P. Ollier : « Je souhaite une interaction intelligente entre la Région et la métropole »

Patrick Ollier, premier président de la métropole du Grand Paris élu le 22 janvier, affirme sa vision d’une métropole à la fois stratégique et de proximité. Laissez-nous travailler, fait-il valoir en substance, assurant qu’il n’y a pas lieu de créer des oppositions artificielles avec la Région.

Quel est le calendrier de travail de la métropole ?

La métropole est née juridiquement le 1er janvier 2016, elle existe dans les faits depuis vendredi 22 janvier, dès lors que le conseil métropolitain a élu son président et son bureau. Les compétences de la métropole du Grand Paris ne se transféreront pas en quelques jours, ni même en quelques mois. Je pense que tout le monde le comprend. Nous sommes donc dans la phase de construction. Je comprends que cela suscite des interrogations, voire des positions brutales de la part de certains élus, y compris des maires qui n’ont pas toujours pu apprécier le travail qui a été réalisé jusqu’à présent pour construire la métropole. Beaucoup d’élus ont été en dehors de ce processus, il est donc normal qu’il y ait des interrogations de leur part. Nous allons tout mettre en œuvre pour les rassurer et leur donner confiance mais la machine est en marche. Le vote du budget interviendra au mois d’avril, et nous allons construire un calendrier très précis pour la mise en œuvre des compétences que l’on commencera à exercer le 1er janvier prochain.

Quel regard portez-vous sur le budget de la MGP ?

Patrick Ollier.

Patrick Ollier. © DR

Les dotations aux communes sont à la baisse, et cela a des conséquences dramatiques pour les collectivités territoriales. Je crains que la métropole soit soumise aux mêmes règles que les autres collectivités, dans le cadre des ressources prévues. Nous avons déjà réfléchi au budget avec le préfet Lucas, la mission de préfiguration et Gilles Carrez, qui est le vice-président aux finances. Ce dernier travaille déjà à la mise en œuvre du retour aux communes des attributions de compensation. C’est la priorité pour les semaines qui viennent.

Vous étiez parmi les artisans du fonds d’investissement métropolitain, comment celui-ci va-t-il intervenir ?

Je suis très attaché au fonds d’investissement métropolitain, car il permettra d’apporter notre soutien à des projets, que ce soit de rénovation urbaine ou de développement de zones d’activité, par exemple. Pour tout cela, je compte sur l’aide de la Région. La métropole et la Région sont souvent mises en compétition, mais cela n’a pas de sens. Elles ont toutes les deux des compétences établies qui ne se chevauchent pas, sauf sur le plan économique où nous serons en complémentarité. La métropole doit se concentrer sur son périmètre et susciter la création de projets. Mais pour que ces derniers aboutissent, le concours de la Région et des Départements est nécessaire. Je souhaite qu’il y ait une complémentarité et une interaction intelligente entre la Région et la métropole, mais également avec les Départements.

Quelles sont vos convictions sur l’intérêt métropolitain en terme d’aménagement ?

Les communes ou les précédentes intercommunalités resteront toujours libres de créer, à leur échelle, des zones d’activité économique. La métropole pourra, dans ce cadre, leur apporter un soutien financier. Il y a, par ailleurs, des zones d’activités que la métropole peut imaginer, dès lors que l’on trouve un territoire capable de les recevoir. Tout ceci sera le résultat de la concertation, rien ne sera imposé par la métropole. Je pense que les présidents de territoire seront associés à la gestion de la métropole. Ils ne sont pas tous dans le bureau de la métropole mais nous aurons besoin d’eux pour déterminer l’intérêt métropolitain. Nous déterminerons ensemble les priorités et nous ferons en sorte de pouvoir les financer, même s’il subsiste une grosse interrogation sur le budget que le gouvernement a prévu pour la métropole.

Vous avez dit vouloir changer la loi, de quel ordre serait ce changement ?

Les territoires devraient être des EPCI de plein droit, avec une fiscalité directe qui permette de s’appuyer sur le couple commune-territoire pour créer des dynamiques de projets, de rénovation, de développement économique, de coordination.

