Le Commissariat général à l’investissement (CGI), instance créée par Manuel Valls, vient d’émettre un avis défavorable pour ce projet dans sa partie Orsay-Versailles.
« Alors que le projet doit être officiellement lancé vendredi prochain par le conseil de surveillance de la Société du Grand Paris (SGP), maître d’oeuvre, le Commissariat général à l’investissement (CGI), instance créée par Manuel Valls, vient d’émettre un avis défavorable pour ce projet dans sa partie Orsay-Versailles », écrit LeParisien.fr.
« Selon nos informations, le CGI préconiserait de réaliser la partie de la ligne entre Saclay et Orly mais de reporter celle entre Saclay et Versailles au-delà de 2030. Un avis que le gouvernement n’entend pas suivre pour l’instant, le Premier ministre étant bien décidé à réaliser tout de même la ligne », indique le quotidien.
« Certes, cet avis existe, mais il ne nous empêchera pas de poursuivre ce qui est lancé, confirme Philippe Yvin, président du directoire de la SGP. Il n’est pas question de découper la ligne en deux morceaux : la ligne 18, c’est Orly-Versailles et Versailles-Nanterre ensuite. Elle est justement plus rentable sur l’ensemble que sur la première portion seulement. »
« La SGP assure que les projets de développement qui accompagneront la création de la ligne, notamment à Satory et Saint-Quentin Est, vont apporter suffisamment de nouveaux logements et d’usagers qui changeront leurs habitudes pour que le métro vaille le coup d’être réalisé », poursuit Le Parisien.
Pour Philippe Yvin, au-delà même d’une « rentabilité certes un peu faible, mais calculée avec des premiers éléments de fréquentation toujours estimés à minima », la ligne 18 doit être « prête jusqu’à Saint-Quentin-en-Yvelines pour 2024 », le président du directoire y voyant un « argument de plus pour l’obtention des Jeux olympiques ».
Après l’adoption par le conseil de surveillance de vendredi 13 novembre, du dossier d’investissement, l’enquête publique pour la ligne 18 devrait avoir lieu au premier semestre 2016.
L’autorité environnementale demande des précisions
Par ailleurs, l’Autorité environnementale du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), s’est réunie le 21 octobre 2015 à Paris. La ligne 18 (tronçon Aéroport d’Orly-Versailles Chantiers), ligne verte du réseau de transport public du grand Paris (78, 91, 92 et 94), figurait à son ordre du jour.
« Le projet soumis à l’avis de l’AE par la Société du Grand Paris, maître d’ouvrage, porte sur la création, sur 35 km, de la ligne 18 du métro parisien depuis la station « aéroport d’Orly » vers le plateau de Saclay dans une première phase, puis jusqu’à la station Versailles Chantiers dans une seconde, rappelle en préambule l’autorité environnementale. Cette ligne, dite « ligne verte », s’insère sur le territoire des départements des Yvelines (78), du Val-de-Marne (94), de l’Essonne (91) et des Hauts-de-Seine (92). Ce projet comporte une portion importante en viaduc et concerne, pour une part non négligeable, des territoires n’ayant pas fait l’objet, à ce jour, d’une urbanisation dense. A ce titre, il est intimement lié à des développements urbains en cours ou prévus, en particulier sur le plateau de Saclay (gares de Palaiseau, d’Orsay-Gif, de Saint-Quentin Est et de Satory). Le montant annoncé des investissements est d’environ 3,1 milliards d’euros HT (matériel roulant inclus) ».
L’examen de l’étude d’impact conduit l’AE à trois constats :
- « l’essentiel des enjeux environnementaux locaux du projet, bien que potentiellement importants, n’apparaissent pas, pour la partie souterraine, supérieurs à ceux des nombreuses lignes de métro déjà réalisées, et leur bonne prise en compte relève de solutions techniques connues ; les incertitudes qui subsistent au stade actuel pourront cependant affecter le coût global du projet, et sa rentabilité économique telle qu’évaluée dans le dossier ;
- par contre, à ce stade, le dossier n’a pas suffisamment pris en compte les enjeux spécifiques à la partie aérienne et des précisions doivent être apportées dans un complément du dossier dès la présente enquête publique ;
- les enjeux environnementaux globaux ou indirects du projet portent principalement sur la dynamique dans laquelle il s’inscrit en matière d’urbanisation et d’émissions de gaz à effet de serre ; dans les deux cas, les effets du projet sont présentés comme positifs à long terme par rapport à la référence sans projet. Il est cependant surprenant que l’analyse en matière de « développement urbain » soit semblable à celle déjà fournie pour les précédentes lignes du GPE, alors que le contexte de la ligne 18 est très spécifique et que les deux contrats de développement territorial (CDT) des territoires traversés par la ligne fournissent, sur ces thèmes, des évaluations dont les conclusions ne viennent pas confirmer celles présentées dans la présente étude d’impact », souligne l’AE.
En conséquence, l’autorité environnementale formule des recommandations et demande des précisions sur :
- « les impacts directs et induits du projet sur l’occupation des sols, notamment à proximité des gares, les déplacements, les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre, les hypothèses et scénarios retenus pour les évaluer n’étant pas suffisamment justifiés et explicités, et la présentation retenue ne permettant pas d’isoler clairement les impacts spécifiques du présent projet ;
- les nuisances générées par les travaux (emprises des aires de chantier, bruit, pollution de l’eau, etc.), notamment sur la partie aérienne, qui ne sont pas, en l’état actuel, suffisamment décrites ;
- les modalités d’évacuation des déblais du chantier, et notamment le choix du mode d’évacuation des déblais du puits d’entrée du tunnelier de Satory en précisant notamment le statut du schéma directeur d’évacuation des déblais ;
- la description de la partie aérienne et de ses impacts, notamment sur les thématiques du paysage et de la biodiversité. Par ailleurs, l’AE recommande :
- la définition et la mise en œuvre d’une méthode de suivi des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par le projet, et sa comparaison régulière avec les prévisions présentées ;
- la prise en compte du « développement territorial » sur chaque domaine de l’environnement pour déterminer l’ensemble des impacts du projet, à l’instar de ce qui est présenté pour les émissions de GES ;
- l’articulation et la cohérence de l’évaluation du projet avec les éléments issus des évaluations environnementales des contrats de développement territoriaux (CDT) du territoire traversé ;
- la présentation des modalités d’information des riverains et usagers en phase de chantier ».
Consultez l’intégralité de l’avis de l’autorité environnementale.