Invité d’un webinaire de Top management France, Alexandre Missoffe, directeur général de Paris-Ile de France Capitale Economique, a rappelé l’ambition initiale du projet du Grand Paris et listé les conditions de sa réussite.
Membre du cabinet de Christian Blanc, alors secrétaire d’Etat au Développement de la région Capitale, puis chargé de l’argumentaire du débat public à la Société du Grand Paris, Alexandre Missoffe, actuel directeur général de Paris-Ile de France Capitale Economique, a rappelé, vendredi 9 avril au matin lors d’un webinaire, les fondamentaux du projet. « L’intention du Grand Paris de Christian Blanc, secrétaire d’Etat au Développement de la région Capitale, s’articulait autour des écosystèmes d’innovation et d’échanges, de biens, d’idées et de talents », a-t-il souligné. A l’image d’Alexandrie, de Carthage, de Séville ou de Liverpool, il a rappelé que le monde s’est, de tous temps, organisé autour de quelques nœuds centraux.
« A Alexandrie, ce sont trois infrastructures, une tour pour guider les navires, des entrepôts pour stocker les marchandises et la bibliothèque à laquelle chaque bateau entrant dans le port devait livrer deux manuscrits, qui ont fait la prospérité de la ville, favorisant une convergence des talents, créatrice de valeur », a-t-il résumé. « Aujourd’hui, alors que les 150 millions d’ouvrages de la bibliothèque du congrès américain de Washington sont disponibles depuis un ordinateur, cette création de pôle d’échanges est-elle toujours d’actualité ? Affirmatif », répond Alexandre Missoffe.
A l’exemple de la conception du premier Iphone : « Elle repose sur trois innovations, a-t-il souligné : la géolocalisation, l’écran multitouch et le système IOS. Les trois ont été rendues possibles par des inventions réalisées à Paris-Saclay… », a-t-il rappelé, ajoutant que si les chercheurs français avaient coopéré davantage, l’invention d’Apple aurait pu être hexagonale.
Effacer le périphérique
« Paris seule, intra-muros, ne pourra pas durablement briller d’autre chose que de sa lumière passée », a poursuivi le DG de PCE. Bâtir le Grand Paris, c’est donc capitaliser sur les talents de la métropole dans son ensemble, effacer le périphérique, miser sur l’économie de la connaissance en favorisant la fertilisation croisée.
Dans cet esprit, la qualité de vie parisienne constitue un des atouts du projet, un de ses éléments différenciants. Une qualité de vie intégrant, plus que jamais, la transition écologique. « Désormais, les investisseurs internationaux comparent les indices de qualité de l’air avant de choisir l’implantation de leur entreprise », a-t-il fait remarquer.
Alexandre Missoffe est revenu sur l’histoire de la petite équipe chargée de construire l’ensemble du projet, de 2008 à 2010. Avec la certitude, partagée par Nicolas Sarkozy et Christian Blanc, selon laquelle la vision doit précéder les projets, qui doivent prédominer sur la gouvernance. Le secrétariat au Développement de la région Capitale dessine les clusters – le terme a changé de sens depuis – du Grand Paris polycentrique : Saclay pour la recherche et l’innovation, La Défense pour la finance, la Vallée de la Bièvre pour la médecine, le Bourget pour l’aviation, etc., avec des signatures économiques fortes. Reste alors à en convaincre les élus eux-mêmes, parfois réticents à une telle spécialisation, à l’instar d’un Patrick Braouezec, alors président de Plaine Commune (Seine-Saint-Denis), pas forcément ravi de voir son territoire cantonné à être celui de la création. « La vision de Christian Blanc était que si ces différents pôles étaient reliés par un métro, la fertilisation croisée des acteurs marcherait à plein », poursuit Alexandre Missoffe.
« La SGP a réussi à créer l’irréversible »
Le conférencier est revenu sur les différents outils créés ensuite pour mettre en œuvre le projet et assurer sa pérennité : loi relative au Grand Paris du 3 juin 2010, création des contrats de développement territorial (CDT), d’un établissement public dédié à la réalisation du métro automatique, la Société du Grand Paris, avec une fiscalité affectée, ainsi que d’un établissement public d’aménagement pour Paris-Saclay.
Si les CDT n’ont pas prospéré et que les ambitions de construction de logements n’ont pas été atteintes, « la SGP a réussi à créer l’irréversible, le projet de métro automatique sera réalisé. Paris-Saclay est également parvenu à faire de son territoire un véritable pôle de développement et de croissance », a indiqué Alexandre Missoffe. Ce dernier a évoqué néanmoins la tentation toujours présente du côté de Bercy de rogner sur le projet, afin d’en réduire le coût, qui plus est alors que le déficit public s’est accru avec la pandémie. « Avec le Grand Paris, a-t-il conclu, la France a envoyé au monde le message d’un peuple qui croit en son propre avenir, qui a de l’ambition, et qui la tient ». Ce n’est donc pas le moment de mollir.
A l’heure de l’essor de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), le DG de Paris-Ile de France Capitale Economique a rappelé que l’inclusion, comme la mixité, constituaient des conditions de l’attractivité de la région Capitale. « Nous portons encore le boulet des émeutes de 2005″, a-t-il fait valoir. A propos de la mixité, Alexandre Missoffe a rappelé les différentes actions entreprises par PCE à ce sujet, qu’il s’agisse du baromètre de la mixité dans les organes de décision politiques et économiques, ou du prix de l’entrepreneuriat féminin dans le Grand Paris, qui sera prochainement décerné.