La métropole, elle, serait alors un EPCI d’EPCI. Il faut ainsi changer la loi pour y arriver et les choses seraient plus claires. Elle s’occuperait de la stratégie, de la coordination et de l’harmonisation en laissant plus de force au couple commune-territoire. La question du périmètre se pose également. Il y a un manque incontestable au niveau de grands opérateurs comme les aéroports. Compétences, périmètre, structure… Tout ceci mérite de revenir au Parlement.

Qui représentera la métropole à l’international ?

Je suis le président de la métropole du Grand Paris. Anne Hidalgo, en tant que maire de Paris, est visible sur le plan international et c’est un grand atout pour la métropole. Elle aura donc une délégation sur ce plan. Le fait de donner une délégation à un vice-président n’exclut cependant pas le président de la métropole. Nous ferons donc les choses ensemble et, là où elle est la plus pertinente pour agir, elle le fera avec mon soutien. Mais là où le président est demandé en tant que président, j’irai représenter la métropole avec son soutien, ceci est logique dès lors qu’il s’agit de la capitale de la France.

Le plan climat air énergie est une des prérogatives principales de la métropole, comment comptez-vous le mettre en place ?

Le plan climat air énergie doit d’abord être conçu. Une fois qu’il sera conçu, nous l’appliquerons, c’est-à-dire que nous ferons en sorte que les communes entrent dans le cadre du plan que la métropole aura défini, c’est une compétence obligatoire. C’est à l’image de la façon dont je veux que la métropole agisse. Une métropole à deux étages : une métropole stratège pour fixer les grandes orientations, et le couple territoire-commune dans l’action de proximité. Il faut coordonner et harmoniser les actions des 12 territoires de la métropole pour converger vers l’objectif que nous aurons fixé. Nous ferons cela le plus vite possible, mais cela va prendre un peu de temps.

Vous avez dit souhaiter la création d’une conférence territoriale. Or la loi NOTRe le prévoit, et Paris métropole a peu ou prou cette fonction. Ne craignez-vous pas qu’il y ait redondance ?

On changera le nom, ce n’est pas le problème. Je veux, à l’intérieur de la métropole, que ceux qui ne sont pas au bureau – notamment certains présidents de territoire – puissent être associés aux discussions exécutives. Par ailleurs, il risque bien d’y avoir des effets de seuil dans les opérations que nous lancerons, il est donc important de pouvoir dialoguer avec les EPCI extérieurs à la métropole. Je pense que l’on peut y arriver par des systèmes de conventionnement par exemple. Les présidents des EPCI de la grande couronne devraient donc être associés, dans le cadre de cette conférence territoriale. Tout comme les présidents des Départements, qu’ils soient dans la métropole ou dans la grande couronne. Le nom n’est peut-être pas le bon mais il est important de mettre tous les acteurs concernés autour de la table, dans le cadre de cette proposition.

Les conseillers métropolitains votent pour désigner leur président le 22 janvier 2016.

Les conseillers métropolitains votent pour désigner leur président le 22 janvier 2016. © JGP

Comment le schéma de cohérence territoriale (Scot) sera-t-il mis en place ?

Je me suis battu comme un lion pour que la métropole n’ait pas l’attribution du plan local d’urbanisme (PLU). Celui-ci doit rester identifié au niveau local. C’est au maire de décider de l’aménagement de sa ville. Mais il faut cependant que cet aménagement rentre dans un cadre coordonné au niveau du territoire. La métropole, elle, doit être capable de donner des orientations de cohérence, c’est bien à cela que servira le Scot, dans lequel s’inscriront les PLU.

Quel est l’avenir de Paris métropole ?

Paris métropole est un syndicat mixte qui a été créé pour imaginer la métropole et jalonner le parcours de sa création. Le syndicat ne doit pas disparaître tant que la métropole n’aura pas pris une vitesse de croisière, et je pense qu’il a vocation à devenir un lieu de dialogue beaucoup plus libre que la métropole. Paris métropole peut nous aider à mieux faire fonctionner la métropole, mais il ne prendra pas de décision. J’ai d’ailleurs participé à la modification de ses statuts en ce sens.

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