Paris-Est Marne-et-Bois : de l’association à l’intercommunalité

Entre Marne et bois de Vincennes, les collectivités de l’établissement public territorial n° 10 étaient, en majorité, restées isolées. Malgré leur coopération pendant quinze ans au sein de l’Actep, elles ont tout à apprendre de l’intercommunalité. Le territoire mise, pour son développement, sur les services, les géosciences, les éco-activités et le tourisme.

Quand l’établissement public territorial n° 10 est né, la gestion de la période transitoire a été naturellement assurée par la seule intercommunalité alors en fonctionnement sur le territoire, l’agglomération Vallée de la Marne (Val-de-Marne). Les élus de la communauté de communes Charenton-Saint-Maurice, méfiants, avaient choisi de rapatrier, fin 2015, les équipements et effectifs communautaires (conservatoires, bibliothèques… ) à l’échelon communal. Quant aux neuf autres collectivités, dont Champigny-sur-Marne, siège du territoire en tant que commune la plus peuplée (75 869 habitants), elles étaient restées, toutes ces années, des communes isolées.

Pourtant la plupart des élus du T10 se connaissent bien. 11 des 13 communes de ce nouveau territoire faisaient partie de l’Association des collectivités territoriales de l’Est parisien (Actep), créée en 2000 et devenue depuis un syndicat mixte d’études et de projets. Ensemble, ils avaient travaillé sur des sujets autour des autoroutes A86 et A4, l’emploi, la formation et élaboré (en 2010 !) un projet de territoire. « Des acteurs économiques siégeaient au sein de l’Actep, le Medef pouvait se prononcer », se souvient avec plaisir Pascale Luciani-Boyer, vice-présidente du Medef de l’Est parisien (93+94).

En 2015, les élus se sont mobilisés pour défendre le périmètre de l’Actep, refusant de le voir amputé de leurs partenaires de longue date, Rosny-sous-Bois, Neuilly-Plaisance et Neuilly-sur-Marne : « Il n’est pas question pour nous de voir les communes de Seine-Saint-Denis quitter le périmètre de l’Actep », martelait son président, le maire (UDI) de Vincennes, Laurent Lafon. Le préfet, soulignant l’absence de réelle intercommunalité entre les membres de ce qui était un simple syndicat d’études et ne souhaitant pas appauvrir le sud de la Seine-Saint-Denis, n’a pas été convaincu.

Et au final le T10 respecte les frontières du Val -de-Marne tout en accueillant deux nouvelles venues : Maisons-Alfort et Saint-Maur-des-fossés. Mais même pour les alliés historiques, attachés à la structure syndicale légère de l’Actep, c’est une toute nouvelle aventure qui commence. « Le premier objectif aujourd’hui est que les collectivités qui composent l’EPT apprennent à travailler ensemble. C’est également de valoriser les atouts du territoire pour attirer un certain nombre d’activités » résume son président, le maire (LR) de Nogent-sur-Marne, Jacques JP Martin.

Atouts et projets

Parmi ces atouts, sa population (le T10 est le quatrième plus peuplé de la métropole) et sa desserte, que ce soit par les lignes 1 et 8 du métro, les RER A et E, ou encore les autoroutes A4 et A86. La ligne 1 du métro sera prolongée jusque Fontenay-sous-Bois à l’horizon 2025, et quatre gares de la ligne 15 doivent ouvrir leurs portes.

Outre un pôle d’excellence dans le domaine de l’image et des géosciences autour de l’IGN et de Météo France (Saint-Mandé), le territoire mise sur le développement d’écoactivités, en tirant parti de la proximité du cluster Descartes, des écoles d’ingénieurs et de l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, mais aussi sur celui du tourisme, en valorisant ses ports de plaisance et espaces naturels. Mais son pôle de développement majeur reste le nouveau campus tertiaire de Val de Fontenay, qui accueille notamment Axa et la Société générale (4 000 salariés attendus aux « Dunes »).

Futur site industriel de Champigny.

Futur site industriel du Grand Paris express à Champigny. @ Richez Associés

Situé à l’interconnexion aujourd’hui des RER A, RER E, de la SNCF, et demain du T1, de la ligne 1 du métro et de la ligne 15 du Grand Paris express, Val de Fontenay a été désigné en mars comme l’un des 14 « Hubs internationaux du Grand Paris ».
En matière d’aménagement, un contrat d’intérêt national (CIN) avec l’Etat est prévu à Charenton-le-Pont afin de faire la jonction avec la future ZAC parisienne de Bercy-Charenton, tandis qu’un autre est annoncé pour les collectivités de Champigny-sur-Marne, Villiers-sur-Marne, Sucy-en-Brie, Ormesson et Chennevières.

A Champigny, qui doit accueillir une gare et le site de maintenance et de remisage du Grand Paris express, les élus se battent aujourd’hui « contre l’Etat » afin que le quartier de gare ne soit pas « qu’une réserve foncière pour construire des logements, mais permette aussi de construire de la ville… ». Pas sûr que l’Etat relâche la pression dans le territoire qui présente le taux de construction le plus faible de la métropole, après Paris.

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