RTE, en partenariat avec l’Ademe, étend à l’ensemble du territoire le dispositif Ecowatt. Il permet à la fois d’être alerté en cas de pic de consommation et d’être conseillé sur les gestes simples à faire pour réduire sa consommation.
« Si chaque foyer éteint une ampoule, cela représente 600 MW de consommation d’électricité effacée, soit l’équivalent d’un quart de la consommation de Paris », résume Nathalie Lemaitre, déléguée régionale Ile-de-France et Normandie de RTE. Tout l’intérêt d’Ecowatt, le site internet dont RTE et l’Ademe assurent la promotion à l’entrée de l’hiver, réside dans le fait qu’il ne se contente pas de signaler le niveau de consommation d’électricité, instantané et pour les prochains jours, mais délivre également, grâce à l’Ademe, des conseils simples pour réduire sa consommation.
« Compte tenu du confinement du printemps dernier, la maintenance des centrales nucléaires françaises n’a pu être effectuée dans des conditions habituelles. La vigilance, à l’approche de l’hiver, s’impose donc », poursuit Nathalie Lemaitre (voir ci-dessous). En l’espèce, les prévisions météorologiques actuelles n’indiquent pas d’avis de grand froid avant Noël. « Mais la situation pourrait être plus difficile en février, alors que 13 centrales devront être arrêtées, contre 3 ou 4 en temps normal », poursuit-elle. Ce sera le moment d’utiliser à plein Ecowatt afin d’être prévenu, par mail ou SMS, de l’arrivée d’un pic de consommation et de la nécessité d’appliquer ces gestes barrières pour éviter les coupures.
Eteindre la lumière
Baisser la température à 16 ou 17° quand on n’est pas chez soi, décaler l’utilisation des appareils électroménagers, éteindre les lumières dans les pièces inoccupées…, autant de gestes simples décrits sur Ecowatt et recommandés par ailleurs quel que soit l’état de la production d’électricité du pays. « L’Ile-de-France, qui totalise 15 % de la consommation française, est naturellement concernée en premier lieu », souligne Nathalie Lemaitre.
« Chacun de nous à un rôle à jouer. A l’approche d’un hiver sous vigilance du fait de la crise sanitaire, Ecowatt permettra à chaque Français de s’engager pour assurer la bonne alimentation de tous en électricité », souligne Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE. « Au travers d’outils comme Ecowatt, l’Ademe propose de nombreux conseils faciles à mettre en place et à la portée de tous pour aider les Français à réduire leur consommation d’électricité, indique Arnaud Leroy, président-directeur général de l’Ademe. Les particuliers peuvent également être accompagnés gratuitement par des conseillers du réseau FAIRE pour découvrir les solutions les plus efficaces à mettre en place dans leur logement », ajoute-t-il.
A chaque instant, sur le site www.monecowatt.fr, des signaux clairs (de vert à rouge) guident le consommateur pour adopter les bons gestes à domicile ou sur le lieu de travail. Lorsque la consommation des Français est trop élevée, une alerte SMS « vigilance coupure » est envoyée pour inciter chaque citoyen à réduire ou à décaler sa consommation. A terme, Ecowatt doit également donner davantage de moyens aux citoyens pour accompagner la transition énergétique, par exemple en indiquant les moments opportuns pour recharger sa voiture électrique et profiter d’une production d’électricité renouvelable forte. Ecowatt est ouvert à tous ceux – particuliers, entreprises, collectivités, etc. – qui souhaitent s’associer à ce dispositif et être parties prenantes d’une consommation responsable.
Des prévisions plus optimistes qu’en juin
Après des présentations très pessimistes effectuées en juin et septembre dernier, RTE a tenu à rassurer, lors d’une conférence de presse, sur les capacités de production d’électricité française pour faire face à la période hivernale, compte tenu de la pandémie.
Les équipes du réseau de transport d’électricité (RTE) ont tenu leur traditionnelle conférence de presse sur la sécurité d’approvisionnement en électricité durant l’hiver 2020-2021 le 19 novembre 2020, en présence de Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, Maïté Jauréguy, directrice data et innovation, Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective, et Jean-Paul Roubin, directeur de l’exploitation.
« Nous pouvions observer au mois de juin un début d’hiver très difficile car la capacité nucléaire projetée était au plus bas mais, grâce aux efforts collectifs, nous avons réussi à gérer le début de la période hivernale. C’est pourquoi nous sommes plus sereins pour le mois de décembre par rapport à ce que nous prévoyions en juin », a précisé Xavier Piechaczyk.
Ainsi, la disponibilité envisagée en novembre est « significativement supérieure » à celle envisagée en avril. En effet, les réacteurs nucléaires dont le retour de disponibilité était annoncé en octobre, novembre et décembre sont revenus dans les temps, voire en avance.
