Une cinquantaine « d’intermittents du spectacle et de l’emploi », occupent l’Odéon

En fin de soirée, jeudi 4 mars 2021, une cinquantaine d’intermittents du spectacle, mais aussi des représentants d’autres professions empêchées par le confinement occupaient toujours l’intérieur de l’Odéon, sans heurts. La CGT spectacle et ses différentes sections orchestrent ce mouvement.

Parallèlement à la manifestation de mobilisation au soutien du monde de la culture, partie en début d’après-midi de la place de la République jusqu’à la Madeleine, une cinquantaine « d’intermittents du spectacle et de l’emploi », comme ils se nomment eux-mêmes, ont pénétré jeudi 4 mars vers 15 h, à l’intérieur de l’Odéon-théâtre de l’Europe, scène nationale dirigée par Stéphane Braunschweig, lieu symbolique puisqu’envahi le 16 mai 1968 par un comité d’action souhaitant « tuer le théâtre bourgeois ».

L’Odéon-théâtre de l’Europe était occupé jeudi soir. © Jgp

« Nous voulons interpeler le gouvernement, que l’on entende nos revendications », arguait Lucie, danseuse aérienne, derrière la grille. @Jgp

Les occupants souhaitent un rendez-vous avec le gouvernement pour négocier les conditions de la réouverture des salles de spectacle. © Jgp

En fin de soirée, seule une douzaine de policiers assurait la surveillance de l’entrée, de leur estafette.©Jgp

Artistes de différentes disciplines, personnels de la restauration ou guides-conférenciers demandent cette fois des aides à la création et à l’ouverture de négociations sur la réouverture des lieux de spectacle vivant. « Laissez-moi travailler, je veux rendre les gens heureux », chantait dans l’après-midi un artiste, lors d’un concert improvisé au premier étage de l’établissement, qui a dépêché ses propres agents de sécurité pour proscrire toutes nouvelles entrées dans le théâtre.

Après une assemblée générale, tenue dans la soirée, jalonnée de prises de parole, parfois longues, les occupants confiaient vouloir rester sans préciser de délais. « Nous ne sortirons pas avant qu’un conseil national des professionnels du spectacle soit convoqué avec Roselyne Bachelot et Jean Castex », a indiqué à l’AFP Karine Huet, secrétaire générale adjointe du Snam-CGT (Union nationale des syndicats d’artistes musiciens de France CGT). En fin d’après-midi, les forces de l’ordre s’étaient mobilisées autour de l’Odéon pour en barrer l’accès à des manifestants s’étant détachés du cortège pour tenter de rejoindre l’occupation. Mais en fin de soirée, seule une douzaine de policiers assurait la surveillance de l’entrée, de leur estafette.

« Je n’y crois plus »

« Nous sommes venus pour occuper le lieu, résumait Lucie, danseuse aérienne, et Jennifer, clown, à l’entrée du théâtre, la presse, pas plus que quiconque, n’étant autorisée à entrer dans les lieux. Un rapport de force s’installe toujours assez rapidement lors d’une occupation », poursuivaient les deux jeunes artistes, assurant que la direction du théâtre de l’Odéon avait demandé aux forces de l’ordre de ne pas pénétrer dans l’établissement. « Nous voulons interpeler le gouvernement, que l’on entende nos revendications, arguait Lucie, derrière la grille. On nous laisse complètement de côté ». La jeune femme indique qu’elle ignore si elle pourra conserver son statut d’intermittent au-delà d’août prochain.

« Pourquoi laisse-t-on ouvert le BHV ou le métro et pas les salles de spectacle ? Lors de la réouverture des lieux culturels, à l’automne dernier, aucun cluster ne s’est déclaré », ajoute-t-elle. « J’étais ce matin en répétition, pour un spectacle de danse verticale, mélangeant cirque et danse classique, prévu pour l’ouverture d’un musée en avril. Je n’y crois pas du tout, on travaille sans aucune capacité à se projeter ». « Cette date a été choisie parce que c’est la date anniversaire des premières restrictions dans le milieu de la culture, et parce que demain s’ouvrent les premières discussions autour du rapport Gauron, commandé par le ministère sur l’année blanche des intermittents », a expliqué au Parisien Clément, musicien et membre de la CGT.

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