Pour la première édition de Cap green, mercredi 5 juillet 2023, l’économiste Philippe Dessertine ou encore le directeur régional de l’Ademe Ile-de-France Jérémie Almosni ont dialogué avec différents dirigeants de la Caisse d’épargne Ile-de-France et de la BPI sur le financement de la transition écologique. L’occasion pour Philippe Dessertine de brosser un tableau décapant des mutations en cours, notamment grâce au développement fulgurant de l’intelligence artificielle. Et pour la banque de présenter une série de nouveaux outils – et de partenariats – en faveur de la transition environnementale.
La Caisse d’épargne Ile-de-France a lancé, mercredi 5 juillet, au siège de l’établissement, rue Neuve Tolbiac (Paris 13e arr.), la première édition de Cap green. L’évènement s’annonce régulier et vise à sensibiliser et informer les collaborateurs de la Caisse, ses clients et partenaires au sein des entreprises, mais aussi des associations ou des collectivités territoriales, sur les enjeux de la transition environnementale. En introduction de la soirée, l’économiste Philippe Dessertine s’est livré à un exercice d’optimisme tout en encourageant l’auditoire à prendre la mesure des ruptures en cours. Une transition dont il compare l’ampleur à celle de la révolution industrielle, « sauf que cette fois toute la planète est concernée simultanément ».
Le directeur de l’Institut de haute finance à Paris, enseignant à l’IAE de Paris ainsi qu’à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne a insisté sur la nécessité d’une transition qui prenne en compte les besoins de développement des 8 milliards d’habitants de la terre dans leur totalité. Il a fixé l’alignement de l’espérance de vie à 80 ans pour l’ensemble de la planète comme objectif à atteindre. « Si les Américains produisent en moyenne 13 t d’équivalent carbone par habitant et par an, les Français ne sont pas mauvais élèves avec 4,5 t contre une moyenne européenne de 7 t, mais le bilan carbone de la Zambie s’élève à 0,32 t par habitant », a-t-il indiqué pour illustrer l’ampleur des disparités de niveau de vie et d’empreinte carbone.
La fulgurante accélération de l’intelligence artificielle
La pandémie a démontré que nos habitudes pouvaient radicalement changer en un soir, après une simple allocution télévisée, a rappelé Philippe Dessertine pour illustrer sa conviction qu’un sursaut général est possible pour tenir nos engagements climatiques. « A condition toutefois, pour que les gens acceptent de changer de modèle, qu’un nouveau modèle existe ». En l’espèce, l’économiste croit à la science et aux mathématiques – dont il a décrit les avancées fulgurantes réalisées au cours des dernières années – en particulier. « Grâce à l’approche nodale, qui a permis des bonds sans précédent dans ce que l’on appelle les big data ou le développement de l’intelligence artificielle ».
« Mes amis scientifiques me disent qu’ils n’auraient jamais pensé connaître des avancées aussi rapides de leur vivant », a-t-il poursuivi. A l’image de la valorisation d’Open IA, le laboratoire qui a inventé Chat GPT, acquis pour 29 milliards de dollars par Microsoft et que Google serait prêt à racheter aujourd’hui pour 400 milliards de dollars. « 330 000 milliards de dollars de dettes circulent dans le monde, contre 100 000 milliards que représente le PIB mondial. Il y a donc 230 milliards d’excédents qui ne demandent qu’à s’investir, par exemple dans le développement de l’IA », a-t-il résumé, convaincu de l’accélération encore accrue de la science dans les mois et les années qui viennent grâce à cette manne. Au service de la transition écologique notamment.
Pour conclure, Philippe Dessertine a insisté sur la nécessité d’œuvrer pour inventer un nouveau modèle solidaire. « Quitte à changer de monde, autant que le nouveau soit meilleur », a-t-il résumé, se félicitant de la prise en compte croissante des critères extra-financiers dans la notation des grandes entreprises, ou de l’attractivité inédite des fonds d’investissement dédiés à la transition environnementale.
Lancement du prêt Green
Plus concrètement, ce premier rendez-vous a été également l’occasion pour la banque francilienne d’annoncer l’élargissement de son offre de financement avec le lancement du prêt Green destiné à financer les investissements verts de ses clients, mais aussi avec le développement de partenariat avec l’Ademe Ile-de-France pour apporter à ses clients de l’expertise et du conseil au service de leur transition environnementale. Jérémie Almosni, directeur régional de l’Ademe Ile-de-France, a rappelé à cette occasion le poids considérable de l’immobilier au sens large dans l’empreinte carbone de la région Capitale.
