Relance, infrastructures et croissance verte : digitalisation versus inclusion ? Tel est le thème du 9e Forum du Cercle Grand Paris de l’investissement durable, présidé par Nicolas JA Buchoud. Les débats se tiendront cette année dans le cadre du Low carbon world – BIM world, le 23 juin 2021.
Quel est l’objectif de cette 9e édition du Forum du Cercle Grand Paris ?
Nicolas Buchoud : Notre forum s’inscrit dans un contexte particulier, celui d’une sortie de crise encore incertaine où les besoins de relancer l’économie à court terme doivent aussi s’inscrire dans une trajectoire bas carbone. Mais comme l’a très bien montré le député Jean-Noël Barrot dans son point d’étape aux partenaires sociaux du 8 juin dernier, le choc de la crise est très inégalement réparti sur le territoire. C’est vrai à l’échelle nationale et c’est vrai dans le Grand Paris où, comme souvent, les distorsions sont encore plus fortes. Dans l’ensemble, les métropoles héritées des lois NOTRe et Maptam sont fortement touchées par la crise et nous pensons que cela marque aussi la fin d’un cycle d’innovations entamé il y a une dizaine d’années.
Les questions de justice sociale sont au cœur de l’avenir des territoires. C’est une conviction partagée avec nos membres et partenaires, aussi bien en France qu’à l’étranger. Nous avons beaucoup travaillé sur ces questions, qui étaient au cœur de nos précédents rendez-vous, je pense par exemple à notre forum de 2019 organisé en partenariat avec la Société générale ou à celui de 2018, avec Icade. Enfin, n’oublions pas que les questions environnementales constituent un défi commun, bien au-delà des limites du Grand Paris. Nous sommes donc très heureux cette année d’accueillir l’ambassadeur de la république d’Ouzbékistan en France, quelques jours après la résolution de l’assemblée générale des Nations unies approuvée à une très large majorité et qui fait de la région de la mer d’Aral, l’une des catastrophes écologiques majeures du XXe siècle, un territoire d’innovations environnementales, sociales et technologiques, ouvert à l’investissement.
Vous mettez en avant les opportunités de la croissance verte. Comment cela se traduira-t-il concrètement ?
Les investissements de relance sont au croisement d’engagements nationaux et européens. Il nous semble essentiel que les collectivités locales soient étroitement associées à la définition des priorités, notamment pour rééquilibrer les relations entre le monde métropolitain et le monde rural. Il y a aujourd’hui un besoin de solidarité, de lien, qui s’exprime aussi à l’intérieur des entreprises, et dans la redéfinition des relations entre entreprises et territoires.
De même, nous pensons que les futurs programmes d’investissements d’avenir doivent faciliter le développement des PME comme des plus petites entreprises, en s’appuyant sur l’expertise et les ressources des plus grands groupes. Il faut développer la digitalisation dans une logique de demande, et non pas seulement d’offre. Quelles sont les priorités des citoyens ? Comment développer l’emploi ? Comment favoriser effectivement l’emploi des jeunes ? C’est pour cela que cette année, nous sommes très heureux d’avoir organisé notre forum en partenariat avec Low carbon world et BIM world, un écosystème national de référence qui rassemble territoires, entreprises, investisseurs. C’était une vraie gageure de se rassembler alors que la situation sanitaire reste fragile et je salue les organisateurs Christophe Féry et Alain Sevanche, avec lesquels nous travaillons depuis longtemps.
C’est la 9e édition du Forum du Cercle Grand Paris. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le projet du Grand Paris ?
Nous avons lancé le Cercle Grand Paris comme un tour de table informel d’acteurs économiques, institutionnels, de la société civile, publics et privés il y a dix ans, alors que “tout semblait possible”. Aujourd’hui, la construction du réseau du Grand Paris express est vraiment sur les rails. Il y a très peu de villes dans le monde qui sont aujourd’hui en capacité d’émettre des obligations vertes comme le fait la Société du Grand Paris, qui aura émis en 2021 près de 20 milliards d’euros de green bonds. C’est un atout indéniable pour l’attractivité et le développement de long terme de la région capitale, comme en témoignera sans doute Bernard Cathelain, membre du directoire de la SGP, quelques jours après la présentation de la “Charte BIM” de la société.
Les dynamiques d’innovation technologique et entrepreneuriales sont réelles. Mais parallèlement, les dynamiques institutionnelles du Grand Paris se sont affaissées, ce qui déséquilibre l’ensemble du projet du Grand Paris. La démocratie métropolitaine est au point mort. L’Etat n’a pas pu ou su ou voulu, remettre sur la table le chantier complexe de la gouvernance du Grand Paris. Les inégalités sociales et territoriales sont tellement évidentes. La société civile a un rôle décisif à jouer, les think tanks ont une grande responsabilité et nous nous réjouissons des échanges réguliers avec de nombreux partenaires, comme le Cercle Colbert ou 4e Révolution.
Mais la société civile n’est pas seule. Au lendemain des élections régionales, pourquoi ne pas organiser un grand débat public sur les choix d’avenir, sur les priorités en matière d’infrastructures vertes et d’investissement dans le capital social, en y associant aussi, pourquoi pas, des régions voisines ? Nous profitons toujours des retombées du débat public organisé fin 2010 début 2011 sur le Grand Paris express. C’est cela qui a permis de dégager un accord autour du financement du réseau de transport du XXIe siècle, de susciter l’appropriation des citoyens et d’engager des investissements sans précédents. Ne l’oublions pas.
En partenariat avec Low carbon world – BIM world, le 23 juin 2021, Paris expo – Porte de Versailles.
Informations et renseignements : info@cerclegrandparis.org / www.cerclegrandparis.org