La REcyclerie, tiers-lieu écoresponsable du 18e arrondissement

Un restaurant, un potager, des poules, des ateliers, du miel… autant d’éléments que l’on ne s’attend pas à retrouver dans un même lieu à la Porte de Clignancourt (Paris, 18e arr.).

Ouverte en juin 2014 dans une ancienne gare de la petite ceinture parisienne (Ornano), la REcyclerie s’est bien développée avec ses 1 000 événements par an, sa quarantaine d’employés et ses 2,6 millions de chiffre d’affaires l’an passé. Ce tiers-lieu, initié par Sinny & Ooko et situé à la sortie du métro Porte de Clignancourt (18e arr.), est dédié à l’écoresponsabilité, thème qui guide les activités et les expérimentations qui y sont organisées. « Nous souhaitions créer un espace de responsabilisation des habitants et montrer que l’on peut fertiliser, végétaliser, s’autonomiser dans un espace très dense », signale Marion Bocahut, cheffe du projet écoresponsable.

Recyclerie

La Recyclerie a ouvert il y a trois ans dans une ancienne gare de la petite ceinture du 18e arrondissement. © JGP

De la végétalisation, le lieu n’en manque pas : de la toiture dont les plantes envahissent la façade, au potager qui borde les rails – et déborde de toute part en ce mois de juillet. Une visite de l’un à l’autre – qui passe par l’atelier de réparation, le très vert restaurant, l’enclos des poules et l’hôtel des insectes – permet de découvrir la richesse du bâtiment fréquenté par 600 personnes chaque jour pour la partie bar-cantine.

Apprendre à réparer

C’est d’ailleurs par le café-sandwicherie (baptisé le Corner), qui ouvre tous les jours à 8 h, que le visiteur découvre La REcyclerie et son style rustique hérité de son mobilier chiné. Il faut encore attendre pour accéder à l’ambiance foisonnante du restaurant. L’atelier de REné dispose, lui, de sa propre entrée pour permettre aux 400 membres de l’Association des amis recycleurs de venir emprunter des outils ou apprendre à réparer des objets. « Les trois R (réduire, réutiliser, recycler), les initiatives collaboratives et le do it yourself sont des valeurs qui guident le lieu dans sa conception, sa programmation et son offre de restauration », insiste le texte de présentation du projet.

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L’Atelier de REné accompagne ses 400 adhérents dans la réparation d’objets. © JGP

Les nombreux ateliers et événements – avec une thématique annuelle (en 2017 : les écoptimistes en campagne) -, animés par différents partenaires et la plupart du temps gratuits, rythment d’ailleurs la vie des lieux. En petits groupes de cinq à dix personnes, lors de conférences de 100 à 150 participants ou de fréquents vide-greniers (dans les cabanons situés sur le quai), les occasions sont nombreuses de croiser habitants du quartier ou venus de plus loin avec des motivations variées. A destination des migrants ou des enfants pendant les vacances, les publics visés sont également divers. La Ruche qui dit oui y distribue aussi ses commandes de produits bio.

Objectif pédagogique

Chacune des activités a un objectif pédagogique, et les nombreuses pancartes explicatives qui décorent les murs ont, de même, cette vocation. Le tri des déchets par les clients du restaurant ou le démonstrateur d’aquaponie visent, par exemple, à faire passer des messages dans l’esprit du projet. Et il ne s’agit pas que de discours puisque, entre le compost et les 17 poules, ce sont huit tonnes de déchets qui sont valorisées sur le site chaque année.

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Le bar-cantine accueille 600 personnes par jour et assure la pérennité financière du lieu. © JGP

La REcyclerie se veut également productive, avec un potager dans lequel pousse sur 400 m2 salades, radis, choux, tomates, aromates, etc. Différents types de cultures y sont expérimentés, toujours dans un esprit de sensibilisation et dans le respect de l’agroécologie. Cette impressionnante « forêt comestible » qui s’étend le long des quais est entretenue par deux personnes qui mettent actuellement en place une serre d’aquaponie de 150 m2 en lien avec Citizenfarm. De quoi alimenter plus substantiellement la cuisine du restaurant qui, jusqu’ici, ne pouvait s’approvisionner que de manière anecdotique. « Nous montrons ainsi qu’il est possible de produire en zone urbaine et nous perpétuons le couloir de biodiversité que constitue la petite ceinture », remarque Marion Bocahut.

Le modèle économique de ce projet, soutenu notamment par Veolia, Black&Decker ou Les Fondations Edmond de Rothschild, est propre aux tiers-lieux avec des activités lucratives qui financent celles qui ne le sont pas. Ainsi le restaurant et le bar ferment certains soirs à 2 h du matin, assurant suffisamment de revenus pour faire vivre les missions associatives. Une économie circulaire appliquée dans tous les sens du terme.

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Le potager situé le long des rails abrite de nombreuses espèces végétales, des nichoirs à oiseaux, un démonstrateur d’aquaponie et un hôtel à insectes. ©JGP

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Le café-sandwicherie ouvre chaque matin à 8h pour lancer l’activité de la REcyclerie. © JGP

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Le centre de tri destiné aux clients du restaurant est un bon exemple de la vocation pédagogique du projet. © JGP

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Après avoir commandé au bar, les clients du restaurant rejoignent leur table en attendant que leur repas soit prêt. © JGP

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Le toit végétalisé accueille plusieurs ruches dont le miel a été élu « meilleur du Grand Paris ». © JGP

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Les visiteurs pourront croiser des poules, des canards, des cochons d’Inde ou d’autres animaux de passage. © JGP

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