Le décompte des personnes « en situation de rue » organisé chaque année depuis 2018 par Paris s’étend jeudi 20 janvier 2022 à neuf communes métropolitaines. « Pour les plus précaires, tous les voyants restent au rouge », résume Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris en charge des solidarités.
Les résultats du recensement des personnes à la rue, qui se déroulera dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 janvier 2022, seront particulièrement attendus cette année. Et pas seulement parce qu’il s’étend désormais à neuf communes métropolitaines (voir ci-dessous). « Tous les voyants restent au rouge pour les plus précaires », résume Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris en charge des solidarités, de la lutte contre les inégalités et contre l’exclusion.
L’an dernier, la Nuit de la solidarité avait révélé une baisse de 21 % des personnes vivant dans la rue par rapport à l’année précédente. Cela grâce à l’ouverture par les services de l’Etat de places d’hébergement en nombre plus important que d’habitude. Des hôtels et centres de congrès privés de leur activité en raison de la pandémie avaient permis alors d’assurer un hébergement d’urgence plus massif. « Mais depuis l’automne, l’activité des salons et congrès a repris. De même, des hôtels accueillent de nouveau leur clientèle traditionnelle », indique Léa Filoche. Le nombre de personnes à la rue pourrait bien, par conséquent, être reparti à la hausse. D’autant que tous les indicateurs montrent que la Covid a le double effet d’aggraver la situation des personnes déjà précaires et de placer en situation de détresse des publics qui ne sollicitaient pas, jusqu’alors, les différents dispositifs de solidarité.
Hausse record du nombre de bénéficiaires du RSA
« Le nombre de bénéficiaires du RSA à Paris a augmenté de 15 % en 2021, la plus forte augmentation de France, passant de 60 000 à 75 000, avec une moyenne d’âge des allocataires de 30 ans, qui montre clairement où sont les besoins », indique Léa Filoche.
Et les dispositifs d’aide alimentaire ont vu arriver de nouveaux publics, notamment des jeunes. Les demandes d’aides adressées au centre d’action sociale (CAS) de Paris, tout comme les dossiers transmis au fonds de solidarité logement (FSL), qui vient en aide aux personnes ne parvenant pas à régler leur loyer, ont également augmenté. « L’incertitude quant à l’avenir, avec des personnes qui ne voient pas le bout du tunnel, crée en outre des dégâts inédits en matière de santé mentale chez les plus fragiles », poursuit l’élue.
La Nuit de la solidarité, qui décompte des personnes « en situation de rue », sera organisée jeudi 20 janvier à l’échelle métropolitaine pour la première fois. Cela conformément au vœu adopté lors du conseil métropolitain du 1er décembre dernier. L’objectif de l’opération, menée à Paris chaque année depuis 2018 par des professionnels de l’action sociale et des bénévoles, est de mieux connaître les besoins de ces publics en matière de logement et d’accompagnement social.
La métropole du Grand Paris accompagnera les communes volontaires, dans l’organisation de cette première édition par la mise à disposition d’un « kit enquête », la prise en charge financière de frais matériels et l’élaboration d’un socle commun en matière de communication, indique la Métropole.
L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) étendra donc lui aussi son accompagnement méthodologique, qui réside notamment dans l’élaboration des cartes qui permettent de quadriller chaque quartier.
Dans la mesure où l’Insee organisera en 2022, en lien avec les communes de plus de 10 000 habitants, son enquête quinquennale des sans-abri dans le cadre du recensement général de la population (RGP), le principe d’une mutualisation des deux enquêtes a été retenu par la ville de Paris, la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) et l’Insee.
Neuf communes métropolitaines (hors Paris) se sont engagées dans cette démarche expérimentale, en réponse à l’appel à manifestation d’intérêt de la Métropole : Aubervilliers, Bobigny, Bondy, Gagny, Romainville, Rosny-sous-Bois et Saint-Denis en Seine-Saint-Denis et Courbevoie et Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine.