Patrick Ollier annonce sa candidature à sa succession à la métropole du Grand Paris. S’il est élu, il poursuivra la construction intercommunale, tout en s’engageant solennellement à ne pas réduire les attributions de compensation versées aux communes. Le maire de Rueil-Malmaison défend également son bilan, et sa liberté.
Etes-vous candidat à la présidence de la métropole du Grand Paris ?
Oui, après avoir longuement réfléchi, j’ai décidé d’être candidat au renouvellement de mon mandat à la présidence de la métropole du Grand Paris. J’ai pris cette décision en conscience, par rapport aux enjeux qui existent pour l’avenir de la Métropole, mais également pour tout ce qu’il reste à accomplir, dans l’immédiat, pour les communes, et au regard de ce que nous avons déjà accompli et engagé au cours des trois années budgétaires écoulées. Je souligne que pendant ces quatre ans, l’action que nous avons menée dans le cadre de la gouvernance partagée nous a permis d’avancer sans aucune polémique, de faire progresser les dossiers dans tous les domaines, ce qui constitue pour moi une grande satisfaction. Je pense que l’intérêt des habitants et celui des communes demandent que l’on poursuive dans ce sens.
Comment envisagez-vous l’acte II de la métropole ?
La réponse à cette question est complexe car elle est commandée par l’impératif d’attendre les décisions du président de la République et du gouvernement quant au changement éventuel de la loi et des modalités d’organisation de la métropole. Cela s’inscrira probablement dans la loi 3D – décentralisation, différenciation, déconcentration. Je verrai alors ce qu’il y a lieu de faire. Mais j’inscris ma candidature dans la poursuite de ce nous avons engagé pour rendre la métropole crédible et lisible.
Quel bilan tirez-vous de votre mandat de président de la MGP ?
Un de nos grands succès a sans doute été d’engager une action très forte pour le développement des villes, à travers le concours « Inventons la métropole du Grand Paris » qui a constitué une première en Europe. Il représente 77 sites sur les 131 villes concernées, au-delà même des frontières métropolitaines, avec des permis de construire déjà délivrés, même si le Covid-19 a retardé les calendriers de 3 à 4 mois. Cela va dégager, rappelons-le, 11 milliards d’euros d’investissements réalisés par le privé. Ce concours devient en outre, aujourd’hui, un élément extrêmement important de la relance économique de la France.
Vous soulignez également l’action du fonds d’investissement métropolitain (FIM) ?
Cela représente, en effet, quelque 127 millions d’euros, auxquels il convient d’ajouter le fonds d’investissement numérique, la gestion des milieux aquatiques et la protection des inondations (Gemapi) ainsi que diverses autres actions (centres-villes vivants, logistique du dernier kilomètre). Au total, la métropole a investi 200 millions euros au bénéfice des communes ! Je mentionnerais également le centre aquatique olympique que nous avons su gérer de manière à ce qu’il soit prêt pour les JOP 2024. Enfin, je citerais la zone à faibles émissions (ZFE), importante parce que ce sont les communes qui acceptent d’engager cette action pour réduire la pollution au sein de la métropole, dans un cadre volontariste.
Souhaitez-vous, lors de votre second mandat, faire en sorte que la métropole contribue davantage au rééquilibrage territorial ?
La politique de développement territorial que la métropole veut conduire est en effet une politique d’équilibre territorial. J’en veux pour preuve qu’au total, tous financements compris, le Val-de-Marne a bénéficié de 50 millions d’euros de subvention et la Seine-Saint-Denis 90 millions, lorsque les Hauts-de-Seine, dont je suis élu, ont reçu 43,4 millions. J’ai fait en sorte que les deux départements de l’Est, qui ont plus de besoins, puissent bénéficier de l’aide de la métropole. Nous, on ne parle pas de rééquilibrage territorial. On le fait ! J’ajouterais que les crédits attribués au titre du fonds d’investissement métropolitain le sont au regard d’un indice synthétique de richesse, et que nous venons de mettre en place, lors de la crise sanitaire, une dotation de solidarité communautaire (DSC).
