Le Hasard ludique fait revivre la gare Saint-Ouen

Le Hasard ludique est chargé depuis 2013 de redonner vie à la gare Saint-Ouen de la petite ceinture (17e arr.). Avant l’ouverture au printemps 2017, la coopérative anime déjà le quartier.

« Une longue aventure. » Ainsi Vincent Merlet qualifie ce projet né il y a cinq ans, quand cet habitant de la porte Saint-Ouen à Paris a enquêté pour connaître l’histoire et l’avenir de ce bâtiment. L’ancienne gare de la petite ceinture ferroviaire venait alors d’être rachetée par la mairie de Paris qui souhaitait en faire un lieu culturel. « Cela correspondait à l’idée que je projetais, j’en ai alors parlé à des amis qui étaient, comme moi, dans le secteur culturel et musical », raconte Vincent Merlet.

La gare Saint-Ouen à la fin du 19e siècle.

La gare Saint-Ouen à la fin du 19e siècle. © DR

L’aventure débute vraiment en janvier 2012 avec le lancement de l’appel d’offres de la municipalité pour aménager et animer le lieu. Le Hasard ludique se structure, constitue une équipe, prépare un projet architectural, culturel qui est désigné lauréat en juillet 2013. La préparation du permis de construire est menée en parallèle d’une levée de fonds qui doit permettre de réunir deux millions d’euros. Car si la mairie a prévu de faire bénéficier les occupants d’un bail emphytéotique, ceux-ci doivent financer la réhabilitation de la gare. Les banques ne suivent pas malgré les soutiens publics (Région, centre national des variétés, Caisse des dépôts, etc.). Le projet connaît donc un coup d’arrêt fin 2014.

Nouveau plan de financement

Les échanges avec la mairie de Paris permettent de trouver un nouveau montage, la RIVP devenant maître d’ouvrage. La régie immobilière emprunte donc pour financer les travaux puis fera payer des loyers. « Nous cofinançons les travaux et finançons l’équipement, cela allège notre plan de financement et nous repositionne comme futur exploitant », détaille Vincent Merlet. Les travaux débutent donc à la fin de l’année 2015. Le budget global atteint trois millions d’euros dont deux millions sont portés par la RIVP.

Le hall de la gare en travaux.

Le hall de la gare en travaux. © JP Corre

L’ouverture des portes est prévue pour le printemps 2017, mais l’équipe n’attend pas cette date pour fédérer autour du projet. Cinq « temps forts » ont déjà été programmés afin de mettre en avant différentes facettes de ce dernier. Exposition dans la gare avant les travaux, performances musicale et visuelle pendant la Nuit blanche ou la participation à un festival à proximité ont déjà permis de faire connaître la démarche dans le quartier.

Préfiguration participative

Depuis janvier 2016, la préfiguration du lieu a été lancée de manière participative et 1 000 « bâtisseurs » ont donné leur avis notamment sur la plateforme web ou proposé des idées ensuite soumises au vote. Le 22 octobre va être lancée une nouvelle phase de mobilisation autour de la décoration et de l’identité graphique du Hasard ludique. « Nous sommes avant tout un acteur de l’économie sociale et solidaire, nous défendons l’impact territorial, souligne l’initiateur. Le projet est donc avant tout pour les habitants du quartier. »

Ce tiers-lieu culturel vise à être un espace de création avant d’être un espace de restauration, « un acteur culturel avant un acteur économique », observe Vincent Merlet. La salle de spectacle de 120 m2 (300 personnes debout) permettra une programmation avec un fil rouge musical fort : concert, événement thématiques sur la création, etc. Un atelier de 40 m2 offrira un lieu de cours pour les associations du quartier ou pour les exploitants d’organiser des rendez-vous occasionnels sur des sujets de niche.

Visuel du projet de réhabilitation de la gare de Saint-Ouen.

Visuel du projet de réhabilitation de la gare de Saint-Ouen. © DR

L’activité bar et restaurant sera répartie en différents espaces avec une centaine de couverts sur la terrasse, le hall et un espace de restauration. Des discussions sont également en cours avec la SNCF et la mairie de Paris pour s’étendre jusque sur le quai de la petite ceinture, ce qui permettrait, avec 600 m2 supplémentaires, de doubler la surface exploitable. « C’est très bien engagé », estime Vincent Merlet, mais dans un calendrier sans doute décalé avec l’ouverture.

L’équipe espère attirer encore 500 « bâtisseurs » avant cette échéance. Avec la volonté de continuer ce travail participatif après, notamment avec des groupes de travail thématiques afin, selon son initiateur, de « continuer à enrichir le projet, le faire vivre et faire participer les habitants ».

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