Les deux premières éditions des appels à projets urbains innovants Inventons la métropole du Grand Paris ont notamment eu la vertu de contribuer à faire évoluer en profondeur la façon de concevoir les grands projets, a indiqué Sybil Cosnard. La fondatrice de Citylinked a également souligné quelques points de vigilance, tels qu’une tendance au copier-coller.
Après « L’inventaire des réinventer », puis « Ça déménage dans l’aménagement », Citylinked publiera prochainement un bilan des 19 appels à projets urbains innovants (APUI) lancés en France, dans le sillage des concours franciliens.
En attendant, Sybil Cosnard, qui a accompagné la Métropole pour dresser le bilan programmatique des deux premières éditions du concours, a présenté, mercredi 16 mars 2022 au Mipim, quelques enseignements tirés des deux premières éditions de la version métropolitaine de ces démarches. Un bilan chiffré, indiquant par exemple que 90 % des sites de ces APUI sont situés à moins de 10 min d’un réseau de transport en commun existant ou en projet ou que la surface de plancher de l’ensemble des 77 sites des deux premiers IMGP totalise 2,56 millions de m2. 42 000 m2 de surface de plancher concernent des espaces de coworking, 138 000 m2 des activités innovantes, 60 000 m2 des activités culturelles.
Sybil Cosnard a également souligné que les logements représentaient 39 % de ces surfaces (logements sociaux pour 16 % d’entre eux), 10 % étant destinés à des services et équipements et 51 % à de l’activité. Une tendance au copier-coller, constatée aussi dans les « Réinventer » parisiens, les terrasses végétalisées et autres espaces de coworking ayant fait florès, a été mis au jour par ce bilan. Citylinked invite par conséquent les opérateurs à davantage contextualiser leurs projets. Les APUI incitent à l’innovation programmatique, à l’image des conciergeries, épiceries solidaires et autres espaces partagés. Attention, toutefois, à l’acceptabilité de ces nouveautés par les futurs usagers, de même qu’à leur équilibre économique futur, autre point de vigilance souligné par l’étude.
Le ZAN avant le ZAN
« Les IMGP semblent avoir respecté le ZAN avant le ZAN », a poursuivi Sybil Cosnard, qui note que 30 % des projets d’IMGP 1 relèvent du recyclage urbain, chiffre porté à 39 % pour IMGP 2. « La mixité fonctionnelle est le nouvel invariant de l’aménagement », a-t-elle encore indiqué. Mais c’est bel et bien dans la constitution nouvelle de groupements d’acteurs protéiformes (investisseurs, architectes, constructeurs, bureaux d’études techniques, mais aussi start-up et associations), que réside le génie de ces appels à projets, destinés à bâtir la ville autrement, en favorisant une conception partagée, en amont, à l’échelle du quartier.