Quel regard portez-vous sur l’intention de Vincent Jeanbrun de se porter candidat à la présidence de la métropole du Grand Paris ?
Je ne sais pas quel est le programme de Vincent Jeanbrun. Je signale au passage qu’il n’a pas été très présent depuis quatre ans au conseil métropolitain, puisqu’on ne l’a pour ainsi dire jamais vu. Mais j’observe que cette candidature spontanée est fondée sur des informations inexactes, notamment en ce qui concerne des recrutements, que la métropole, si j’ai bien lu la presse, effectuerait « à tour de bras ». La réalité, c’est que nous avons commencé nos travaux, en 2016, avec 12 agents issus de la mission de préfiguration. Aujourd’hui, avec l’augmentation progressive de nos compétences, nous sommes 76 agents. Ce serait excessif ? Soyons sérieux.
J’ai également lu que la métropole serait en déficit à cause du Covid-19. La crise sanitaire n’a aucune incidence sur le budget de la métropole. En revanche, elle peut en avoir sur la CVAE de 2021. Sa baisse peut, en effet, être un élément d’inquiétude. Il convient, sur ces sujets importants, d’être précis. Or nous avons pu bénéficier, grâce à une gestion précautionneuse, de 61,7 millions d’euros de report de 2019 à 2020. J’ajouterais qu’hélas, quel que soit le nom du président de la métropole demain, la CVAE baissera en 2021.
Allez-vous devoir réduire les attributions de compensation (AC) versées aux maires ?
J’ai pris l’engagement en 2016, adoubé par Gilles Carrez, que l’on ne toucherait pas aux attributions de compensation. Non seulement j’ai respecté cet engagement, mais j’ai fait en sorte que la métropole joue les amortisseurs, en compensant dans les budgets communaux les baisses de dotation qu’elles auraient mécaniquement subies si la métropole n’existait pas. Tous les maires le savent bien ! Si je suis réélu, les attributions de compensation ne baisseront pas. Je suis le président de la métropole des maires, dans le cadre d’une gouvernance partagée. C’est le lot de toutes les intercommunalités. Il est regrettable que certains semblent ne pas le comprendre.
Faut-il, selon vous, poursuivre les transferts de compétences des communes vers la métropole, et si oui lesquels ?
Je souhaite que ce mouvement progressif continue car nous sommes plus intelligents dans un périmètre global d’une métropole de 7 millions d’habitants que séparément, en se querellant sur des objectifs opposés.Je demande par exemple que nous soyons autorité organisatrice des mobilités (AOM) de 2e rang, afin que nous puissions gérer les circulations douces ou fluviales.
Vos opposants proposent de transformer la métropole en syndicat mixte, doté d’un fonds d’investissement puissant, qu’en pensez-vous ?
En vérité, ils proposent la mort de la métropole. Cette vision est à l’aune de la vision territoriale que Jacques JP Martin peut développer dans le cadre de l’Alliance des territoires. Cette querelle est stupide car elle consiste à opposer les territoires de la métropole alors que nous devons travailler avec le territoire dans l’intérêt des populations. Cette vision d’un syndicat mixte se substituant à la Métropole serait une régression par rapport à la loi qui existe déjà alors que dans toutes les grandes capitales du monde, il existe des aires métropolitaines qui s’appuient sur la zone dense.
Certains vous reprochent aussi d’être soutenu par la gauche socialiste ?
Encore une contre-vérité. Je ne suis pas l’otage de la gauche. J’en veux pour preuve le fait qu’en quatre ans, la gauche ne m’a empêché de réaliser aucun projet. L’intérêt général, qui est mon unique boussole, est déterminé par le projet que l’on défend, pas par les intérêts d’un maire, d’une strate, ou d’un clan.
Propos recueillis par Fabienne Proux et Jacques Paquier