Après l’Arep puis Groupe 6, l’architecte urbaniste parisienne, Grand prix de l’Institut, passionnée par les questions de mobilité, a créé son agence début 2016. Un combat quotidien pour s’imposer face aux majors.
Nichée au-rez-de-chaussée d’un discret immeuble du 11e arrondissement, l’agence Vera Broëz est à l’image de sa fondatrice : modeste et pratique. « J’ai voulu créer une agence à taille humaine », explique Vera Broëz, appuyant ses propos d’un regard soutenu, perceptible derrière de petites lunettes rondes.
A 58 ans, cette architecte urbaniste, d’un abord plutôt réservé, porte un regard sans concession sur son secteur professionnel. « Il est difficile de se faire une place face aux grandes agences quand on est un Petit Poucet dont le volume d’affaires ne dépasse pas 1 million d’euros », souligne-t-elle d’un ton ferme, mais sans aigreur, mettant en cause davantage un système que des individualités.
Sa ténacité lui a permis de coiffer au poteau les majors en remportant, début 2019, l’aménagement du quartier de la gare de Cholet (Maine-et-Loire). Vera Broëz met en avant sa « fierté » d’avoir remporté à la force du poignet cette mission, en totale adéquation avec ses domaines de prédilection : les transports, la mobilité, la requalification des espaces enclavés et la ville.
Dès son arrivée de Yougoslavie à Saint-Ouen et passé le choc de la brutale transition entre nature totale et bitume intégral, la petite fille de dix ans a voulu comprendre comment une ville avait pu autant s’éloigner de son environnement naturel. Une quête qui a guidé sa carrière débutée à l’agence des gares de la SNCF, puis à Arep. « Les sujets de mobilité permettent de comprendre comment fonctionne une ville en profondeur et font émerger le projet urbain », développe Vera Broëz.
Retour aux sources
« Le double enjeu est de réussir à faire consensus autour d’un projet sans pour autant être fade, et de concevoir un processus d’urbanisation pouvant évoluer », poursuit celle qui deviendra par la suite responsable de la cellule « urbanisme et mobilité », où elle travaille à l’élaboration des pôles d’échange et à l’aménagement des quartiers autour des gares de Rennes, La Rochelle, Lorient, Grasse, Gap et même Turin…
Souhaitant renouer avec des problématiques plus larges, Vera Broëz quitte l’Arep et rejoint l’agence grenobloise Groupe 6 pour créer un pôle dédié aux projets urbains à Paris. C’est dans ce cadre que Vera Broëz intervient notamment sur les pôles gare de Stains (Seine-Saint-Denis) et de Corbeil-Essonnes, ainsi que sur le plan guide 2030 de La Défense.
Pour le Grand Paris express, elle réalise les études préalables des sites de maintenance de Gonesse (Val d’Oise) et de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), puis la maîtrise d’œuvre de celui d’Aulnay-sous-Bois et de la gare Maison Blanche (13e arr.), dans le cadre du prolongement de la ligne 14. Ces deux projets restent dans son portefeuille lorsqu’elle quitte Groupe 6, ayant toujours caressé le rêve de fonder sa propre agence. Aujourd’hui, elle développe de nombreux projets tels que le pôle d’échange de la gare du futur métro des Six-Routes à La Courneuve ou le prolongement de la ligne 1 du métro à Val de Fontenay.
A bientôt 60 ans, l’épouse de l’architecte Laurent Broëz, avec lequel elle a eu deux enfants, se verrait bien donner un peu de son expertise à son pays d’origine. Un retour aux sources pour transmettre les valeurs de son engagement en faveur d’un « aménagement durable et d’un urbanisme plus humain, fondé sur le partage ».