Le Pavillon de l’Arsenal accueille, à partir du 25 novembre 2021 et jusqu’au 27 février 2022, l’exposition TerraFibra qui met en avant ces matériaux biosourcés, à la fois ancestraux et d’avenir.
Pisé, terre coulée, bauge, adobe, torchis, paille, chanvre, bambou, roseau… Sans provoquer dans ce pays du tout béton qu’est la France mais en faisant preuve de pédagogie, « TerraFibra architectures » vise à mettre en avant l’existence d’autres techniques et matériaux pour construire des bâtiments de manière plus durable et plus frugale.
Située au dernier étage du Pavillon de l’Arsenal à Paris, l’exposition dévoile les 40 bâtiments finalistes du premier prix mondial des architectures contemporaines en terre crue et/ou en fibres végétales à travers des photographies, des dessins techniques et des prototypes échelle 1 qu’il est permis de toucher afin de découvrir les qualités organiques de ces matériaux.
Paris capitale du biosourcé ?
La découverte des nommés à ce concours permet de réaliser un tour du monde (Inde, Chine, Thaïlande, Espagne, Bénin…) qui, pour le volet fibres végétales, passe par… le Grand Paris. Ce ne sont ainsi pas moins de quatre projets franciliens qui ont été retenus. A commencer par le remplissage, en 2021, des murs en chaux de-chanvre pour une résidence de neuf niveaux à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), ce qui constitue une première en France, voire en Europe. Le squelette en béton armé du bâtiment est ainsi cinq fois mois lourd que des voiles de béton avec isolation rapportée. Si la chènevotte utilisée ici vient de l’Aube, la commissaire de l’exposition Dominique Gauzin-Müller indique que des « filières locales se développent depuis en Seine-et-Marne et dans le Gâtinais ».
Autre réalisation finaliste localisée en Ile-de-France : la rénovation thermique en 2016 d’un immeuble ancien dans le 14e arrondissement de Paris par le ravalement des façades sur cour et une isolation par l’extérieur en chaux-chanvre projeté. « Cette technique a réduit les déperditions thermiques de plus de 50 %, tout en permettant de reproduire à l’identique les ornementations originelles de la façade. Le très bon rapport poids-performance a permis d’équilibrer le budget car il a évité des reprises structurelles », a expliqué Dominique Gauzin-Müller.
La Ferme du rail, dans le 19e arrondissement de Paris, première réalisation en 2019 de l’appel à projets « Réinventer Paris » 1, propose une isolation en paille pour deux constructions en bois qui encadrent le potager. Enfin, le centre de loisirs Jacques Chirac, construit en 2020 à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), innove avec des murs en botte de paille porteuse sur deux niveaux avec enduit chaux-sable à l’extérieur et terre-plâtre à l’intérieur.
La terre coulée, le futur béton
S’il n’existe pas de constructions franciliennes dans la partie de l’exposition consacrée aux techniques de construction en terre crue, la réalisation à grande échelle de bâtiments dans ce matériau en région parisienne n’est en rien impossible selon la commissaire de l’exposition. Dominique Gauzin-Müller privilégie alors la technique de la terre coulée dans des banches, comme un béton de ciment. Mais pour que la prise se fasse, il faut encore utiliser entre 3 % et 5 % de ciment. « La terre coulée est une technique relativement récente. Plusieurs centres de recherche travaillent sur des adjuvants qui permettraient de ne plus avoir du tout recours au ciment. Mais une solution devrait rapidement être trouvée. A partir de là, toute entreprise qui sait faire du béton de ciment saura faire du béton d’argile. C’est une manière de massifier rapidement la construction en terre crue. Un des autres avantages de cette technique est que c’est la terre du site qui est utilisée. »
TerraFibra architectures, du 25 novembre 2021 au 27 février 2022 au Pavillon de l’Arsenal, 21 bd Morland, Paris 4e, pavillon-arsenal.com.