Plusieurs leviers ont été mis en place grâce à la mobilisation des acteurs de l’énergie pour jouer sur la consommation. L’Etat a demandé à RTE d’augmenter sa capacité d’effacement soutenu. Elle est doublée pour 2021 afin d’obtenir 1 500 GW pour 2021. Le dispositif Ecowatt, disponible depuis 2010, est aujourd’hui généralisé à toute la France.
Du côté de la production nucléaire. « Les arrêts réguliers et nécessaires pour des raisons de maintenance technique ou de recharge du combustible ont pu être réorganisés, a expliqué Xavier Piechaczyk. Nous avons arrêté des réacteurs cet été pour qu’ils conservent leur combustible. Nous avons donc dû faire appel à d’autres moyens, que ce soit le charbon ou l’import, pour conserver nos réacteurs cet hiver. Je tiens à remercier EDF pour les efforts consentis sur les arrêts de tranche ».
En ce qui concerne la production hydraulique, les stocks d’eau sont au plus haut depuis 10 ans grâce à une saison favorable. « L’image de l’hiver est nettement plus favorable qu’en juin dernier, mais nous maintenons notre vigilance covid-19 du fait des risques qui subsistent pour certains mois de l’hiver », a expliqué le président du directoire. Actuellement la consommation projetée est en retrait de 5 % par rapport à une année normale du fait du reconfinement. Un chiffre qui tournait autour – 2 % et – 3 % depuis le mois de septembre. Autre donnée encourageante pour cet hiver, la probabilité d’une vague de froid durable dans les 45 prochains jours est jugée « plutôt faible » par Météo France.
Le mois de décembre apparaît donc comme « plus serein que prévu », grâce à un meilleur potentiel nucléaire.
En janvier, le « cœur de l’hiver », le risque est semblable aux années précédentes qui n’étaient pas totalement sécurisées. EDF a annoncé la disponibilité de nouveaux réacteurs nucléaires, ce qui représente 5 gigawatt supplémentaire pour atteindre une production comprise entre 50 et 55GW. Au total, 6 réacteurs doivent être remis à niveau d’ici janvier. Mais subsistent des incertitudes sur la météo. « Une vague de froid importante nous mettrait en difficulté car les capacités de production sont dans une forme basse, a contrario, il n’y a rien à signaler si les températures restent normales », indique le président du directoire. Qui plus est, si la consommation stagne à – 5 %, « nous serons en janvier dans une zone de risque normale, cependant réelle, comme l’an passé », poursuit-il.
De fin janvier à début février, « un point de tension ». La vigilance sera accrue puisque 10 GW de production seront à l’arrêt à cause de la crise sanitaire et du report de certains arrêts de fin février à fin janvier. « Nous connaissons un allongement ponctuel sur certains réacteurs qui sont concernés par un arrêt atypique, précise Thomas Veyrenc. Cinq réacteurs sont suivis de manière particulière et quatre d’entre eux (2 à Bugey, 2 à Flamanville), ont bénéficié d’allongement. Ce qui nous a conduit à dégrader notre disponibilité nucléaire en janvier et à renforcer le risque ». Une période qui posera donc un problème en cas de vague de froid intense combiné à une absence de vent.
En février, le constat est similaire, le risque sera accru par rapport aux années précédente à cause d’une capacité de production inférieure. « Le risque en février n’a pas bougé, c’est toujours une période sur laquelle la disponibilité du nucléaire demeure inférieur au niveau tendanciel », poursuit Thomas Veyrenc.
Plusieurs leviers en cas de vague de froid
Si une vague de froid importante touche la France, RTE a présenté plusieurs leviers pour y faire face :
- Les écogestes, qui permettraient de récupérer plusieurs centaines de MW.
- L’interruption de 18 sites industriels, parmi les plus gros consommateurs nationaux, pour aller chercher 1 400 MW.
- Une baisse de tension de 5 % sur le réseau de distribution, qui implique une baisse « quasi imperceptible » de la performance des appareils électriques dans les foyers ou les entreprises et permet d’aller chercher entre 3 000 et 4 000 MW.
- En dernier recours, des coupures locales temporaires et maitrisées, prévues par le droit français. Elles prendraient la forme de coupure tournante de 2 heures maximum, en protégeant les établissements sensibles comme les hôpitaux.
« Nous avons incité les centrales nucléaires à s’arrêter en été pour conserver du combustible et se préserver pour l’hiver, la disponibilité du parc nucléaire français étant réduite, mécaniquement nous avons dû faire appel à d’autres moyens de production mais le recours au charbon n’a pas pour autant explosé, a ajouté Xavier Piechaczyk. La proportion de charbon dans la production nationale est restée faible, comparable à celle de 2019. Depuis 2015, l’appel au charbon est en décroissance, nous avons même divisé par 8 à 10 son utilisation depuis 2017 », a expliqué le président du directoire. A titre d’exemple, le charbon a produit 10 TW en 2017 contre 0,9 TW en 2020. Mais le charbon est encore nécessaire pour l’ouest de la France notamment. Qui plus est, si le charbon a été utilisé en 2020, c’est aussi parce que son prix était compétitif.