Avec Regain, expérimentation lancée mardi 17 septembre dans le cadre de l’appel à projets Oreno de l’Ademe, Grand Paris Grand Est (Seine-Saint-Denis) teste un dispositif dispensant les ménages de tout reste à charge pour assurer la rénovation énergétique de leur logement, financée grâce aux économies générées.
Si ça marche et que l’expérimentation peut être étendue et généralisée, ce mardi 17 septembre est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de la rénovation énergétique des bâtiments ! Tous ceux qui se sont intéressés à la question savent deux choses : les émissions de gaz à effet de serre liées à l’habitat ancien représentent une part prédominante de notre bilan carbone et le coût des rénovations thermiques, qui se chiffre le plus souvent en plusieurs dizaines de milliers d’euros par logement, constitue le principal obstacle à la réalisation des travaux, si nécessaires soient-ils.
Or tout l’intérêt de l’expérimentation lancée ce mardi par Xavier Lemoine, président de l’EPT Grand Paris Grand Est (Seine-Saint-Denis), et les nombreux partenaires de l’opération consiste à permettre aux particuliers de ne pas avoir à débourser le moindre euro. Le consortium formé par la société Hellio avancera aux occupants des 12 habitations de l’expérimentation les frais représentés par le reste à charge des travaux à réaliser, une fois les différentes aides existantes perçues. Et il se remboursera, une fois les travaux effectués, sur les économies d’énergie réalisées. « Si un foyer dépensait 4 000 euros par an pour se chauffer et que sa facture est réduire à 1 000 euros après les travaux, les 3 000 euros d’économie se répartiront entre 75 % pour rembourser les travaux et 25 % pour améliorer le pouvoir d’achat des bénéficiaires », illustre Florence Presson, qui connaît parfaitement ce sujet puisqu’elle est déjà coordinatrice du parcours de rénovation énergétique performante (Prep), mis en place à Grand Paris Grand Est.
Agir aussi sur les comportements
Ce dispositif est d’autant plus vertueux qu’il oblige ses différentes parties prenantes à veiller à l’efficacité réelle des travaux entrepris. Et à agir aussi sur les comportements.
Cette initiative intervient dans le cadre d’Oreno (opérateurs ensembliers de la rénovation), lancé par l’Ademe et s’inscrivant dans le programme France 2030. Hellio, lauréat avec cette solution baptisée Regain, s’est associé à différents opérateurs : Spekty réalisera les contrôles des audits énergétiques, des travaux de rénovation, de maintenance et établira un référentiel de bonnes pratiques chantiers ; Akéa énergies assurera le suivi de la performance énergétique des logements ; Connecting technology réalisera l’instrumentation des maisons pour le suivi et le pilotage des équipements ; Kelvin technologies préqualifiera les projets de rénovation des particuliers grâce à son outil intégrant l’intelligence artificielle ; enfin, Axa La Compiégnoise assurera les particuliers et l’opérateur ensemblier.
1 500 rénovations d’ampleur prévues
À l’issue de cette première expérimentation, Regain pourrait être répliqué à plus large échelle et 1 500 rénovations d’ampleur sont prévues dans les cinq ans après la fin de l’expérimentation, font valoir ses partenaires.
« Regain s’inscrit dans le parcours de rénovation énergétique performante déjà mis en place sur Grand Paris Grand Est. C’est l’aboutissement de huit ans d’effort », a souligné Xavier Lemoine, qui a remercié Florence Presson et Eric Mestrallet, fondateur d’espérance banlieues, pour leur investissement sans relâche dans ce dossier. « Ce projet profite de la mobilisation, de l’organisation et des ressources humaines du territoire et des 14 communes qui le constituent afin de prendre en charge les ménages fragiles et leur permettre de vivre dignement dans leur maison », a-t-il poursuivi. Le président de Grand Paris Grand Est a décrit comment les copropriétés dégradées ont été rénovées avec l’aide de l’Anru (Agence nationale pour le renouvellement urbain), notamment à Clichy-Montfermeil qui en a été un des plus importants bénéficiaires en France, en relevant qu’aucune mesure n’a été prise pour les quartiers pavillonnaires. « Des quartiers qui se dégradent, avec des propriétaires qui se résolvabilisent en jouant les marchands de sommeil », a-t-il déploré.
« Ce sont les propriétaires pas assez pauvres pour être aidés mais pas assez riches pour pouvoir mener ces travaux seuls que nous visons », a souligné Rolin Cranoly, vice-président de Grand Paris Grand Est et maire de Gagny, avant d’appeler les parlementaires présents lors de ce lancement, Lionel Causse notamment, (2e circonscription des Landes, Ensemble pour la République) à soutenir cette initiative et son extension, en facilitant l’approbation des textes de loi les favorisant.