singulièrement au Grand Paris.
Extraits :
Catherine Ikam & Louis Fléri : la qualité d’une présence
« Installée dans le hall d’entrée de l’immeuble de bureaux Sirius, au 124, rue de Verdun à Puteaux, rénové par le groupe Élysées Monceau, Jeanne, l’œuvre vidéo de Catherine Ikam & Louis Fléri, interagit avec les personnes qui entrent et sortent dès lors qu’elles passent devant son champ de vision. L’œuvre s’apparente à un portrait dans une stèle animée. « J’ai cherché à mettre le visage de mon modèle dans une boîte, comme dans une boîte magique », précise Catherine Ikam. « Le portrait est d’abord une présence, non une ressemblance », ajoute Louis Fléri. Ces pionniers en art génératif laissent percevoir l’épiphanie de l’être et son évanescence. « L’œuvre a une présence rassurante. J’ai beaucoup de plaisir à la saluer matin et soir », confie l’un des usagers du lieu. Les particules qui composent le visage de Jeanne s’assemblent ou s’éloignent en fonction de paramètres aléatoires et interactifs qui changent continuellement. Dotée d’une vie propre, en l’absence de visiteurs, l’œuvre évolue de façon imprévisible ».
Sacha Goldberger, une aventure collective
« Rue François-Ier, à Paris, devant l’ancien siège d’Europe 1, des bâches ont été recouvertes de tableaux à la manière de maîtres anciens. Le chantier a fait l’objet d’un projet artistique éphémère appelé Les Compagnons Renaissance. La série de portraits rappelle le prestige du lieu ; c’est aussi une action collaborative. Pour la réaliser, Ardian France a fait appel au photographe Sacha Goldberger, connu pour ses clichés inspirés de la Renaissance. Ainsi, la première phase du chantier présente six visages d’ouvriers compagnons qui ont travaillé à la réhabilitation de l’immeuble. La seconde met en scène les futurs commerces, avec des portraits de clients en costume d’époque avec leur collerette caractéristique, contrastant avec les objets d’aujourd’hui comme le smartphone. « Le clair-obscur est omniprésent. Je souhaitais donner l’illusion d’un tableau et créer chez les passants une hésitation : est-ce une peinture ? Est-ce une photographie ? » Une illusion qui interpelle, à en croire le nombre de passants tête levée, l’œil inquisiteur et le sourire aux lèvres. »
François-Charles Génolini, matière à tisser
« Au siège de la caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (MSA), qui occupe l’immeuble Luminem à Bobigny, BNP Paribas Real Estate a choisi de collaborer avec le designer François-Charles Génolini, inventeur du « tissu en béton », qui a notamment mis son art au service de la collection automne-hiver 2014-2015 de Karl Lagerfeld pour la maison Chanel. Dans le hall d’entrée, un grand voile pixellisé blanc sur fond noir accueille les visiteurs. « C’est en tesselles de béton ? », demande l’un d’entre eux, étonné par la puissance expressive de l’image. De loin, c’est une famille d’agriculteurs qui apparaît – la photographie qui a servi de support à la création figurait dans la banque d’images de l’organisme. De près, ce sont des dés de béton blancs sur une structure tissée. Chaque élément de cette maille symbolise l’individu dans son appartenance au projet du groupe. « J’ai souhaité mettre les gens au centre des préoccupations, souligne l’artiste. L’œuvre illustre la notion de changement de point de vue ».
Accorinvest, Afc Promotion, Aqprim, Ardian France, Bâti-Nantes, Belin Promotion, Bnp Paribas Real Estate, Boulle, Bouygues Bâtiment France Europe et Linkcity, Braxton Asset Management, Compagnie de Phalsbourg, Covivio, Dws Grundbesitz Gmbh, Eiffage Immobilier, Emerige, Erisma, Esprimm, Finestate, First Avenue, Gecina, Groupe Arcange, Groupe Élysées Monceau, Groupe Sofim, Groupe Terrot, Habside, Herrmann Frères & Fils, Immeubles Hines France, Icade Promotion, Marignan, Newstone, Ogic, Pierre de Seine, Pitch Promotion, Priams, Primalp, Redman, Safran Immobilier, Sévéa, Sifer Promotion, Soferim, Stanroc Real Estate, Toit Et Joie – Poste Habitat, Topaze Promotion, Toutimmo, Vestia Promotions, Victory Capital et Vinci Immobilier.
Alexia Guggémos, critique d’art, est l’auteure de L’Histoire de l’art pour les nullissimes (éd. First, 2017), une exploration sur plus de 35 000 ans dans laquelle art et architecture cohabitent. Sa formation à l’École du Louvre l’a poussée à créer en 1996 le premier musée virtuel sur internet, le musée du Sourire. Au début des années 2000, elle a été déléguée générale du Festival international du film de l’internet. Directrice de l’Observatoire social média, elle est aussi l’auteure du Guide de survie digitale, paru aux éditions In Fine. Elle a rejoint l’association des Filles de la photo, premier réseau professionnel féminin, qui lui a permis de choisir Emmanuelle Blanc comme regard partenaire pour la réalisation de l’anthologie 1 immeuble, 1 œuvre.
Emmanuelle Blanc, artiste, architecte DPLG, a collaboré avec des agences d’architecture, de scénographie et de paysage avant de se consacrer à l’image, fixe ou en mouvement. Son travail a été présenté dans plusieurs institutions et galeries françaises et européennes. Elle a participé à l’exposition « Paysages français, une aventure photographique, 1984-2017 » à la BNF avec sa série « Cartographie d’une extrême occupation humaine » et apparaît dans l’anthologie de Michel Poivert « 50 ans de photographie française » (éd. Textuel, 2019). Elle enseigne la photographie en lien avec les territoires, notamment à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles.