Paris place financière : les propositions de la CCI contre un « scénario catastrophe »

Départs de centres de trésorerie de grands groupes, rôle hégémonique de la place de Londres sur des marchés clés (euro/dollar, dettes des grands émetteurs publics de la zone euro…). La Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France relève, dans un récent rapport, « des signaux inquiétants [qui] se multiplient sur la perte de rayonnement progressive de la place financière parisienne ».

« Nous arrivons à un moment clé où rien n’est encore irréversible, mais où tout peut rapidement le devenir », souligne Patrick Gournelle, le rapporteur au nom de la Commission économie et croissance. Les propositions du rapport s’articulent autour des trois acteurs principaux indispensables à une place financière d’envergure internationale : les intermédiaires, les investisseurs et les entreprises, de France et de l’étranger afin de :

  • Répondre de manière sûre et efficace aux besoins des entreprises de la métropole mais aussi étrangères, notamment des PME/ETI en phase de croissance pour accélérer le développement des nouveaux canaux de financement des entreprises.
  • Créer le cercle vertueux pour conserver et attirer les intermédiaires et investisseurs en se basant sur nos points forts (compétences, niveau de formation, innovation, etc.), pour créer un environnement économique stable doté de conditions favorables à l’établissement en France (stabilité fiscale, incitations à l’établissement en France…).
  • Communiquer de manière positive et crédible sur notre écosystème ainsi que sur les points forts de Paris en tant que Place financière internationale pour les entreprises.

Pour éviter un « scénario catastrophe », le rapport formule des propositions :

  • Proposition n°1 : Mobiliser tous les acteurs concernés (pouvoirs publics, collectivités, associations, entreprises financières ou non, etc) et organiser un plan d’actions cohérent pour inverser la tendance
  • Proposition n°2 : Adapter l’offre aux besoins d’aujourd’hui et de demain des entreprises françaises, européennes et internationales
  • Proposition n°3 : Communiquer de manière positive, offensive et crédible à l’international en se positionnant comme la place financière au service des entreprises comme axe différenciant.

3 questions à Patrick Gournelle

« Notre rapport doit servir à alerter et à démontrer l’urgence »

Quelle est la plus grande force de Paris en tant que place financière ?

Patrick Gournelle

Patrick Gournelle, rapporteur.

Paris est dynamique, c’est une place où l’innovation est encouragée, où les entreprises créent de la valeur ajoutée, où les compétences techniques et financières permettent de créer le monde de demain avec de nouveaux business modèles transversaux décloisonnés ! Pour moi, Paris est notamment la place des entreprises financières mais aussi et surtout non financières. Nos compétences sont reconnues au niveau européen et nous devons continuer à attirer entreprises et intermédiaires à Paris pour créer les conditions de pérennité des activités et se placer dans une dynamique de croissance et de nouveaux projets. Autre illustration de la force de Paris : le nombre de start up en création sur le sol de la région démontre des opportunités pour l’avenir. Il faut désormais que ces start up bénéficient de l’accompagnement dans leur croissance et dans leur recherche de nouveaux financements. Ces start up ne doivent pas devenir des start out en délocalisant leurs activités outre Atlantique/Manche parce qu’elles n’auraient pas trouvé les bons intervenants sur le marché parisien !

Quel est le rôle des entreprises pour créer les conditions favorables d’une place parisienne forte et pérenne ?

Les entreprises doivent se mobiliser et faire remonter leurs besoins en matièrefinancière auprès des pouvoirs publics et des acteurs financiers car ce sont leurs « clients ». Les entreprises doivent aussi être représentées au sein de l’acteur de place aux côtés des collectivités locales, afin que ce dernier puisse défendre les intérêts de Paris comme place financière internationale pour les entreprises. Des rencontres entre investisseurs, intermédiaires, entreprises et instances de place pourraient être organisées afin de créer une dynamique de place. Pour ce faire, des moyens importants devraient être déployés pour stimuler, organiser et communiquer sur ces initiatives provenant d’acteurs de tout horizon. Chaque acteur a son rôle et son utilité. Il faut maintenant définir un chef d’orchestre de cet environnement complexe, multi sectoriel et surtout y inclure les pouvoirs publics et les entreprises pour que le plan de stratégie et de communication porte ses fruits !

Êtes-vous confiant pour l’avenir de la Place de Paris ?

Sans prise de conscience générale qui ne permettrait pas une action structurée efficace, je crains de perdre mon naturel optimisme. Selon moi, notre rapport doit au moins servir à alerter et à démontrer l’urgence. Si nous ne faisons rien, Paris va perdre beaucoup plus que le secteur financier… Nous espérons que les prochaines étapes serviront à créer une dynamique entre toutes les personnes concernées. La CCIR, en représentant les entreprises pourrait accueillir ces groupes de place et rassembler les personnes concernées, à l’instar des travaux menés sur le marché des Euro PP.

 

Consultez le rapport

Top