(3/5) Législative partielle (20e) : Danielle Simonnet, au service de l’émancipation

Native de la Seine-et-Marne, c’est pourtant dans le 20e arrondissement que Danielle Simonnet espère faire élire un 18e député Insoumis à l’Assemblée nationale. Celle qui arpente les rues du 20e depuis 20 ans entend envoyer, lors de la législative partielle qui se tiendra les 4 et 11 avril prochains, un signe fort afin de « tourner la page en 2022 ».

L’expérimentée conseillère de Paris y croit cette fois-ci. « Tous les jours, je suis sur le terrain, lors de nos balades militantes, sur les marchés ou à l’occasion des porte-à-porte physiques ou phoniques, l’accueil est excellent, les gens ont envie de parler, ça se sent, ils en ont ras-le-bol et la lumière au bout du tunnel s’incarne dans la France Insoumise », souligne Danielle Simonnet dans son bureau de la place de l’hôtel de ville. Conseillère du 20e arrondissement puis conseillère de Paris depuis 2001, elle estime figurer parmi les favorites du scrutin aux côtés de la candidate socialiste, Lamia El Aaraje, dans un arrondissement très ancré à gauche.

Tous les jours sur le terrain, Danielle Simonnet tracte ici sur le marché Pyrénées aux côté de son candidat suppléant, Simon Duquerroir. © Jgp

Dans ce contexte si particulier, entre couvre-feu et menace de reconfinement, mener une campagne n’est pas une mince affaire et elle le reconnait volontiers : soirées porte-à-porte et meetings lui manquent. C’est pourquoi elle aimerait organiser un débat entre les candidats sur une chaîne régionale. Une manière de médiatiser l’élection – « les gens ne sont pas au courant », dit-elle – et de comparer les idées, « j’ai beau chercher mais je ne trouve pas le programme de la candidate socialiste », assène-t-elle. Le sien s’inscrit pleinement dans celui de l’Avenir en commun porté par Jean-Luc Mélenchon.

Santé, écologie et augmentation des minimas sociaux

« Etat d’urgence sociale », « bifurcation écologique » et « planification sanitaire » constituent les grandes lignes de ses propositions. « Depuis le premier confinement et malgré la pandémie, les suppressions des lits hospitaliers se poursuivent, signale-t-elle. A aucun moment la maire de Paris, en sa qualité de présidente du conseil de surveillance de l’AP-HP n’a tapé du poing sur la table pour dénoncer cette casse de l’hôpital public ». Elle propose par ailleurs une revalorisation salariale des personnels de santé, la gratuité des masques et la création d’un brevet public sur les vaccins. « La France doit se battre pour que les vaccins deviennent un bien commun et assurer ainsi un accès universel », ajoute-t-elle. La défense de l’Hôtel-Dieu ou du centre IVG de Tenon font aussi partie de ses combats.

« Je ne vais pas juste voir les gens en leur disant, voici mon programme élisez moi, je les accompagne par la suite », explique Danielle Simonnet. © Jgp

« Nous avons de très bon retours sur le terrain », raconte la candidate insoumise. © Jgp

Sur la crise sociale, « le gouvernement tape sur les chômeurs alors qu’il faudrait interdire les licenciements jusqu’à la fin de la crise sanitaire et augmenter les minimas sociaux », propose-t-elle. Comme son concurrent communiste, elle souhaite étendre le RSA pour les jeunes de moins de 25 ans. La reprise de la dette privée des bars, restaurants et établissements culturels figure également parmi les idées qu’elle défend. Son QG de campagne est installé dans un bar du 20e, le Zabar.  « Notre loyer permet de les soutenir, plutôt que d’enrichir un propriétaire privé en louant un local ».

A rebours des autres candidats, la cocoordinatrice du parti de gauche suggère la tenue d’un référendum sur l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques en 2024 à Paris. « Ce n’est plus du tout une priorité, dénonce-t-elle. Ce grand déménagement du monde que sont les olympiades est un non-sens écologique, qui bousille les jardins ouvriers d’Aubervilliers avec des équipements qui ne correspondent pas aux besoins de la Seine-Saint-Denis », ajoute-t-elle. En faveur de la défense des terres agricoles, elle soutient le projet Carma au Triangle de Gonesse. « La bifurcation écologique, c’est 300 000 emplois que nous pouvons créer dans l’agriculture bio et paysanne, des emplois utiles socialement ».

« Collecter la colère »

Les questions démocratiques et « la restauration des libertés » constituent un autre axe de son programme. Retrait de la loi sécurité globale et de la loi sur le séparatisme, instauration d’un récépissé contre le contrôle au faciès, « que les jeunes du 20e subissent régulièrement », et d’une constituante pour la sixième République sont au cœur de son combat « au service de l’émancipation et de l’auto-organisation des citoyens qui doivent récupérer pouvoir et souveraineté ». Sur les violences sexistes et sexuelles, elle voit le féminisme comme un « point de départ » et un « aboutissement » et entend légiférer en faveur de la création d’une instance commune pour les trois fonctions publiques afin d’enquêter sur ces violences dans l’administration et ainsi briser « l’omerta qui peut y régner ».

« On sent bien que les gens ont envie de parler et ils expriment un vrai ras-le-bol », indique la conseillère de Paris. © Jgp

Autre priorité, le logement. « Avec le dispositif locataire insoumis, basé sur l’expérience de Python-Duvernois, quartier enclavé et délabré, nous souhaitons mobiliser les habitants, collecter leur colère et leur proposer de coorganiser la résistance afin de rénover et reloger directement », propose-t-elle. Création d’un service public de lutte contre les punaises de lit et instauration d’amendes dissuasives pour les fabricants d’ascenseur en cas de panne non réparée font enfin partie de l’arsenal législatif qu’elle entend promouvoir.

Favorable au projet de rénovation de Python-Duvernois, qui doit être achevé en 2026, elle dénonce toutefois la lenteur du processus. « Le pire, c’est que la mairie a conscience de l’insalubrité de ces immeubles, mais ils font face à une logique budgétaire contraignante, explique-t-elle. S’ils assumaient le recours à l’emprunt, ils pourraient ainsi anticiper le relogement des habitants ». Seul regret pour la candidate insoumise, la fin de non-recevoir des communistes quant à sa proposition d’alliance.

 

Lundi prochain : Antoinette Guhl, candidate d’Europe écologie-Les Verts.

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