Une étude menée par Paris-Ile de France Capitale Economique et l’Ecole urbaine de Sciences Po met au jour la place centrale qu’occupe la France en matière de grands équipements scientifiques.
La France est particulièrement bien placée en matière de grands équipements scientifiques. C’est ce que révèle une étude menée par Paris-Ile de France Capitale Economique (PCE), en lien avec l’Ecole urbaine de Sciences Po, réalisée par de jeunes étudiants français, chinois et coréens, présentée vendredi 8 juin 2018.
C’est en effet, de loin, le premier pays au monde par les budgets investis dans les équipements qu’elle héberge sur son territoire, avec en particulier quatre des huit plus grands équipements mondiaux : Iter, le laser mégajoule, le LHC (avec la Suisse) et le réacteur Jules Horowitz. C’est aussi le pays qui s’impose, avec le CNRS et le CEA, comme le principal contributeur aux plus grands équipements mondiaux. Les autres principaux pays hôtes sont : les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne (mais la part mondiale de la France est presque trois fois celle des Etats-Unis, numéro 2…), tandis que les autres principaux contributeurs sont les Etats-Unis, le Japon et la Russie.
80 grands équipements dans le monde
L’étude de Paris-Ile de France Capitale Economique et Sciences Po ne compte qu’un peu moins de 80 de ces grands équipements dans le monde, dont 8 seulement concentrent l’essentiel des montants et des attentions. Les territoires qui les hébergent disposent donc d’un facteur d’attractivité de classe mondiale.
« Notre pays en retire une influence certaine, mais aussi des compétences et des filières de très hautes technologies absolument uniques, qui se concentrent tout particulièrement autour du Grand Paris, souligne PCE. Notre région capitale est ainsi la ville-monde qui, en Europe, peut aussi se présenter comme un hub mondial pour la « big science ». La capacité prouvée des Européens à engager des coopérations internationales pour développer leurs programmes de recherche conforte d’ailleurs sa crédibilité dans ce rôle », explique Claire Giry, directrice générale déléguée de l’Inserm.
A l’époque de Galilée, ce dernier ne serait pas allé là où on lui faisait un pont d’or mais là où auraient été situées les meilleures lunettes astronomiques, a souligné Philippe Chomaz. Problème : chaque nouvel outil, plus performant et plus cher que les précédents, ringardise immédiatement ces derniers. « La high-tech nécessite donc de réunir les compétences et les moyens », résume le chercheur.
Pourquoi cette étude ? « Il s’agit d’abord de conforter une intuition, rappelle Alexandre Missoffe, directeur général de Paris-Ile de France Capitale Economique : le Grand Paris serait le premier atelier mondial pour les technologies de pointe utilisées dans les grands équipements scientifiques, et souvent développées pour l’occasion. » Un positionnement méconnu, car les principaux acteurs communiquent peu sur ces questions. « L’étude constitue donc un document unique, rappelle Christian Nibourel, président d’Accenture France et de Paris-Ile de France Capitale Economique, fruit de notre volonté de mieux comprendre ce qui différencie notre pays et sa région capitale dans la compétition mondiale. »
Ensuite, elle témoigne aussi d’une ambition, poursuit PCE : conforter le pôle de compétences francilien qui résulte lui-même d’investissements sur le long terme. « La communauté francilienne est unique, selon Philippe Chomaz, elle associe ingénieurs et scientifiques et leur permet de coconcevoir les solutions technologiques et les expériences de prochaine génération, car le savoir et l’instrument sont étroitement liés. »
L’ère de la big science
« Peu de non-spécialistes en ont conscience : nous vivons depuis plusieurs décennies dans l’ère de la « big science » : une course mondiale à des instruments d’observation de plus en plus performants et gigantesques qui seuls paraissent offrir aux chercheurs contemporains les moyens d’être à la pointe et de résoudre les énigmes de la matière et de l’univers, souligne Paris-Ile de France Capitale Economique. L’enjeu est considérable. L’investissement d’abord, puisque les coûts des plus grands de ces équipements de dernière génération se chiffrent en milliards. L’attractivité qu’ils exercent aussi, poursuit l’association. Les retombées enfin, sont prodigieuses : y aurait-il eu internet sans les protocoles livrés par le CERN ? Sait-on que les IRM ont été produites avec cinq ans au moins d’avance grâce aux développements technologiques demandés par le LHC et ses prédécesseurs ? Le bilan, économique et humain, est largement positif, y compris à l’échelle du territoire qui conçoit et produit (et investit dans) l’équipement. »
Le rapport financier, lui, est au moins « d’un à quatre », fait également valoir Paris-Ile de France Capitale Economique. « Aujourd’hui, en physique, pour être parmi les meilleurs, il faut pouvoir accéder au LHC [CERN, Genève] et au LHC seulement », illustre Philippe Chomaz, directeur exécutif au CEA