MGP : Vincent Jeanbrun remporte la primaire du groupe LRI face à Patrick Ollier

C’est un coup de tonnerre dans le ciel métropolitain. Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), ancien collaborateur de Valérie Pécresse et président du Forum métropolitain du Grand Paris, a battu Patrick Ollier lors de primaires organisées au sein du groupe Les Républicains et indépendants de la métropole.

Lors de primaires pour la présidence de la métropole du Grand Paris organisées mardi 7 juillet 2020 au sein du groupe Les Républicains et indépendants, Vincent Jeanbrun a recueilli 54 suffrages, Patrick Ollier 44, un élu s’abstenant. Selon nos informations, Patrick Ollier a pris acte de sa défaite et félicité son challenger. L’élection se tiendra ce jeudi à 9h au Palais des congrès de la Porte Maillot. Lors de ces primaires, le vote a eu lieu à bulletins secrets après deux heures de prises de paroles, dans une ambiance calme.

Lors de la réunion du groupe LRI, Jean-Didier Berger, maire de Clamart, et président de l’Alliance des territoires, figurait parmi les élus qui ont appuyé la candidature de Vincent Jeanbrun. tandis que Geoffroy Boulard, maire du 17° arrondissement, défendait celle de Patrick Ollier.

Patrick Ollier et Vincent Jeanbrun. © Jgp

Si la droite est largement majoritaire (voir ci-dessous) une part de suspense demeure néanmoins sur l’issue du vote de jeudi matin.

Au sein de la métropole, les clivages traditionnels ne sont pas toujours respectés. Ainsi, face à Vincent Jeanbrun, Patrick Ollier aurait été soutenu par les socialistes parisiens, au nom de la gouvernance partagée et de la défense d’une construction métropolitaine progressive. A gauche, chez les socialistes notamment, beaucoup estiment que l’objectif de Vincent Jeanbrun, proche de Valérie Pécresse, est d’obtenir l’affaiblissement, voire la suppression de la métropole, que la présidente de l’Ile-de-France n’a cessé de considérer comme un échelon « inutile et coûteux ».

A cette heure, aucune information n’a filtré sur l’éventualité d’autres candidatures, probables néanmoins, chez les socialistes comme au Front de gauche et pourquoi pas, dès lors, chez les Verts… ou à l’UDI. Le nom du maire centriste de Sceaux Philippe Laurent, secrétaire général de l’Association des maires de France circulait mardi soir. Une certitude, les Républicains ne disposent pas de la majorité absolue, celle-ci étant atteinte à 105 voix.

Deux conceptions de la métropole

En filigrane, ce sont deux conceptions de la métropole qui s’opposaient à travers le duel Ollier/Jeanbrun, le premier souhaitant faire des établissements publics territoriaux des arrondissements de la MGP, le second militant, à l’instar du président de Paris Est Marne & Bois Jacques JP Martin, pour que la métropole se transforme en un syndicat mixte, plus souple et stratégique, néanmoins doté d’un fonds d’investissement puissant.

« Ce soir, Patrick Ollier fait les frais de son incapacité à faire avancer la métropole sur les sujets importants, comme cela a été le cas pour le schéma de cohérence territoriale (Scot), estimait mardi soir Ivan Itzkovitch, animateur du Scot lors de la précédente mandature. Cette recherche permanente d’unanimité doit cesser. Vincent Jeanbrun est sans doute la bonne personne pour permettre à la métropole de sortir de la recherche permanente du consensus », poursuivait l’élu rosnéen.

« Les résultats de cette primaire illustrent la nécessité pour Paris de regarder autrement sa banlieue, dans une relation sans doute plus équilibrée, à l’image de la superficie de Paris intra-muros face à celle de la petite couronne et au-delà », commentait Jacques JP Martin. Pour le maire de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun doit favoriser la transformation des établissements publics territoriaux en établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) de droit commun, récupérant au passage la part de cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) aujourd’hui perçue par la métropole.

Des enjeux statutaires… et financiers

Au-delà des questions de personnes, et de partis, la métropole va entrer, après plus de quatre ans d’existence, dans une période de forte houle, notamment d’un point de vue financier et fiscal. Pour plusieurs raisons, qui doivent amener le législateur à trancher enfin. Les lois Maptam et NOTRe prévoient en effet, à ce stade, que le produit de la cotisation foncière des entreprises (CFE), qui s’élève à un peu plus d’un milliard d’euros sur le périmètre de la MGP, soit transféré à la métropole dès le 1er janvier 2021. Ce qui reviendrait à priver les territoires de toute autonomie fiscale. Depuis plusieurs années, l’Alliance des territoires se bat pour que cette disposition soit annulée.

Par ailleurs, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, (CVAE), la principale ressource fiscale de la métropole, qui s’élève elle aussi à plus d’un milliard d’euros par an, va subir, dés 2020, les conséquences de la crise sanitaire, plaçant la métropole dans une situation d’autant plus préoccupante que celle-ci reverse la quasi-totalité de son budget aux communes, dans une usine à gaz impénétrable, mais assurément déficiente.

Autrement dit, il est grand temps que le législateur révise en profondeur une loi déjà à bout de souffle quelques années après sa promulgation. Pour l’instant, l’Elysée a toujours préféré regarder ailleurs.

La métropole devra également, dès l’élection de son exécutif réglée, reprendre l’examen des sujets très clivants d’urbanisme programmatique (schéma de cohérence territoriale, plan métropolitain de l’habitat et de l’hébergement), stoppés depuis plusieurs mois dans l’attente de ce scrutin.

 

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