Le Hub de la réussite, structure pilotant trois écoles de la deuxième chance en Ile-de-France, une mission locale et divers dispositifs de formation et d’insertion, va être officiellement liquidée le 13 février 2024. L’État et la Région s’assurent désormais de la continuité du suivi des jeunes avec leurs partenaires.
Fini l’aventure du Hub de la réussite”. L’association, à la tête de trois écoles de la deuxième chance en Ile-de-France, de la mission locale du Nord Val d’Oise et de divers dispositifs de formation et d’insertion, va être liquidée le 13 février. Très endettée, la structure – suivant près de 3 400 jeunes selon Le Parisien – avait été mise en redressement judiciaire en octobre dernier. Ses 122 salariés sont licenciés.
“Depuis ses premières difficultés financières en 2021, la Région et l’État avaient pointé les défaillances de gestion du Hub et proposé un plan de restructuration qui n’a pas été mis en œuvre”, indique le conseil régional dans un communiqué. Ce dernier s’engage à garantir un “accompagnement à tous les jeunes en insertion afin d’éviter toute rupture dans leurs parcours” mais aussi à veiller au reclassement des salariés. Le groupe Socialiste, écologiste et radical de la Région dénonce, au contraire, une “dérive financière qui n’a jamais été contrôlée ” par la collectivité, malgré ses alertes.
Le Hub de la réussite a été fondé en 2019 par regroupement de plusieurs structures dédiées à l’insertion des jeunes. L’idée était de créer des “synergies”, tout en proposant une panoplie de services adaptés aux situations des jeunes, soulignait alors son président, Benjamin Chkroun. Membre de l’Union des démocrates et indépendants et de la liste Ile-de-France rassemblée, il est aussi le vice-président de la commission du développement économique et de l’innovation à la Région.
11 millions d’euros de financements publics
Le Hub agrégeait des structures déjà existantes. Implantées dans le Val d’Oise, en Seine-et-Marne et dans les Yvelines, les écoles de la deuxième chance (E2C) – qui proposent des parcours de formation intensifs aux jeunes – disposaient de plusieurs antennes dans chaque département. Implantée à Beaumont-sur-Oise et Persan, la mission locale du Nord Val d’Oise l’avait également intégrée, ainsi que deux structures d’insertion par l’activité économique, ciblant les chômeurs de longue durée.
Sous la houlette de Benjamin Chkroun, de nouveaux dispositifs ont aussi été lancés, à l’image des “Smart universités“, à Chanteloup-Les-Vignes, Garges-lès-Gonesse, Taverny, Gagny ou encore Meaux. Le principe était de proposer aux jeunes souhaitant commencer ou reprendre des études dans l’enseignement supérieur un espace de travail connecté pour qu’ils puissent étudier à distance, plus près de leur lieu de résidence. Pour faciliter l’accès au permis de conduire, une auto-école associative, “Smart drive“, a également été créée, avant d’être fermée. Une “Smart académie” visait, elle, l’insertion des jeunes décrocheurs ainsi que la formation de primo-arrivants.
En agrégeant les différentes lignes de financements, l’État et le conseil régional apparaissent comme les principaux financeurs du Hub, devant les départements ainsi que des intercommunalités. Au total, cette structure recevait ainsi plus de 11 millions d’euros.
Des alertes dès 2020
Dès 2020, la Région et l’État ont commandé un audit “à la suite de la constatation de dysfonctionnements au sein de la gouvernance de l’association”. Le rapport émis en 2021 alertait déjà sur l’aggravation du déficit à hauteur de 1,3 million d’euros, aggravé à 2,4 millions d’euros à fin 2022, d’après un deuxième audit réalisé à l’été 2023. En cause : une hausse des loyers et charges immobilières, une augmentation des frais de siège et des déficits liés aux charges de certains dispositifs.
Que s’est-il passé ? “Je ne suis pas à l’aise pour vous apporter des informations précises”, nous répond Philippe Ecran, membre du bureau de l’association, et vice-président de la chambre de commerce et d’industrie du Val-d’Oise. Il évoque cependant “des subventions qui n’ont pas été à la hauteur des coûts”, un développement trop rapide, mais se dit “triste que ce soient les gamins qui pâtissent de cette situation”.
Pas de nouveau hub mais des entités distinctes
Les jeunes qui étaient suivis ont été réorientés vers les missions locales. Dans chaque territoire, les pouvoirs publics travaillent désormais à la reconstitution des Écoles de la deuxième chance en tant qu’entités distinctes. “Nous sommes en discussion bien avancée avec l’École de la deuxième chance de la Seine-Saint-Denis pour créer une association porteuse dans le Val d’Oise”, nous indique la préfecture de Val d’Oise, s’agissant de l’E2C 95.
Quant à la mission locale du Nord Val d’Oise, installée à Persan et Beaumont-sur-Oise, elle devrait renaître soit sous la forme d’une nouvelle structure, soit par rapprochement avec des missions locales alentour.