Le bruit coûte environ 17 milliards d’euros par an en Ile-de-France

Présentée le 14 juin 2016 à l’Assemblée nationale, une étude évalue pour la première fois en France le coût social induit par le bruit. Résultat : les nuisances sonores coûtent 57 milliards d’euros par an, dont quelque 17 milliards pour l’Ile-de-France.

« On ne densifiera pas la ville si on ne la calme pas ! » Telle est, sans aucun doute, la principale conclusion – exprimée par René Gamba, président du comité technique du Centre national du bruit (CNB) – que l’on peut tirer de la toute première étude visant à évaluer le coût social du bruit en France. Présentée mardi par le député (PS) de Seine-Maritime Christophe Bouillon – également président du CNB -, elle évalue le coût social du bruit en France à quelque 57 milliards d’euros par an. Dont environ 17 milliards pour la seule Ile-de-France :

  • 8 milliards venant du bruit des transports,
  • 4 milliards liés au bruit professionnel,
  • 3,5 milliards aux bruits de voisinage,
  • 1,1 milliard aux troubles d’apprentissages et aux conséquences sur la vie professionnelle.

Pour la première fois, donc, un coût est donné aux nuisances sonores, tout comme, il y a quelques années, était chiffrée l’addition imputable aux effets de la pollution de l’air ou encore à ceux du réchauffement climatique. « Car bien souvent, explique Christophe Bouillon, le bruit est considéré comme une gêne passagère ou anodine, alors qu’il provoque des effets importants et durables. »

Moindre productivité

L'autoroute A6 vers Paris à la hauteur de l'Institut Gustave Roussy.

L’autoroute A6 vers Paris à la hauteur de l’Institut Gustave Roussy. ©Jp

Les bruits de transports, par exemple, provoquent trois types de troubles. Des troubles sanitaires tout d’abord : troubles du sommeil importants, gènes diverses et maladies cardio-vasculaires. Ces effets représentent à eux seuls la moitié du coût social du bruit du transport, alors même que les coûts de médication et d’hospitalisation ne sont pas pris en compte. Les baisses de valeur immobilière, la moindre productivité des salariés – résultant souvent du sommeil perturbé – et les troubles de l’apprentissage sont aussi des conséquences directes du bruit des transports. A noter : 89 % des coûts du transports sont imputables au transport routier. Si le bruit des avions provoque des troubles très aigus, les zones concernées sont moindres.

Le bruit professionnel, lui, génère surdité et troubles de l’audition, bien entendu. Mais aussi des accidents du travail imputables au masquage des signaux d’alerte par le bruit ambiant ou par une moindre attention. Et une très importante perte de productivité due aux difficultés de concentration : elle atteindrait environ 18 milliards d’euros pour la France. En milieu scolaire, le bruit perturbe aussi les apprentissages, et pourrait expliquer un décrochage scolaire sur six. Et provoquer un autre coût social : un avenir professionnel impacté par ces difficultés scolaires.

Justifier les actions anti-bruit

Enfin, les bruits de voisinage sont mal connus et mal chiffrés, mais contribuent aux troubles du sommeil et maladies cardio-vasculaires, mais aussi à un mal être délétère. Ils pourraient « coûter » environ 3,5 milliards d’euros en Ile-de-France.

Mais quel est l’intérêt d’un tel chiffrage qui, reconnait la cabinet EY (anciennement Ernst & Young) auteur de l’étude, n’est qu’indicatif ? « Ce genre de rapport fait bouger les lignes. Il permet, par exemple, de mettre en balance les coûts des actions anti-bruit et le coût du bruit », explique Christophe Bouillon. Et d’accélérer, par exemple, les actions d’isolation phonique à proximité des aéroports, parfois ralenties par leur coût important. Ou de relativiser le coût des actions prévues pour lutter contre les « points noirs du bruit ». Nul doute aussi que les prochains plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE), obligatoires dans les grandes agglomérations, trouveront dans cette étude matière à nourrir des actions plus ambitieuses.

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