Un collectif d’une cinquantaine de personnalités issues du monde culturel, politique et économique, milite depuis deux ans pour porter une candidature originale – celles des banlieues parisiennes – au rang de Capitale européenne de la culture en 2028.
« J’ai grandi à Bondy, à Vaujours, j’ai habité à Argenteuil et je suis aujourd’hui installé à Pantin. Et partout j’ai retrouvé un fourmillement de projets culturels qui ne sont pas assez mis en valeur », confie Antoine Cochain, producteur de projets artistiques et urbaniste culturel. Cette frustration le conduit à lancer, voici deux ans, une idée audacieuse : permettre aux banlieues parisiennes de devenir Capitale européenne de la Culture en 2028. Depuis, il a été rejoint par une cinquantaine d’acteurs culturels, politiques et économiques au sein du collectif Banlieue Capitale 2028, qui prépare, dans une effervescence grandissante, cette candidature très particulière.
Révéler des talents
« Les banlieues, c’est un chaudron culturel », illustre Vianney Delourme, responsable du développement d’Enlarge Your Paris et membre du collectif. Mais le feu qui y brûle éclaire et réchauffe trop peu de monde : les habitants, quelques connaisseurs. C’est pour redonner à ces talents excentrés et peu visibles tout le prestige qu’ils méritent, que le collectif se mobilise et sillonne l’Ile-de-France.
Il a déjà emporté l’adhésion de 50 villes et espère en rassembler 80 d’ici avril. Les collectivités candidates devront s’engager financièrement pour voir la candidature aboutir à la fin de l’année 2022, date limite pour le dépôt des dossiers.
Repenser la centralité
Habituellement, la Capitale européenne de la culture met en lumière une seule ville. Cependant, Lille avait associé 194 communes en 2004, et Marseille, le territoire de la Provence en 2013. S’inspirant de ces modèles, Banlieue Capitale 2028 espère choisir une ville parmi les nombreuses candidates et y associer d’autres communes de l’Ile-de-France. « Nous voulons insister sur la dimension de la coopération entre les collectivités, entre les acteurs culturels, qu’ils soient institutionnels ou associatifs », observe Françoise Billot, une des leaders du collectif. C’est tout le rapport entre le centre et la périphérie qui doit être repensé à la lumière de la crise sanitaire qui voit l’exode des habitants des métropoles vers des espaces plus vastes, plus verdis. « La crise rebat les cartes. Or, dans notre candidature, il s’agit de se projeter et d’imaginer la réalité à l’horizon de 2030 », précise Vianney Delourme.
Elargir la notion de culture
Dans son projet, le collectif entend élargir la notion de culture au-delà des projets et des œuvres artistiques à proprement parler, et y inclure la gastronomie, le paysage, l’histoire de l’immigration. « En plus des artistes, on espère embarquer des agriculteurs, des cuisiniers, des paysagistes, des scientifiques », détaille Vianney Delourme. Et à cette occasion, l’enjeu serait de mettre au centre du projet la transition écologique, la lutte contre le changement climatique.