Christine Leconte – Architecte pour tous

Présidente du conseil régional de l’ordre des architectes, Christine Leconte veut élever l’architecture comme « premier bien culturel accessible à tous ».

Il y a de la retenue dans le visage juvénile de Christine Leconte. Pourtant, elle est encore sur le ring du combat des architectes contre la loi Elan, adoptée. Ereintée, elle ne déclarera pas le K.O, mais concède le terme « grave » pour désigner les articles consacrés à l’architecture. On pourrait l’imaginer derrière un pupitre déroulant un discours politique, mais pour l’heure, « mon parti politique c’est l’architecture », appuie-t-elle. Elle a avant tout développé un solide entourage d’élus et de bailleurs qui ont soutenu l’ordre des architectes dans ses mobilisations contre la loi Elan. Pour en arriver là, Christine Leconte s’est façonné un multilinguisme qui, brisant les frontières du corporatisme, lui a permis de se fondre dans les discussions avec des élus comme avec des opérateurs privés. Malgré ce poste de présidente qu’elle dit « prendre à bras-le – corps », Christine Leconte garde ses influences et ses idéaux chevillés au corps.

Dès son plus jeune âge, Christine Leconte a été baignée dans les symboliques architecturales. D’un père ingénieur centralien, elle garde « un regard très aiguisé sur la construction et la compréhension de la technique au service de l’usage ». Dans les effluves de mer et de mazout du Havre où elle a grandi, « j’ai eu cette sensibilisation au patrimoine de la reconstruction, dans cette ville détruite par la guerre ». D’une fenêtre avec vue sur mer, ses parents « aimant les grands horizons» lui offrent un tout nouveau paysage, celui de Marly-le-Roi « avec une vue sur ses tours, que je trouvais magnifique ».

Christine Leconte

Christine Leconte. ©Jgp

Dans cet environnement d’urbanité nouvelle, la quadragénaire a aussi accordé une large place à la nature. Si l’école d’architecture de Versailles où elle a fait ses gammes lui offre d’être charrette dans un cadre aussi clinquant que verdoyant, c’est un voyage d’études qui acte sa réflexion sur le paysage. En Finlande, elle se prend « une première grande gifle » du fantôme d’Alvar Aalto. « Je découvrais à quel point l’architecture pouvait être puissante, ingénieuse et généreuse », se souvient-elle.

Gymnaste ou architecte

Cette générosité, Christine Leconte veut la rendre et la transmettre tant dans l’enceinte du conseil régional des architectes d’Ile-de-France que de l’école de Versailles où elle enseigne. C’est aussi un idéal qui la traverse même quand, jeune, elle hésitait entre une pratique professionnelle de la gymnastique ou celle de l’architecture.

« Ne voulant pas séparer les deux passions », elle est parvenue à les lier, deux diplômes à la clé. Aujourd’hui, l’une nourrit l’autre et la gymnastique, où elle a mis « beaucoup de temps et de coeur », lui apprend « les bases de la rigueur, l’attention aux autres, le rôle entre espace et corps ».

On dit que la danse est un langage universel, et Christine Leconte aimerait qu’il en soit de même pour l’architecture. « Cela prend du temps de recréer le lien entre architecture et société, et les erreurs du passé n’ont pas permis cette réconciliation », s’agace-t-elle, tout en s’avouant cernée par les paradoxes, « l’architecture est directement liée au cadre de vie qui concerne tout le monde, alors que la profession est encore perçue comme quelque chose de pointu ». Mais depuis sa tribune « grand public » qu’est le Croa d’Ile-de-France, Christine Leconte continuera de marteler que « les lieux sont aussi des liens ».

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