Les immigrés actifs deux fois plus nombreux en Ile-de-France

Dans la région francilienne, les immigrés qui travaillent sont deux fois plus nombreux qu’en province, selon une étude de l’Insee. Ils sont majoritairement employés dans les services à la personne, aux collectivités ou bien dans le BTP.

Les immigrés franciliens exercent des métiers peu qualifiés, aux conditions de travail difficiles. Les résultats d’une étude que l’Insee a publié le 27 octobre 2022, et qui repose sur le recensement de 2018, permettent une lecture plus fine de la répartition géographique et de la nature des emplois des personnes étrangères en fonction de leur pays d’origine.

Les immigrés en emploi travaillent essentiellement dans les services à la personne, aux collectivités, aux entreprises, dans le BTP, l’hôtellerie ou la restauration.© Jgp

En 2018, 1,5 million d’immigrés travaillent dans la région francilienne, et représentent 22 % de l’ensemble des actifs, contre 4 % dans les Pays de la Loire, en Normandie ou en Bretagne, 7 % à Lille, entre 10 % et 12 % à Strasbourg, Lyon ou Grenoble. En Ile-de-France, ils résident majoritairement en Seine-Saint-Denis (37 %), département où ils sont également les plus nombreux à occuper un emploi – 28 % y travaillent, contre 17 % en Seine-et-Marne.

En première ligne

Les immigrés en situation d’emploi travaillent essentiellement dans les services à la personne, aux collectivités, aux entreprises, dans le BTP, l’hôtellerie ou la restauration. Ils sont en majorité ouvriers (24 %) ou employés (32 %). Ils exercent des métiers à faibles qualifications où le travail est pénible, répétitif et les horaires décalés. En somme, là où les employeurs ont du mal à recruter. Mais ce sont aussi des métiers essentiels pour le bon fonctionnement d’un territoire, qu’on a appelé « de première ligne » pendant la crise sanitaire, à l’image du travail des agents de propreté.

Les immigrés sont surreprésentés dans les métiers où la mixité n’est pas observée. De plus, au sein d’un même métier, ils se spécialisent en fonction du sexe. A titre d’exemple, si la probabilité qu’un emploi d’agent d’entretien soit occupé par un homme est faible parmi les non-immigrés (35 %), elle est encore plus faible chez les immigrés (28 %). A l’inverse, la probabilité qu’une femme travaille comme ouvrier non qualifié du gros œuvre du bâtiment est de 17 % chez les non-immigrées et de seulement 5 % chez les immigrées.

Peu de cadres, sauf les patrons de café

Un peu plus de la moitié des travailleurs immigrés franciliens vient du continent africain, un quart d’Europe, 18 % d’Asie et 6 % d’Amérique ou d’Océanie. Ils sont très peu présents – 5 % – dans des métiers requérant la nationalité française, comme l’armée, la police nationale, les pompiers. Ils ne sont que 9 % parmi les cadres ou les professions administratives intermédiaires de la fonction publique, 9 % parmi les professionnels du droit. Globalement, ils accèdent rarement aux métiers qualifiés, à l’exception des patrons ou des cadres d’hôtels, cafés et restaurants, des professionnels de la politique ou du clergé (un tiers de ces actifs sont immigrés).

Globalement, les immigrés accèdent rarement aux métiers qualifiés, à l’exception des patrons ou des cadres d’hôtels, cafés et restaurants, des professionnels de la politique ou du clergé.© Jgp

La répartition professionnelle des travailleurs immigrés dépend de leur pays d’origine. Ainsi, les 330 000 natifs du Maghreb travaillent dans leur grande majorité comme conducteurs de véhicules, agents d’entretien, agents de gardiennage ou de sécurité. Cependant, 9 % des travailleurs nés en Tunisie, exercent un métier qualifié d’ingénieur en informatique. Les natifs du Portugal (130 000) sont présents dans les services aux entreprises (nettoyage, sécurité) et dans le BTP. Les travailleurs nés en Italie (23 000) ou en Espagne (17 000) sont davantage qualifiés et souvent cadres du bâtiment.

Les différences s’atténuent chez les jeunes

Au sein des jeunes actifs franciliens (25 à 34 ans), les écarts de qualification sont moindres. Les jeunes immigrés possèdent bien plus souvent que leurs aînés des diplômes de haut niveau – ils sont 37 % à avoir un bac+5, comparé aux 39 % pour les non-immigrés. En province, ils sont 24 % à ce niveau d’études, contre seulement 17 % des jeunes actifs non-immigrés.

Au-delà de cette note positive, force est de constater que les immigrés parviennent plus difficilement à trouver un emploi en fonction de leur qualification : en Ile-de-France, 40 000 immigrés ayant fait cinq années d’études supérieures occupent des postes d’ouvrier ou d’employé.

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