Nancy Angama – Accrochée à ses rêves

Fonceuse et solaire, la charismatique Nancy Angama aide, au sein de Kyubes, les jeunes agences d’architectes à accoucher de leurs projets. 

Elle passe le plus clair de son temps à fréquenter les cocktails, à éclairer les salons professionnels de sa présence solaire, à distribuer des sourires dans les événements, à nouer des contacts : une « passion » qu’elle assume pleinement. Partout où elle passe, Nancy Angama dénote. « Au milieu d’hommes blancs de plus de 45 ans, je suis toujours la seule black, la seule meuf avec les cheveux en l’air, sourit-elle, désignant sa coupe afro. Aucun problème : je vois cette différence comme un atout… Les gens se rappellent de moi ! »

Depuis quatre ans, la jeune entrepreneuse de 40 ans dirige son agence Kyubes, dont elle a tatoué le logo – un cube déplié – à l’intérieur de son avant-bras droit. « J’aime ce qui est carré, nickel, le minimalisme, l’ordre, sans rien qui dépasse », se justifie-t-elle. Dans sa structure, Nancy vient en aide aux agences d’architecture : elle leur donne des outils pour booster leur communication, des conseils pour développer leurs créations ; elle conçoit leurs événements… En gros, elle les aide à « accoucher » de leurs projets : sans doute l’unique lien avec sa vocation initiale, celle de sage-femme.

Nancy Angama, fondatrice de Kyubes. © JGP

Car à l’origine, la jeune femme ne connaissait rien en architecture. Sa vie actuelle relève d’une succession de hasards… ou du destin. Nancy grandit sur l’île de la Martinique. Sa mère, originaire de Sainte-Lucie, ne travaille pas. Son père, qu’elle rencontre à l’âge de 20 ans, est agriculteur. A 17 ans, elle déménage à Paris pour passer un bac pro en gestion et comptabilité, puis un BTS dans la même voie. Après son diplôme, un cabinet d’architectes la recrute. Là, elle découvre un monde : « Je me demandais : mais que diable fait-on avec autant de papiers ? Mon Dieu que c’était bordélique ! Il fallait mettre de l’ordre dans cet endroit anarchique… Je m’amusais, je me sentais utile ! » Débrouillarde, elle se forme sur le tas, glanant des conseils auprès de ses homologues dans d’autres cabinets. Avec Nancy, la structure grandit : de 1 à 15 employés. Mais l’assistante de direction finit par s’ennuyer, et s’octroie de nouvelles missions – la communication, le développement. Malgré ses succès, ses employeurs la freinent dans ses envies et ne la prennent pas vraiment au sérieux. « Ils me disaient que ce n’était pas pour moi, qu’il fallait avoir fait des écoles… », dit-elle. Il en faut davantage pour décourager cette guerrière.

Maîtrise solide du coaching

Après 13 ans dans ce qu’elle a longtemps considéré comme sa « famille professionnelle », et un passage de six mois dans une jeune agence d’architecture et d’urbanisme, elle se lance dans la création de son agence de développement et communication pour les acteurs de la construction. « Je venais d’acheter mon appartement : j’étais folle de courir ce risque ! », rigole-t-elle. Son premier gros challenge ? Travailler pour l’agence DVVD pour l’inauguration du nouveau Bercy, l’AccorHotels Arena. « Je suis passée par tous les états, j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai réussi », se rappelle-t-elle. Ses atouts pour accompagner ses clients ? Une maîtrise solide du coaching et de la psychologie.

La jeune entrepreneuse hyperactive a aussi monté une maison d’édition d’art contemporain, Multiples Un, qui a notamment invité Daniel Buren, Rudy Ricciotti, Marc Barani… Après trois ans d’existence, elle a failli fermer son agence avant de décider de remettre ses priorités à plat. « J’ai commencé à travailler avec davantage de jeunes, autour de projets durables et équitables, et aussi avec davantage de femmes. Moi-même, je me sens tellement fière d’être une femme. Quelle chance ! Aujourd’hui, nous prenons notre parole et notre place dans l’espace public… C’est émouvant ! »  Anne-Laure Lemancel

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