La Caisse d’épargne Ile-de-France s’engage également avec Bpifrance à expérimenter auprès de ses clients PME le diagnostic Décarbon’action réalisé par Bpifrance. Il permet de structurer une démarche de transition écologique et d’établir un plan d’action pertinent.
L’objectif est de mettre à disposition des clients de la Caisse d’épargne Ile-de-France une boîte à outils, en partenariat avec des bureaux d’étude sélectionnés sur la base de critères exigeants et une prestation encadrée avec un coût subventionné par l’Ademe. Le Diag Décarbon’action vise notamment à mesurer et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour limiter l’impact de leur activité globale sur le climat. Et leur permettra de rester référencés par leurs parties prenantes.
« La Caisse d’épargne Ile-de-France s’engage à dédier une enveloppe de financement d’un milliard d’euros aux projets environnementaux menés sur son territoire en 2023-2024 », a souligné Sébastien de Vanssey, directeur des clientèles institutionnelles et des professionnels de l’immobilier à la Caisse d’épargne Ile-de-France.
Pascal Chabot : « Guider nos clients dans leurs projets de transition environnementale »
« Au-delà de financer une économie plus verte, la Caisse d’épargne Ile-de-France a pour objectif de sensibiliser, d’informer et de guider ses clients dans leurs projets de transition environnementale, a souligné Pascal Chabot, membre du directoire en charge de la Banque du développement régional à la Caisse d’épargne Ile-de-France, en conclusion de la soirée. Les entreprises sont soumises à des réglementations de plus en plus exigeantes en matière de RSE. Elles doivent également valoriser leur démarche RSE vis-à-vis de leurs parties prenantes. Dans ce contexte, leurs besoins de financement progressent afin d’optimiser leurs processus de production, verdir leurs parcs immobiliers ou faire évoluer leurs flottes automobiles vers des véhicules propres. Nous sommes à leurs côtés pour les conseiller et leur apporter les solutions de financement nécessaires pour faire face à ces réorientations. Nos partenariats avec Bpifrance et l’Ademe Ile-de-France vont nous aider à remplir pleinement cette mission auprès des PME et des collectivités », a-t-il conclu.
la Caisse d’épargne Ile-de-France lance le prêt Green qui vise à financer des actifs verts. Selon la nature de l’investissement, il se décline en quatre types de prêts :
1. Le prêt Green Rénovation énergétique est conçu pour financer les travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique d’un bâtiment et de sa gestion (isolation, système de chauffage, de ventilation, éclairage…).
2. Le prêt Recours aux énergies renouvelables est destiné à financer le stockage d’énergies renouvelables ou l’installation d’unités d’énergies renouvelables liées au bâtiment tels qu’une chaudière à bois, solaire thermique ou photovoltaïque, du matériel éolien, le remplacement d’une chaudière fioul par une pompe à chaleur, etc.
3. Le prêt Green Mobilité verte a vocation à réduire l’impact environnemental des déplacements dans le cadre d’une activité et favoriser ainsi l’accès à des véhicules propres (véhicules de tourisme ou utilitaires électriques, hybrides, GPL ou GNV, achat de vélos électriques) et à l’installation du matériel de recharge (bornes de rechargement pour voitures électriques, à hydrogène et travaux d’installation de ces bornes).
4. Le prêt Green Transition d’activité a pour but de financer les travaux permettant de réduire la consommation d’énergie des outils et procédés de production et/ou des ressources utilisées dans le cadre de l’activité, à savoir un traitement d’eau performant, un économiseur/condenseur, une isolation thermique des parois planes ou cylindriques sur des installations industrielles, un système de mesurage d’indicateurs de performance énergétique, etc.
Le prêt à impact est une offre de financement destinée à soutenir les clients de la Caisse d’épargne Ile-de-France qui ont entamé une démarche RSE volontariste en proposant un taux d’intérêt indexé sur une performance environnementale ou sociale. A ce jour, 19 projets de prêts à impact ont déjà été réalisés auprès de bailleurs sociaux, promoteurs immobiliers et collectivités pour un montant de 220 millions d’euros.
Depuis le début de l’année, la Caisse d’épargne Ile-de-France a participé au financement de projets d’énergies solaires, éoliennes, de géothermie, de méthanisation ou encore d’usines de valorisation énergétique à hauteur de 300 millions d’euros.