Remise le 22 mars à Michel Sapin, l’édition 2017 de l’Observatoire des délais de paiement constate une stabilité du règlement des factures entre entreprises en 2015, et une légère réduction en 2016. Ils sont supérieurs à la moyenne nationale en Ile-de-France. La stabilité est également de mise du côté du secteur public.
Jeanne-Marie Prost, présidente de l’Observatoire des délais de paiement, a remis le 22 mars 2017 au ministre des Finances, Michel Sapin, l’édition 2017 du rapport annuel de l’Observatoire des délais de paiement. Il ressort de ce travail réalisé à partir des bilans 2015 une stabilité des délais de paiement interentreprises par rapport à 2014, sachant que le délai réglementaire est de 60 jours à compter de la date d’émission de la facture. En effet, le solde de crédit interentreprises (décalage de trésorerie entre les règlements des clients – 44 jours de chiffre d’affaires – et les paiements aux fournisseurs – 50 jours d’achats) reste à 12 jours de chiffre d’affaires.
Rapport de force favorable aux grandes entreprises
Le tiers des entreprises subit toujours un retard de règlement et 29 % paient en retard leurs fournisseurs. « Le rapport de force reste favorable aux grandes entreprises », souligne l’Observatoire. Moins d’une grande entreprise sur deux paie son fournisseur dans les délais contre deux PME sur trois. Les ETI (entreprises de taille intermédiaires) sont plus nombreuses à subir un retard que les PME et les grandes entreprises (39 % et 32 %). Trois secteurs « souffrent particulièrement » de retards de paiement de leurs clients supérieurs à 60 jours : la construction (64 jours), affectée par la pratique de délais cachés ; le soutien aux entreprises (76 jours) ; l’information et la communication (78 jours).
Pour 2016, l’étude conjoncturelle réalisée par Altarès constate, de son côté, une réduction sensible des délais de paiement avec un retard de paiement moyen inférieur à 12 jours (11,6 jours). Si le niveau des délais moyens de paiement varie d’une région à l’autre, les écarts sont directement liés aux tissus économiques très disparates entre les territoires, « ce qui influence directement le niveau des délais moyens observés ». Ainsi, l’Ile-de-France figure parmi les trois régions où les délais de paiement clients sont les plus élevés. Mais, cela s’explique par le fait que les trois secteurs cités précédemment et présentant des délais supérieurs à 60 jours y sont sur-représentés (40 % des entreprises contre 30 % en moyenne). En corrigeant ce biais, les délais de paiement sont « légèrement supérieurs » à la moyenne nationale en Ile-de-France.
« Risque réel pour l’économie »
En occasionnant des problèmes de trésorerie, « les retards de paiement présentent un risque réel pour l’économie », prévient l’Observatoire, ainsi si clients et fournisseurs respectaient le délai légal de 60 jours, la trésorerie nette libérée est estimée à 11 milliards d’euros. Le secteur public de son côté présente pour 2016 un délai global de paiement moyen (délai entre la date de réception de la facture par les services de l’Etat et sa mise en paiement par le comptable) stable à 24,5 jours (24,7 jours en 2015), soit en dessous du seuil réglementaire de 30 jours. Des disparités importantes existent tant entre les divers ministères qu’entre les différents niveaux de collectivités territoriales. Alors que le ministère de l’Economie et des Finances met moins de 16 jours pour payer ses fournisseurs, celui de la Justice dépasse allègrement le délai réglementaire (38,6 jours).
Avec un délai de paiement de près de 37 jours, les régions sont, avec les métropoles (31 jours), les plus mauvais élèves du secteur public local. En revanche, les communes font partie, avec les départements (21,6 jours), des acteurs les plus rigoureux en matière de respect des délais de paiement. Non seulement elles figurent en dessous de la moyenne nationale (22 jours contre 27,4 pour l’ensemble du SPL), mais elles améliorent leur performance (24 jours en 2015). « Plus les collectivités sont importantes en termes de population, plus le délai global de paiement tend à s’allonger », constate l’Observatoire qui compte sur la généralisation, depuis le 1er janvier 2017, de la facturation électronique pour les grandes entreprises fournisseurs des collectivités locales pour réduire ces délais.