Alors que les températures ont lourdement chuté au cours des derniers jours et que quelque 700 enfants, scolarisés dans la Capitale, dorment dehors chaque nuit, Ian Brossat demande à l’Etat d’user de son droit de réquisition pour augmenter le nombre de places de mise à l’abri disponibles.
Alors que le plan Grand froid a été déclenché par l’Etat lundi 12 décembre 2022, le ministre du Logement Olivier Klein vient d’annoncer l’ouverture de 30 places d’hébergement dans l’enceinte même de la préfecture de région, dans le 15e arrondissement de Paris, pour accueillir des femmes isolées.
« L’Etat se doit d’être exemplaire dans cette période », estime l’ancien maire de Clichy-sous-Bois, qui effectue ce jeudi 15 décembre un déplacement à Paris dans le cadre du déclenchement du plan Grand froid avec Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.
Mais Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris en charge du logement, souhaite que l’on accroisse l’effort. Il demande que l’Etat utilise son droit de réquisition, dont la Ville ne dispose pas, pour augmenter le nombre de places d’hébergement, face à la rigueur de l’hiver. L’élu communiste indique que la Ville vient d’ouvrir 1000 places d’hébergement supplémentaires, atteignant le maximum de ses capacités. Il vient de proposer une liste de bâtiments qui pourrait ainsi faire l’objet d’une réquisition par l’Etat. Il rappelle que l’on dénombre actuellement 700 enfants scolarisés dans la Capitale qui dorment dehors chaque nuit.
Selon David Belliard, adjoint EELV à la mairie de Paris, 2 600 personnes sans-abri ont été recensées dans les rues de la Capitale lors des derniers comptages. Mais l’État n’a ouvert que « 130 places en Ile-de-France », donnant lieu à « une situation catastrophique », regrette-t-il, comme le rapporte BFM Ile-de-France.
Les non-ukrainiens pas admis au Paris Event center
En amont du Conseil de Paris, qui se tient actuellement, le premier adjoint Emmanuel Grégoire déplorait mardi 13 décembre qu’un centre d’accueil mis en place par l’Etat, au sein du Paris Event center, Porte de la Villette, pour héberger des réfugiés ukrainiens, refuse d’y accueillir des sans-abris d’autres nationalités.
Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a rejeté, en effet, lundi 5 décembre, la demande des associations Médecins du monde et Utopia 56 d’ouvrir aux autres nationalités ce centre d’hébergement. Le tribunal motive sa décision par le fait que le dispositif d’accueil des réfugiés ukrainiens « est spécifique de manière à ne pas saturer les dispositifs de droit commun de l’hébergement d’urgence ».
Le Paris Event center compte entre 200 et 250 lits. Il n’accueille en moyenne qu’entre 120 et 130 personnes par nuit, selon les chiffres fournis par la préfecture d’Ile-de-France au tribunal, rappelle le quotidien La Croix.
Montreuil mobilise deux gymnases municipaux
Montreuil est l’une des quatre villes de Seine-Saint-Denis à accueillir, depuis mardi 13 décembre à 17h, 40 hommes seuls, à la rue, indique la municipalité. Le centre communal d’action sociale et le service des sports de la ville de Montreuil coordonnent depuis ce week-end l’ouverture d’un gymnase municipal chauffé. Il a été réaménagé et est géré par Cité Caritas. « Depuis plusieurs années, Montreuil fait le constat de l’absence d’appel à projets dans le cadre des mesures hivernales de l’État, déplore la Ville. Aussi, en partenariat avec la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (Drihl 93), Montreuil ouvre de façon volontaire, à compter de ce jeudi 15 décembre et pour une durée de six semaines, ce gymnase municipal aménagé afin de renforcer les capacités d’accueil et de mise à l’abri des personnes à la rue, en rupture et privées d’hébergement », fait valoir la municipalité.
« Ce dispositif dépasse la simple mise à l’abri en créant les conditions d’un véritable accompagnement afin d’éviter un retour à la rue et s’inscrit dans la continuité des nombreuses politiques de solidarité mises en œuvre à Montreuil (notamment les capacités en hébergement d’urgence ouvertes toute l’année sur son territoire communal) », souligne également la mairie.
Pour la cinquième année consécutive, Montreuil fait par ailleurs le choix d’accueillir volontairement, dans un gymnase de la commune, des femmes isolées, pour une capacité d’hébergement d’urgence de 25 personnes en simultané. Ce site est accessible uniquement par une orientation par le 115 et est ouvert de 18h à 10h du matin.
Fin novembre, Interlogement93 (*) dénombrait 739 demandes de mises à l’abri enregistrées en Seine-Saint-Denis soit 278 mineurs, dont 100 de moins de quatre ans et 45 femmes enceintes, soit un record historique, selon l’association. D’autant que différentes études réalisées par Interlogement93 montrent que de nombreuses personnes à la rue n’appellent plus le 115 (71 % selon une étude réalisée en juin 2022), parce que le temps d’attente est trop long ou parce qu’elles savent, par expérience, que leurs chances d’avoir un toit pour la nuit sont minimes, souligne Interlogement 93.
(*) Association fédérative de 42 associations de lutte contre le mal-logement et la précarité en Seine-Saint-Denis