Le Grand Paris des écrivains : quand l’image répond au texte, l’histoire à l’intime

Les deux saisons du Grand Paris des écrivains, à voir sur le site du Pavillon de l’Arsenal, ce sont 20 courts-métrages sur des rues, des quartiers, des villes de Paris et de sa périphérie, racontés à travers des textes sensibles lus par leurs auteurs et mis en images par la très poétique caméra de Stéfan Cornic.

Ce sont sans doute les tours des Pyramides, boulevard Vincent Auriol, Paris 13e (Chéops, Chéphren et Mykérinos), filmées à la levée ou la tombée du jour, pour illustrer « Seul événement sur la ligne d’horizon », de Nina Léger, ou le cimetière du Père Lachaise, de Camille Laurens, qui illustrent le mieux l’étendue du savoir-faire et le talent poétique de Stéfan Cornic.

Le cimetière du Père-Lachaise, de Camille Laurens. © Jgp

Les 20 courts-métrages sont à voir sur le site du Pavillon de l’Arsenal. © DR

Le réalisateur, historien de l’art de formation, suit scrupuleusement les textes des auteurs qui se sont prêtés à l’exercice, illustrant presque mot à mot les propos des écrivains lus par eux-mêmes, alternant souvenirs intimes et histoire des lieux. Les images de La Défense, et singulièrement de la Grande arche, édifice à l’histoire effarante racontée par sa meilleure spécialiste Laurence Cossé, sont également renversantes de beauté.

La nostalgie d’un Paris « massacré »

Dans cette série coproduite par Année zéro et Le Pavillon de l’Arsenal, en partenariat avec Télérama et Enlarge your Paris, pointe la nostalgie d’un Paris « massacré », selon les mots de Régine Robin, qui décrit, dans « Je me souviens d’un coin perdu », son inconsolable regret de la disparition de la rue Vilin et de ses alentours, qui ont laissé place au parc de Belleville. Même nostalgie amère et même justesse des images pour la destruction du quartier de la place des Fêtes, dans « L’ennemi végétal », de Julia Deck.

Sublimes également sont le texte et les images du bassin de la Villette et du Canal de l’Ourcq (« Dans la ville écluse » de Maylis de Kerangal), ou de Fontenay-aux-Roses et de son petit escalier reliant les rues Boucicault et Ledru-Rollin (Alice Zeniter). On pourrait citer aussi le très beau texte de Pierre Assouline, qui apprit la vie et assista chaque week-end à l’édification du quartier de La Défense en pratiquant l’aviron, les très rohmériennes Arcades-du-Lac de Saint-Quentin-en-Yvelines (Emmanuelle Pireyre), la Porte d’Orléans de Marie Darrieussecq ou « Le dernier trajet de Roland Barthes », de Laurent Binet. En réalité, ces 20 courts-métrages sont autant de bijoux, valant toutes les leçons d’urbanisme, la poésie en plus.

 

Regardez les deux saisons sur le site du Pavillon de l’Arsenal.

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